Petite période d'absence, je reviens vous raconter l'acte final de toute cette histoire.
Petit rappel : Lundi j'ai dit à la copine de mon voisin ce qui s'était passé entre nous et elle m'avait demandé de le "surveiller", de ne pas le repousser si il venait me voir. J'ai réfléchi, et en partie grâce à vous, j'ai demandé à lui parler le lendemain. Je lui ai expliqué que je ne ferai pas ce qu'elle m'avait demandé, parce que je ne trouvais pas ça sain. Pour elle, parce qu'elle passerait sa relation avec lui à attendre un texto de ma part, parce que s'il le découvrait il serait vexé. Et aussi parce que je veux juste les laisser entre eux, ne plus intervenir dans cette histoire et les laisser se débrouiller. Je veux tourner la page, ne plus y penser.
Elle m'a comprise. Mais elle avait l'air tellement blessée quand elle parlait de lui, ça me faisait du mal de la voir comme ça. Elle s'est un peu confiée, parce qu'il y avait eu une autre fille, parce que ce n'était pas la première fois et qu'elle était attachée. Elle m'a même demandé si il avait parlé d'elle, et j'ai pas eu le courage de lui dire. Oui, il avait parlé d'elle. Comme de son plan cul. Et il a surtout parlé des autres filles avec qui il y avait une "tension sexuelle" d'après lui. Des autres filles qu'il se taperait bien si ça ne briserait pas leur amitié. De la manière incroyable qu'il avait de faire l'amour.
J'ai pas eu le courage putain. Je n'ai vu que du désespoir, dans la manière dont elle a rit nerveusement après sa question, comment son regard me scrutait avec espoir, et comment son sourire ne montait pas jusqu'à ses yeux. Elle avait l'air de réaliser à quel point ce n'était pas bon, que ce n'était pas sain, mais avec l'acceptation résolue des sacrifiés. Je suppose que c'est ça l'amour. Tout donner, se mettre à nu avec la certitude qu'on en bavera. Peut être qu'elle a vu que j'avais pitié d'elle, parce que je voulais juste la prendre dans mes bras et lui promettre que tout irait mieux. J'y pense aujourd'hui, deux jours après, et ça me fait encore mal. Je voulais juste que ça se résolve, ne plus voir son air blessé et vulnérable, plus ce sourire de circonstance, pour la façade. Je ne la connais pas, mais je crois que si je m'étais écoutée je l'aurai serrée dans mes bras.
Je lui ai souhaité du courage. Je l'ai regardée dans les yeux, je voulais qu'elle sente que je comprenais. Et puis je lui ai dit au revoir, je savais bien que je ne lui reparlerai plus, et j'avais l'impression d'abandonner une biche agonisante sur le côté de la route. Je ne sais pas. Peut être que je tourne tout ça à la mélancolie. Mais je crois que j'oublierai pas de sitôt ce regard meurtri et toute cette putain d'espérance, et cette question fébrile, sans se soucier de sembler pathétique, parce qu'il n'y avait pas plus important à cet instant que d'obtenir l'assurance qu'il avait pensé à elle, même un peu, quitte à demander à la fille avec qui il l'avait blessé.
Je me sens triste en y repensant. Parce qu'il n'y croit pas, pas aussi fort qu'elle. J'espère de tout mon coeur qu'elle ne sera pas trop brisée. J'avais l'impression d'être dans ces films où on regarde partir les hommes en mer, depuis un quai, avec la certitude de les voir tous condamnés, mais sans ne pouvoir rien faire ou dire pour les empêcher.
Je me sens un peu ridicule d'être aussi touchée. Après tout, je ne lui ai parlé que dix minutes, peut être pas de quoi dresser un tableau complet de ses sentiments. Mais elle m'a ému, par sa vulnérabilité évidente et son angoisse contenu. Peut être que tout ne sera pas comme je le pense, et j'espère me tromper.
C'est fini pour moi tout ça. Et c'est tant mieux. Je ne veux pas être comme ça, pas pour quelqu'un qui ne le mérite pas. Il est trop brisé. Je sais que ça me fera toujours un truc de le voir, parce qu'on ne peut pas passer autant de temps à imaginer les possibilités avec quelqu'un sans être troublé en sa présence. Aussi égoïste que ce soit, je préfère me dire qu'il vaut mieux que ce soit elle que moi. Et j'espère qu'il finira par ressentir quelque chose.