Je te cite mais je reprends aussi des trucs que j'ai lu et qui ne venaient pas de toi.
Si justement. Il y a apparemment plusieurs personnes que les lesbiennes butch considèrent comme des icones qui sont progressivement réécrites comme étant en fait des hommes trans "mais à l'époque on ne connaissait pas le terme". Les articles que j'ai lu parlaient de Stormé Delaverie et de Missy (une amante de Colette) notamment.
Et bien sûr que ce problème ne vient pas du fait que les hommes trans se sont battus pour être reconnus. Bien sur que non. Par contre, le soucis ne semble pas venir de personnes "non woke" qui ne connaissent rien à ces problématiques, mais plutôt de personnes ayant une volonté d'inclusion et d'ouverture d'esprit et qui du coup se posent la question du vrai genre de figures butch historiques
Alors. Pour Missy, c'est compliqué, comme avec beaucoup de personnes ne se conformant pas aux stéréotypes de genre à partir d'une certaine époque (et en fait, même récemment). Quelles contraintes les poussaient à se présenter comme homme ou femme ? Etaient-iels libres d'en parler ? Avaient-iels seulement les mots pour en parler ? Voire même le concept ? Plus on remonte dans l'histoire, moins il devient pertinent de dire que telle personne était trans, gay, butch, agenre, etc., parce que moins on en sait et plus il y a de chances qu'on voit leur culture uniquement au prisme de la notre. (Et est-ce que c'est grave si plusieurs groupes de la communauté s'approprie une personne qui a vécu il y a des centaines d'années et dont on ne saura jamais comment iel s'identifiait ? Pas sûre.)
Après tout, c'est ce qu'on fait encore quand on s'intéresse aux tribus amérindiennes (et là non c'est pas acceptable, mais c'est un autre sujet et je ne le maîtrise absolument pas). En tout cas, iel se faisait appeler Max, et est pourtant joué.e par une femme dans le dernier film sur Colette.
Pour Stormé DeLaverie, j'ai des yeux dans le milieu militant et même là je n'ai jamais vu personne affirmer qu'elle etait un homme trans. Elle faisait du drag par contre, donc il est possible qu'elle ait été genrée au masculin dans ces moments là, mais ça fait parti du jeu, c'est consenti. Mais vraiment, vraiment, je suis interessée par les articles que tu as lu parce que partout où j'ai traîné, Stormé était la "gender non conforming butch lesbian" qui a foutu le premier coup de poing à la police et c'est tout.
Enfin, on peut en parler de tout ces mecs trans qui se font mégenrer et qu'on prend pour des butch ? Est-ce qu'ils en ont pas marre eux ? Qu'on nie leur identité ?
Je crois que tu m'as lue trop vite
1) Bien sur que je réalise que ce que je dis peut être violent : c'est pour ça que j'ai mis un TW à mon 1er message. Je ne pensais pas qu'il fallait le répéter à chaque fois
Pardon, hein mais les TW c'est pour avertir qu'on va parler de chose pouvant déclencher le rappel d'un traumatisme. Pas pour dire : "attention, je vais être d'accord avec/défendre quelqu'un qui nie votre existence."
"TW les lgbt+ mais est-ce que vraiment la manif pour tous a pas raison de descendre dans la rue ?" Hmmmm. Bof.
(Remarque je prends ça pour forcer le trait mais ça s'est entendu, au nom de la sacro-sainte liberté d'expression).
2) Bien sur que les femmes trans sont des femmes (etc). Où ai-je dis le contraire ? Quand je dis "elles se définissent comme telles", c'était une formule pour mettre en avant ce qu'iels considèrent comme important et surtout pour ne pas être trop précise dans mes exemples
Je sais que tu penses que les femmes trans sont des femmes. Mais la formulation était maladroite et risquait de blesser les personnes trans et NB qui entendent ce genre de formulation, visant à nier leur réalité sous pretexte que c'est un ressenti, suffisamment souvent.
3) Je ne dis pas que le genre doit disparaitre. Pas du tout. Je dis qu'il m'intéresse en tant qu'outil d'étude sociologique. Que pour mon cas personnel, il ne m'intéresse pas du tout. MAIS que je conçois qu'il soit important pour d'autres personnes de définir leur genre. Ca ne me pose pas de soucis et je fais attention à ne pas mégenrer. C'est juste que perso, ça n'est pas qlq chose qui m'intéresse. Si tu veux tout savoir, j'y ai déjà réfléchi théoriquement et je correspond sans doute aux définitions de genderfluid ou genderfuck. Et encore, ça varie selon les périodes. Mais perso, je préfère me dire cis parce que mon genre (le mien propre) ne m'intéresse pas vraiment et je le considère comme dilué dans ma personnalité.
4) Si le genre ne veut rien dire pour moi, je ne suis pas une femme ? Je ne comprends pas.
Je disais simplement que si le genre n'a pas d'importance pour toi, si on aurait pu te considérer comme un homme toute ta vie sans que ça te dérange jamais, te genrer au masculin sans que tu ressentes le besoin de dire "non, c'est 'elle'" ou "mais je ne suis pas un homme", sans que ça te fasse ressentir quoi que soit, en l'acceptant totalement, alors oui, peut-être que tu n'es pas une femme.
Là on arrive dans des choses que je maîtrise mal parce que je ne sais ce que veut dire être une femme, vraiment. N'importe quel pronom me va, je m'en tape. J'ai eu des périodes où je supportais pas qu'on me dise que j'étais une fille, mais c'est passé. Mais si je mégenre une femme, elle va pas être contente. Pareil pour un homme. Et ça vaut qu'iels soient cis ou trans. Donc c'est que ça veut dire quelque chose pour une femme (la preuve avec les femmes butch). Donc c'est qu'être une femme, ça doit être plus que "pffiou, je m'en tape du pronom qu'on utilise pour moi ou du genre qu'on m'assigne". C'est ça que je voulais dire en disant que si le genre ne voulait rien dire pour toi, alors peut-être que tu n'es pas une femme. Ce sont des questions que je me pose (sans animosité du tout).
Ce qui m'interroge vraiment, c'est pourquoi cette question est importante pour elle. Sachant qu'en plus, sa fanbase n'est pas de son avis, si elle avait un manque d'intérêt pour la question trans, elle pourrait choisir simplement de l'ignorer. Mais non, elle revient sans cesse dessus. Donc ça n'est pas juste un manque d'intérêt. Je ne pense pas qu'elle souhaite du mal aux personnes trans mais je pense qu'elle fait partie de ces personnes qui souhaiteraient que la question du droit des trans prennent moins de place, qu'elle a peur que ça highjack le féminisme.
Là où je ne suis pas d'accord avec l'article, c'est qu'il semble considérer que c'est par ignorance de la part de Rowling. Or si on lit ses tweets, elle dit que ça fait des années qu'elle lit plein de choses sur le sujet. Considérer que seule l'ignorance peut justifier une position différente, c'est un poil condescendant quand même.
Je suis d'accord avec toi, JKR ne fait pas ça par ignorance.
Pourquoi untel est-il transphobe ? Pourquoi untel est-il raciste ? Pourquoi untel est-il sexiste ? Par peur ? Parce que les blanc.h.e.s ont peur qu'on leur enlève leurs privilèges ? Par les hommes ont peur de perdre quelque chose en donnant plus de droits aux femmes et aux personnes non binaires ?
Et ça devient ok parce que Rowling a peur "que ça highjack le féminisme" ? Mais le féminisme ne concerne pas que les femmes cis. Le sexisme ne touche pas que les femmes cis, ou même juste les femmes en fait. Je ne comprends pas cette peur. Vraiment, réellement, qu'est-ce que c'est que cette peur ? Les hommes trans vont manger des droits aux femmes cis ? On va moins parler d'elles ? Si quelqu'un me lit et peut m'expliquer cette inquiétude, je prends. Parce qu'un homme trans est au moins tout autant oppressé et discriminé qu'une femme cis par la société patriarcale.
C'est pas déconnant de dire "les problématiques liées aux règles concernent les personnes qui ont leurs règles". Les règles, c'est tabou parce que c'est lié depuis des millénaires aux vagins, vagins eux-mêmes associés à une construction sociale : "la femme". Les hommes trans et les personnes non binaires afab ont reçu en héritage l'histoire de "la femme", parce que c'est aussi une histoire liée au corps. Corps qu'on a genré, oppressé, discriminé, catégorisé, caché, sexualisé...On ne peut pas affirmer qu'un homme trans a la même histoire sociale en tant que groupe qu'un homme cis.