Mais justement, ici le débat ne porte pas sur une question biologique mais une question sémantique. La question, c'est de savoir ce que recouvre le terme "femme". Est-ce qu'il recouvre seulement une réalité biologique ? Est-ce le corps féminin qui définit qu'on est une femme ?
C'est un terme qui a plusieurs sens. Libre à celui qui écrit l'article de choisir celui qu'il donne, libre à lui également de préciser le sens qu'il utilise pour clarifier tout de suite.
Le mot "vol" est polysémique aussi. Va-t-on congluer ses sens car quelqu'un risque de croire que je parle de "dérober" et non pas de "m'élever dans les airs" ? C'est un exemple bateau, mais on dirait qu'un choix doit être fait en dehors du medium dans lequel on emploie le mot, à te lire, laors que ça dépend évidemment d'un contexte.
Pour moi, femme, ça peut n'être qu'une façon de parler de femelle et donc s'une dimension biologique si on écrit dans ce sens, et on n'a pas automatiquement besoin de parler de genre. Dans la recherche médicale ou dans un cours de biologie, j'espère bien qu'on s'en tient à la biologie (sauf si des prises en compte du genre sont pertinentes, notamment par rapport aux traitements que l'on pourrait prendre).
Évidemment, si on parle de genre aussi, femme prend un sens différent.
En soit, on en revient (et c'est normal à mon sens) à "doit on séparer l'artiste de son oeuvre?" (ou bien "doit on séparer l'homme de son oeuvre") et... Bah, je trouve beaucoup plus parlant la première formulation parce que, quoiqu'il arrive, cette personne est bien un.e artiste, c'est bien l'auteur de telle ou telle oeuvre donc, pour moi, ça me semble assez évident que si on continue à acheter cette oeuvre et ses produits dérivés... On soutient l'artiste. Et pour moi c'est impossible.
Moi j'ai du mal avec ce débat, qui semble considérer qu'une personne ne peut avoir qu'une seule dimension et qu'il faut la rejeter tout entière absolument. Tu viens de dire qu'il serait impossible pour toi de soutenir l'artiste.
Sauf qu'être un artiste, c'est une partie de ce que cette personne est. Te viendrait-il à l'idée de rejeter une amie à toi s'il s'avérait qu'elle était une mauvaise mère ? Ou de rejeter ta mère si elle était une bonne mère mais avait des opinions qui te déplaisent à côté ? Non (ou je ne pense pas), car être une mère ne définit par l'entièreté d'une personne.
Une personne est beaucoup de choses. Pour moi, elle peut créer des choses qui me plaisent, me font du bien, et en même temps avoir des opinions qui me déplaisent.
Donc non, je trouve ça bizarre de dire qu'il vaut mieux cibler la deuxième formulation, qui évacue pour moi toute la densité d'une personne. Rowling n'est pas uniquement "un artiste", elle est "une personne", donc il faut se demander si on doit séparer la personne de l'oeuvre et pas l'artiste, qui suppose que tu as déjà évacué pas mal de choses ou que tu la résumes uniquement à cette dimension. Parce que si on devait diviser une personne en cases, est-ce qu'on mettrait réellement la transphobie dans la même case que l'artiste ? Peut-être...
Aussi, j'ai le sentiment que JKR n'est pas une personne informée sur le sujet depuis suffisamment longtemps pour que Harry Potter, par exemple, qui a été écrit il y a bien longtemps, ait été à coup sûr écrit par une "personne transphobe". La chronologie a de l'importance, à quel moment les évolutions dans nos opinions mais également la mise en place de celles-ci et l'importance que l'on a doivent-elles influer sur les oeuvres qu'on a pu créer il y a des années ?
Enfin, je suis d'avis qu'il sera extrêmement difficile de trouver une œuvre qui nous convienne, en fait, surtout quand on voit la multitude de combats sur lesquels il faut être au point (et pour lesquels des opinions peuvent être inacceptables pour certains et pas pour d'autres, d'ailleurs). À ce rythme, on va juste mettre à la poubelle les oeuvres de l'humanité tout entière et il n'en restera plus beaucoup (et sans doute ne restera-t-il que des œuvres très récentes ou pour lesquelles on a un doute). Je suis d'avis qu'on ne vit qu'une fois et qu'on devrait choisir d'aimer une œuvre pour ce qu'elle nous procure et pas pour ce qu'on pense de son créateur en premier lieu, qui n'a pas à être aimé en fait.
Ceci dit, chacun fait le choix qu'il désire, tant qu'on ne m'oblige pas à en faire un différent et tant qu'on ne censure pas.
