Cinq ans après le Mariage Pour Tous, je garde des cicatrices de l'homophobie

12 Février 2018
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Bonjour à toutes, à tous, à tous·tes.

Je vois que vous avez été nombreuses et nombreux à débattre dans ce topic. Cette conversation est très intéressante, mais j'ai vu quelques commentaires qui m'ont fait un peu tiquée.

J'aimerais repartager des articles disponibles sur madmoiZelle qui pourront peut-être répondre à quelques unes de vos questions notamment sur l'asexualité et l'aphobie.
- comprendre l'asexualité en 24 questions : http://www.madmoizelle.com/asexualite-questions-450003
- 7 questions qu'on se pose autour de l'asexualité : http://www.madmoizelle.com/asexualite-definition-855565
- je suis asexuelle et j'aimerais qu'on me foute la paix : http://www.madmoizelle.com/temoignage-femme-asexuelle-653491

Par ailleurs, si vous souhaitez que je fasse des articles autour de l'identité sexuelle sur certains sujets, n'hésitez pas à me poker !
 
9 Juin 2013
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Pour l'acephobie sur le topic : je pense qu'on est toustes d'accord (même les non concernés) pour dire que oui les ace/aro existent, qu'ils sont légitimes, qu'ils rencontrent des difficultés au sein de la société et que c'est un problème à régler. Je pense pas que ce soit de l'acephobie que de dire que les homos/trans/intersexes subissent des violences que les ace non, c'est juste factuel. C'est pas pour ça qu'on ne prend pas votre combat au sérieux et qu'on est pas pret.e à le soutenir, à vous soutenir.
C'est juste normal que les militants à l'intérieur d'une communauté débattent de qui peut y entrer ou non. C'est normal qu'on remette certaines choses en question, parce que je vous rappelle aussi que si on inclut tous ceux qui ne sont pas en accord avec les codes de genre et la sexualité "normale" vue par la société, on inclut aussi les pratiquant.e.s du bdsm, toutes les femmes cis (qui subissent les normes cishet h24), les polyA, les personnes qui ont des kinks mal vus par la société, les libertains et libertines, ou les mecs cishétéro qu'on prend pour des mecs homos.
Il y a une énorme part des ace/aro qui sont lesbiennes, bi, gays, trans ou intersexes, et leur légitimité dans le mouvement n'a jamais été débattue ici. En vrai ce qui me gêne (et je pense que ça gêne les autres personnes qui ont la même opinion que moi sur ce topic), c'est l'inclusion des mecs cishet aro/ace. (Parce que pour rappel on a eu le droit aux mecs sapiosexuels qui voulaient venir dans les milieux il y a quelques années quand même) On a déjà essayé hein, et ça demande juste un immense effort de la part des LGBTI dans les milieux qui doivent faire de la pédagogie et voient leurs luttes freinées, ou qui sont menacé.e.s physiquement. Je sais pas comment le dire, mais toustes les ace/aro sur le topic revendiquent leur droit d'appartenir à la communauté LGBT+ et d'occuper légitimement ces espaces (je dis ça sans blâme hein c'est votre droit et vous avez vos raisons), sans se soucier de la sécurité des personnes LGBTI. Et oui, c'est blessant. C'est déjà pas une communauté safe comme l'a dit @Mozart Hella , mais c'est quand même une des seules qu'on a. Encore une fois, je vous comprends, mais j'ai peur pour ma sécurité et je pense que c'est compréhensible aussi. Et sinon, pour les problèmes liés à la sexualité forcées et au questionnement de "est-ce que quelqu'un voudra de moi si je ne peux pas lui donner ça", c'est quelque chose de très abordé par les milieux féministes et c'est un des points centraux de la lutte, parce que les femmes ou assigné.e.s comme tel à la naissance sont toustes un jour confronté.e.s à ça. Je comprends les gens qui ont besoin de soutien là-dessus.

Ensuite, par rapport à l'oppression systémique (qui se rapport au terme de -phobie), je trouve qu'on utilise ça à tord et à travers pour tout ce qui est vu par "hors norme" par la société, en oubliant parfois que c'est quand même quelque chose qui représente beaucoup. j'ai cherché une définition officielle et je n'en ai pas trouvée, mais en suivant les débats militants, voilà ce que j'en ai retenu :
- un axe social de l'oppression systémique, avec des violences physiques et psychologiques (nombre de femmes tuées par leur conjoint, viols, harcèlement)
- un axe politique de l'oppression systémique, qui fait que la catégorie oppressée a peu de place aux postes de pouvoir (ex minorité de femmes et de personnes racisées à l'assemblée nationale)
- un axe économique, qui fait que la catégorie oppressée est plus pauvre que la catégorie dominante (rejet aux entretiens d'embauche ou licenciement pour les personnes homosexuelles ou trans, majorité de temps partiels pour les femmes et de boulots dévalorisés socialement donc moins payés pour les personnes racisées)
Bien sûr, on a pas à tous être d'accord avec la définition, c'est juste celle que je trouve la plus poussée et pertinente politiquement.
 
20 Mai 2011
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Je ne retrouve pas dans les posts ce à quoi tu fais allusion...
Je pense que ça fait référence à ce post de @Lady Stardust sur la VPH quelques pages en arrière (je supprime si Lady Stardust est gênée par le fait que je linke vers un de ses messages venant d'un autre topic :ninja:) (du coup, ne pas citer, merci !)
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L

L'atrabilaire

Guest
H-S, plus ou moins :
C'est une absence de désir sexuel. Pour l'asexualité stricto sensu, cette absence ne varie jamais. Je n'ai jamais eu d'attirance sexuelle pour quiconque, je n'en aurais jamais.
Si tu ne veux pas répondre, tu peux.

Mais j'avoue ne pas comprendre l'aspect péremptoire de cette affirmation. Tu peux avoir l'intime conviction que ça ne changera jamais, mais si tu rationalises la chose deux secondes tu trouves vraiment ça réaliste ? On a tous des pensées un peu fatalistes nous concernant comme ça, genre "je serais jamais heureux", ou "j'aurais jamais d'enfants", ou "je resterais avec cette personne toute ma vie", mais à un niveau très factuel et rigoureux logiquement on peut pas savoir en fait. Ça empêche pas de le penser et le dire à ses potes de temps en temps, mais est-ce qu'il faut le revendiquer et le présenter comme une vérité générale ? De manière générale je comprends pas qu'en réfléchissant on relativise pas ce genre d'idées, même si sous le coup de l'émotion et de la spontanéité c'est signifiant bien sûr. Mais ça n'a rien de scientifique, ou de logique, donc on ne peut pas prévoir l'avenir comme ça.
Et du coup sur cette question de la sexualité en particulier, on retombe sur ce qui m'interrogeais dans mon message précédent. Même si finalement ça vaut pour à peu près tout ce qu'on affirme sur soi et sa vie. On est dans une sorte de dénégation du devenir et du changement. Je promeus pas pour autant l'utilisation abusive et condescendante de "mais si ça changera tu verras, en grandissant/vieillissant" qui est tout aussi gratuitement affirmatif. Mais de fait rien n'est figé, donc même si dans certains cas les chances de changements sont moindres, ben il y en a quand même. Je vais pas contraindre tous les gens à envisager la vie, dont la sexualité, comme quelque chose en perpétuel mouvement, mais je pense qu'on gagnerait tous à s'acclimater à cette idée. Sûrement que figer et conceptualiser son identité ça a des effets positifs, à certains moments vitaux psychologiquement, mais j'ai l'impression qu'on ne pointe pas assez du doigt les effets retors que ça a, sur le long terme ça peut avoir des conséquences contraires. Il y a vraiment une performativité des mots, des idées, de la rationalité, sur la psyché et même le corps, assez incroyables - enfin personnellement, avec ma tendance à la réflexivité, je m'en rends compte souvent - et même quand j'ai conscience de ces effets négatifs et que je souhaite les éviter, ça ne manque pas, à chaque fois que je nomme une partie de moi, je constate que je m'enferme dedans inconsciemment. Trop se définir, se déterminer, empêche l'ouverture au changement, c'est évident, cela empêche que quoi que ce soit de nouveau ou de différent puisse nous arriver. (C'est pour ça que c'est aussi un procédé très exploité par la peur, puisqu'elle nous laisse ainsi dans notre zone de confort) Je trouve bizarre cette tendance à s'auto-essentialiser en fait - que je pratique aussi en partie hein - mais que je vois comme mortifère au bout du compte. Pour en revenir au cas qui nous occupe, concrètement, quelqu'un qui se considèrerait a-sexuel jusqu'à 35 ans et ne l'est plus ensuite, doit-on dire du coup qu'il ne l'a jamais vraiment été ? On voit toute l'absurdité de la catégorisation caricaturale et péremptoire.
On a aussi tendance à oublier les spécificités de la sexualité, pour en faire une oppression sociale comme une autre. Je comprends, les gens n'ont pas envie d'être pathologisés. Mais c'est un procédé militant ou de développement personnel qui vise à faire se sentir bien, et c'est tant mieux. Mais ça n'en fait pas une vérité théorique pour autant. La sexualité est fondatrice dans l'humanité pas seulement au point de vue social, ce n'est pas qu'une coutume parmi d'autres qui serait érigée en norme, c'est aussi un processus naturel, biologique en partie, et psychologique. L'a-sexualité n'est pas minoritaire par hasard. Personnellement il me semble évident que cela a des origines psychologiques, plutôt négatives (au sens où ce sont des affects négatifs qui l'ont engendrée, pas au sens où cela serait en soi problématique). Comme pour toutes les discriminations en fait on veut empêcher la rationalisation et l'interrogation des cas minoritaires, hors-normes, pour éviter que cela les justifie (les discriminations). Et cela je le conçois, car pour moi l'a-sexualité comme tout choix, toute orientation, identité ou autre n'a pas à être honteux ou à induire une quelconque violence. On peut se définir a-sexuel et ne pas chercher à changer, c'est notre droit le plus strict. Pour autant je pense que c'est fallacieux de présenter cette notion comme quelque chose dont on ne peut pas discuter, un pur donné, état de fait, que l'on doit accepter sous peine d'être considéré comme intolérant. (Même les origines de l'hétérosexualité, on peut les examiner, alors à partir de là...!) On peut toujours trouver les origines de tout, et tant que ce n'est pas un moyen pour ensuite discriminer des personnes, alors cela mérite d'être interrogé. En somme je me fiche de ce que quiconque fait de sa vie, mais si j'examine rationnellement le cas de l'a-sexualité, entre autres, il me semble que cela peut être légitime d'y voir des origines psychologiques, et parfois traumatiques. Peut-être est-ce faux, peut-être n'avons-nous aucun moyen de le savoir, mais c'est normal et nécessaire d'avoir la possibilité de se le dire et le demander, sans que cela revienne forcément à mettre en doute l'existence/la légitimité/la santé mentale de certains.

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14 Janvier 2013
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On a tous des pensées un peu fatalistes nous concernant comme ça, genre "je serais jamais heureux", ou "j'aurais jamais d'enfants", ou "je resterais avec cette personne toute ma vie", mais à un niveau très factuel et rigoureux logiquement on peut pas savoir en fait.
Mon orientation sexuelle n'est pas une pensée fataliste, merci bien. Et si, je SAIS qui je suis, et c'est pas un.e inconnu.e sur un forum qui va venir ébranler la connaissance de ma propre identité.
L'a-sexualité n'est pas minoritaire par hasard. Personnellement il me semble évident que cela a des origines psychologiques, plutôt négatives (au sens où ce sont des affects négatifs qui l'ont engendrée, pas au sens où cela serait en soi problématique).
Mon dieu mais c'est quand même incroyable de toujours essayer de tout pathologiser et de nous suggérer que finalement, notre orientation sexuelle est sûrement un choc psychologique traumatique ! Tu dis ça aussi aux hétéros ? non ? pourquoi ? C'est donc tellement difficile d'envisager une absence, naturelle, non traumatique, depuis toujours, de désir sexuel ?? Paye ton hétéronormativité hein.
pour moi l'a-sexualité comme tout choix,
L'asexualité n'est pas un choix, merci.
On peut se définir a-sexuel et ne pas chercher à changer, c'est notre droit le plus strict. Pour autant je pense que c'est fallacieux de présenter cette notion comme quelque chose dont on ne peut pas discuter, un pur donné, état de fait, que l'on doit accepter sous peine d'être considéré comme intolérant.
Et du coup, si une copine te dit qu'elle est lesbienne, tu vas essayer de lui expliquer qu'en fait ça va sûrement changer et que c'est impossible d'être sûr.e ?
mais si j'examine rationnellement le cas de l'a-sexualité, entre autres, il me semble que cela peut être légitime d'y voir des origines psychologiques, et parfois traumatiques.
On se passera bien de tes examinations rationnelles et de la psychologie de comptoir. Vraiment.
C'est quand même fort de café de me dire que je devrais m'abstenir de déclamer "une vérité générale" pour ensuite de venir m'expliquer dans un pavé pourquoi il ne faut absolument pas utiliser d'étiquettes pour parler de notre identité. Si t'as des problèmes à régler avec toi même, ne viens pas les transposer sur les autres.
 

Clèves

Risque psycho-social
12 Mars 2018
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@L'atrabilaire De quelqu'un qui s'identifie comme homosexuel et qui donc considère qu'il ne sera a priori jamais attiré par un membre du sexe opposé, tu dirais aussi qu'il est "dans une sorte de dénégation du devenir et du changement" ? Qu'il y a quelque chose de pathologique et de sans doute traumatique dans son refus de l'hétérosexualité ? Parce que les arguments que tu donnes c'est peu ou prou ce qui a été rétorqué aux gays et lesbiennes pendant des années pour nier leur identité, pour les faire rentrer dans une norme. Tu parles d'une tendance à s'auto-essentialiser en s'enfermant dans une identité, mais d'un autre côté, parler du sexe et des besoins sexuels comme nécessaires et inhérents à tout être humain parce que c'est un "processus naturel, biologique et psychologique" et "fondateur de l'humanité" (encore une fois des arguments utilisés pour réfuter l'homosexualité d'ailleurs), n'est-ce pas aussi essentialiser l'être humain ?

Et même sans parler de ça, je ne vois pas ce qui te donne le droit de te fendre d'un post de plusieurs paragraphes pour reprendre quelqu'un que tu ne connais pas dans ce qu'elle dit sur sa vie et sa propre manière de voir les choses. C'est d'une présomption incroyable de penser que tu es capable d'avoir un avis plus éclairé qu'elle sur ses désirs et son identité ! Si encore tes propos exprimaient une vision globale de ce que doit être ou non l'asexualité, passe encore, mais là tu cites une personne en particulier qui parle de son expérience pour lui dire en gros qu'elle fait fausse route, c'est quand même osé :oo:

À la fin de ton message tu dis qu'on a aucun moyen de savoir si l'origine de l'asexualité est traumatique ou non... ba je pense qu'à défaut de lancer une grande enquête à échelle internationale sur le sujet on peut au moins commencer par faire confiance aux concerné.e.s sur le sujet :dunno:
 
L

L'atrabilaire

Guest
@CitronVertCool Si, cela reste, consciemment ou non, un choix, en tout cas une vision du monde, de considérer que la sexualité est mouvante ou non. Tu as le droit de penser que ce n'est pas le cas, mais que penses-tu de ceux dont la leur varient ? Ce seraient donc des bisexuels refoulés ou qui s'ignorent ? Ou des hétéros qui font semblant ? Je te laisse te définir comme tu veux, mais tu ne définis pas que toi, tu parles de l'a-sexualité en général. Que fais-tu de ceux qui correspondent à ces traits mais qui refusent ta définition ? De ceux qui y correspondent presque mais qui ne peuvent se ranger dans cette catégorie ? Ils sont ignorants et ont intégrés "l'oppression" s'ils ne se reconnaissent pas dans de telles étiquettes ?
Tu ne réponds pas sur le fond. Et à des questions sincères. Dommage.
Je te demande concrètement comment tu peux le savoir aussi fermement, que cela n'arrivera jamais. On ne peut jamais dire que quelque chose ne nous arrivera jamais, c'est un peu trop s'avancer. Et j'ai du mal à voir à quoi cela sert à vrai dire. Il se trouve que je te dis ça à toi qui te considères a-sexuelle, mais je pourrais dire la même chose à un hétéro qui dirait aussi fermement qu'il ne pourra jamais être attirée par une personne du même sexe, ou avec tel physique ou tel trait de caractère. C'est à dire qu'on peut le balancer un peu comme ça à la volée, et en avoir la conviction, mais pas en faire une vérité absolue.
Je te demande concrètement si quelqu'un qui se découvre une sexualité sur le tard après des années sans aucune attirance était oui ou non a-sexuel.

Mais parce que la psyché est prépondérante chez l'être humain... La plupart de ce qui fait notre individualité en découle, découle de notre enfance, etc. Bref, je vais pas faire un cours basique de psychanalyse - et en plus dieu sait que j'en suis pas adepte - mais j'avoue partir de ce postulat. Tu as le droit de pas être ok avec, mais alors il faut le préciser. Et ce n'est pas péjoratif de psychologiser les comportements rares ou marginaux, ou pas, ça l'a été à une époque, parce qu'il y avait une honte de l'anormalité mentale justement. Mais aujourd'hui c'est quand même quasiment plus le cas, on ne se cache pas si l'on a été diagnostiqué dépressif, surdoué, si l'on a un complexe d'Oedipe ou si la perte de notre chien nous a marqué. Cela peut nous aider même, non pas pour conceptualiser notre cheminement mais pour en donner une narration qui fait sens pour nous. Je l'ai précisé - comme d'habitude j'ai pris par avance toutes les précautions possible en m'efforçant d'être nuancée mais bon visiblement c'est inutile - je ne pense pas que c'est forcément là l'origine de l'a-sexualité, je n'ai rien affirmé, même si à moi cela me semble le plus sensé ; je dis juste qu'on a le droit de soulever cette potentialité (sans se faire taxer d'indécence comme cela va bientôt m'arriver). Je dis qu'il est naturel et légitime de s'interroger à ce sujet, et que cela n'est pas en soi violent. Que les concernés peuvent eux-mêmes se le demander, car en 2018, en quoi est-ce violent, de chercher des origines psychologiques à ce qu'on est et fait ? C'est assez courant... (Peut-être que je le dis aussi parce que je l'expérimente ? Oh mais j'oubliais, alors c'est "transposer mes problèmes sur les autres" alors que pourtant sur ce forum la subjectivité et l'empirisme règne en maître, et quand on est concerné notre parole est d'or. Ah bah non, c'est que quand on va dans le bon sens. Evidemment. (Mais vraiment vous pouvez pas savoir à quel point ça m'énerve de devoir parler de moi quand j'essaye juste de réfléchir sur des questions de façon générale, il faudrait peut-être prévenir les lectrices qu'on a plus le droit que de parler de soi ici.))
Et non je ne dis pas ça aux hétérosexuels, parce que c'est une norme, pas seulement aléatoire socialement. Cela peut aussi avoir des origines psychologiques, mais difficilement traumatiques, puisque c'est une norme (sauf s'il y a refoulement de l'homosexualité ?). Pourquoi refuser absolument les normes et les voir forcément comme des procédés d'oppression ? Elles sont devenues par la force des choses oppressives, volontairement parfois, parfois involontairement, parce qu'être minoritaire n'est jamais très agréable en société. A quoi bon refaire l'histoire, en s'imaginant qu'il y aurait tout un tas de sexualités données, à égalité, et qu'une aurait un jour pris le pouvoir ? L'hétéronormativité est "normale" puisque l'hétérosexualité est une norme. Comme déjà dit on peut travailler à rendre cette norme le moins violente possible, mais elle le sera toujours un peu car elle restera comme telle, et qu'il y aura toujours des normes, et que ce n'est pas si grave. Il y a aujourd'hui sans doute de plus en plus de libertés dans la sexualité et c'est tant mieux, mais l'on ne peut pas relire notre histoire passée avec notre regard d'aujourd'hui, imaginant une sorte de complot cis-hétéro-blanc-patriarcal.
Oui je pourrais très bien dire ce que je pense à une amie lesbienne. Pas avec tes mots, car évidemment tu caricatures. Pas si elle me dit "je suis lesbienne" et là du tac au tac je livre ma vision des choses, puisque ce n'est pas ce qui se passe ici. On ne s'est pas rencontrées nous deux, et on est dans un espace de débat et de réflexion, pas de conversation intime. Mais oui, je pourrais lui dire effectivement qu'à mon sens toute sexualité, comme toute vie, est en perpétuel mouvement, et qu'on n'est jamais sûr. Et je pourrais dire ça aussi à un hétéro comme je te l'ai déjà dit puisque c'est comme ça que je conçois la sexualité en général.
Je dis ce que je pense des étiquettes - et oui je pense que leurs effets négatifs sont assez universaux - je ne te dis pas quoi faire personnellement, qu'est-ce que cela peut me faire, je me place à un niveau de réflexion globale. Je te pose la question pour avoir un témoignage direct, voir ton point de vue, et comprendre comment on peut autant s'essentialiser soi-même.

En fait c'est ça, sur ce forum on peut vraiment plus débattre des sujets de société, on peut que livrer sa subjectivité et "lutter". Deux choses qui m'intéressent moins, donc cela ne sert à rien que je reste ici. Mais prenez le temps au moins de différencier des attaques personnelles de réflexions plus générales, qui sont dans un examen détaché d'un sujet. Vous ne trouvez pas ça problématique de ne plus pouvoir réfléchir sur des sujets sensibles ? Alors que c'est le meilleur moyen de faire avancer tout le monde. Les gens ne peuvent pas être convaincus par un discours donné qu'il doivent accepter comme tel, même lorsqu'il met en jeu des personnes potentiellement en souffrance. C'est une schizophrénie impossible. S'ils l'acceptent sans l'interroger individuellement avant, avec leur propre esprit et leurs propres émotions, c'est qu'ils sont dans une contrainte morale.
"Notre entendement est d’une telle nature qu’on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit par la contrainte. La confiscation des biens, les cachots, les tourments et les supplices, rien de tout cela ne peut altérer ou anéantir le jugement intérieur que nous faisons des choses" (Locke, Lettre sur la tolérance, 1689)

@Clematis Oui, je sais bien qu'à force de vivre dans une bulle, c'est toujours déroutant d'avoir affaire à des avis non lisses, d'être humains qui n'adoptent pas un discours pré-fabriqué pour ne blesser personne. (Et je dis ça sans une once d'animosité, je pense sincèrement que c'est grave humainement et intellectuellement de rester dans un entre-soi.) Et pourtant, "tout mon discours" comme tu dis est dépourvu de haine, et n'est que réflexions et questionnements divers. Mais je sais que c'est plus facile de répondre juste à des messages bornés et haineux, c'est pourquoi mes propos sont toujours caricaturés à l'extrême, et - tiens justement - "catalogués sous des étiquettes".
 
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L'atrabilaire

Guest
@Flopidou Du coup j'ai répondu en partie à ce que tu me dis (voir message ci-dessus).
Considérer la sexualité et le désir en général comme structurant chez l'être humain, oui c'est une détermination, une essentialisation de la nature humaine. Mais note bien, de la nature humaine en général, pas de l'individu. Ce qui me semble encore plus paradoxal c'est de s'essentialiser soi-même alors que nous sommes déjà assez déterminés comme ça. Je suis persuadée que le désir est structurant, et c'est même plutôt un poncif depuis des siècles. Après tu as le droit de ne pas être d'accord. Pour autant cela ne veut pas dire que les comportements sexuels ne peuvent pas évoluer et se multiplier, et c'est le cas. Et cela ne veut pas dire qu'à un niveau individuel il est primordial que le sexe ait une grande place. Mais même si cela n'est pas nécessaire pour la survie, je pense qu'on peut comparer cela à la faim. Quelqu'un qui refuse de manger ou mange extrêmement peu est un cas pathologique, ou au moins névrotique, cela n'accable pas la personne. Mais cela n'est pas un processus "naturel" et en cela cela peut impacter - outre le corps - son psychisme sur le long terme (et j'ai bien conscience hein que l'argument du naturel et du biologique peut être utilisé dans des raisonnements ostensiblement discriminatoires, mais ça n'est pas pour cela qu'il faut se refuser de l'utiliser si cela peut avoir une part de vérité). Bref, la comparaison n'est pas parfaitement adéquate, car il n'y a pas grand-chose dans la vie de comparable à la sexualité, qui soit à la fois aussi constitutif - on le voit ne serait-ce qu'empiriquement - de l'humanité et en même temps pas de l'ordre de la survie individuelle, qui soit certes social, mais aussi charnel, psychologique, etc. C'est pourquoi ces questions sont aussi épineuses et méritent d'être posées. Je n'ai pas de réponses toutes prêtes à tout, je n'ai pas fait une thèse sur ces sujets, mais je me les pose, et j'y réfléchis. En réalité, pour savoir si la sexualité est nécessaire dans le bien-être humain, il faudrait interroger des personnes qui ont été a-sexuelles quasiment toute leur vie, et aux âges avancés. Voilà, tiens, qui serait pour le coup, productif et intéressant.

Ensuite encore une fois il y a une forme de confusion. Mon message prenait une phrase pour en extraire une réflexion générale, je me situe pas dans la conversation personnelle là. J'entame une réflexion générale et je me permet de poser des questions à des gens pour la faire avancer (je lui ai dis d'ailleurs de ne pas me répondre si ça l'embêtait). J'aurais peut-être dû davantage séparer mes questions concrètes de ces réflexions, mais en soi cela valait pour elle ou quiconque lisait ou voulait répondre. Bref, encore une fois, je n'entends pas lui dire ce qu'elle doit faire, je m'en fiche. Mais j'affirme ce que je pense être les défauts et les qualités des étiquettes et de tout le discours qui va avec.
@CitronVertCool
Donc, mes excuses, si j'ai été peu claire, mais il ne s'agit pas d'attaques personnelles contre ta personne, mais de questionnements. Et si c'est trop intolérable à lire je préfère qu'on ne me réponde pas plutôt que des messages purement belliqueux !
 
Dernière modification par un modérateur :
4 Mars 2018
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Encore une fois, je vais répondre très succintement, par manque de temps et parce que j'ai d'autres préoccupations plus importantes de mon côté. Puisque tu sembles apprécier les analogies, je t'en propose une ici (qui n'est pas de moi, mais que je considère comme très bien trouvée) : imagine un enfant de huit ans qui te dit qu'il veut devenir pompier. Quelques années plus tard, il entre à l'université pour faire des études d'art. Cela signifie-t-il qu'il n'a jamais voulu devenir pompier à un moment donné ? Que cela ait duré un mois, un an, plus peut-être, avant qu'il ne décide de faire de l'art, le fait est qu'il se voyait comme un futur pompier, et qu'il ait fini par changer d'avis ne rend pas cette envie moins vraie.

Ce qui est étrange, c'est que tes propos me rappellent certaines personnes de mon entourage qui, prises de panique face à ce que je leur racontais, m'accusaient de "m'enfermer dans des étiquettes". Mais il ne s'agit pas d'un enfermement, bien au contraire. C'est une libération. Mettre des mots sur ce que l'on est rend les choses vraies, c'est le principe même du langage. Depuis que l'Homme a commencé à parler, il ne s'est plus jamais arrêté. Pourquoi ? Parce qu'il est humain de vouloir mettre des mots sur les choses, il me semble que tu l'as bien compris. Par conséquent, se décrire par des mots ne signifie pas faire de nous "une somme" d'affirmations : c'est un moyen humain d'exister dans le monde. Et pour exister, il est nécessaire de s'imposer, d'où le caractère sans appel de certaines de ces affirmations. Dire "Je suis asexuelle", cela signifie "Voilà qui je suis, que cela vous plaise ou non". C'est du même acabit que dire "Je suis née dans tel pays" ou "Je m'appelle ainsi". Parce que l'identité, c'est aussi cela : le regard que les autres posent sur nous, et que l'on construit consciemment ou non. Cet attachement à l'identité que tu évoques n'a rien de particulièrement "actuel", c'est une préoccupation de tous temps, celle d'exister dans le monde par un certain nombre de traits marquants dont les gens vont se souvenir (Charlie Danger en parle d'ailleurs très bien dans sa RDM sur la Damnatio Memoriae, le fait d'effacer toute trace de l'existence d'un individu) : pour certaines personnes, cela va passer par leur passion inconditionnelle pour la SF, pour d'autres ça va passer par leur sexualité. Parfois, les gens n'ont aucune envie de changer, et même si les mots ont un pouvoir sur l'esprit, ce comportement peut être conscient (et d'ailleurs, même s'il ne l'est pas, où est le problème ? Si l'individu en question est heureux ainsi, grand bien lui fasse !). Et, puisque tu ne peux pas imposer aux gens UNE façon d'exister...
 

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