@CitronVertCool Si, cela reste, consciemment ou non, un choix, en tout cas une vision du monde, de considérer que la sexualité est mouvante ou non. Tu as le droit de penser que ce n'est pas le cas, mais que penses-tu de ceux dont la leur varient ? Ce seraient donc des bisexuels refoulés ou qui s'ignorent ? Ou des hétéros qui font semblant ? Je te laisse te définir comme tu veux, mais tu ne définis pas que toi, tu parles de l'a-sexualité en général. Que fais-tu de ceux qui correspondent à ces traits mais qui refusent ta définition ? De ceux qui y correspondent presque mais qui ne peuvent se ranger dans cette catégorie ? Ils sont ignorants et ont intégrés "l'oppression" s'ils ne se reconnaissent pas dans de telles étiquettes ?
Tu ne réponds pas sur le fond. Et à des questions sincères. Dommage.
Je te demande concrètement comment tu peux le savoir aussi fermement, que cela n'arrivera jamais. On ne peut jamais dire que quelque chose ne nous arrivera jamais, c'est un peu trop s'avancer. Et j'ai du mal à voir à quoi cela sert à vrai dire. Il se trouve que je te dis ça à toi qui te considères a-sexuelle, mais je pourrais dire la même chose à un hétéro qui dirait aussi fermement qu'il ne pourra jamais être attirée par une personne du même sexe, ou avec tel physique ou tel trait de caractère. C'est à dire qu'on peut le balancer un peu comme ça à la volée, et en avoir la conviction, mais pas en faire une vérité absolue.
Je te demande concrètement si quelqu'un qui se découvre une sexualité sur le tard après des années sans aucune attirance était oui ou non a-sexuel.
Mais parce que la psyché est prépondérante chez l'être humain... La plupart de ce qui fait notre individualité en découle, découle de notre enfance, etc. Bref, je vais pas faire un cours basique de psychanalyse - et en plus dieu sait que j'en suis pas adepte - mais j'avoue partir de ce postulat. Tu as le droit de pas être ok avec, mais alors il faut le préciser. Et ce n'est pas péjoratif de psychologiser les comportements rares ou marginaux, ou pas, ça l'a été à une époque, parce qu'il y avait une honte de l'anormalité mentale justement. Mais aujourd'hui c'est quand même quasiment plus le cas, on ne se cache pas si l'on a été diagnostiqué dépressif, surdoué, si l'on a un complexe d'Oedipe ou si la perte de notre chien nous a marqué. Cela peut nous aider même, non pas pour conceptualiser notre cheminement mais pour en donner une narration qui fait sens pour nous. Je l'ai précisé - comme d'habitude j'ai pris par avance toutes les précautions possible en m'efforçant d'être nuancée mais bon visiblement c'est inutile - je ne pense pas que c'est forcément là l'origine de l'a-sexualité, je n'ai rien affirmé, même si à moi cela me semble le plus sensé ; je dis juste qu'on a le droit de soulever cette potentialité (sans se faire taxer d'indécence comme cela va bientôt m'arriver). Je dis qu'il est naturel et légitime de s'interroger à ce sujet, et que cela n'est pas en soi violent. Que les concernés peuvent eux-mêmes se le demander, car en 2018, en quoi est-ce violent, de chercher des origines psychologiques à ce qu'on est et fait ? C'est assez courant... (Peut-être que je le dis aussi parce que je l'expérimente ? Oh mais j'oubliais, alors c'est "transposer mes problèmes sur les autres" alors que pourtant sur ce forum la subjectivité et l'empirisme règne en maître, et quand on est concerné notre parole est d'or. Ah bah non, c'est que quand on va dans le bon sens. Evidemment. (Mais vraiment vous pouvez pas savoir à quel point ça m'énerve de devoir parler de moi quand j'essaye juste de réfléchir sur des questions de façon générale, il faudrait peut-être prévenir les lectrices qu'on a plus le droit que de parler de soi ici.))
Et non je ne dis pas ça aux hétérosexuels, parce que c'est une norme, pas seulement aléatoire socialement. Cela peut aussi avoir des origines psychologiques, mais difficilement traumatiques, puisque c'est une norme (sauf s'il y a refoulement de l'homosexualité ?). Pourquoi refuser absolument les normes et les voir forcément comme des procédés d'oppression ? Elles sont devenues par la force des choses oppressives, volontairement parfois, parfois involontairement, parce qu'être minoritaire n'est jamais très agréable en société. A quoi bon refaire l'histoire, en s'imaginant qu'il y aurait tout un tas de sexualités données, à égalité, et qu'une aurait un jour pris le pouvoir ? L'hétéronormativité est "normale" puisque l'hétérosexualité est une norme. Comme déjà dit on peut travailler à rendre cette norme le moins violente possible, mais elle le sera toujours un peu car elle restera comme telle, et qu'il y aura toujours des normes, et que ce n'est pas si grave. Il y a aujourd'hui sans doute de plus en plus de libertés dans la sexualité et c'est tant mieux, mais l'on ne peut pas relire notre histoire passée avec notre regard d'aujourd'hui, imaginant une sorte de complot cis-hétéro-blanc-patriarcal.
Oui je pourrais très bien dire ce que je pense à une amie lesbienne. Pas avec tes mots, car évidemment tu caricatures. Pas si elle me dit "je suis lesbienne" et là du tac au tac je livre ma vision des choses, puisque ce n'est pas ce qui se passe ici. On ne s'est pas rencontrées nous deux, et on est dans un espace de débat et de réflexion, pas de conversation intime. Mais oui, je pourrais lui dire effectivement qu'à mon sens toute sexualité, comme toute vie, est en perpétuel mouvement, et qu'on n'est jamais sûr. Et je pourrais dire ça aussi à un hétéro comme je te l'ai déjà dit puisque c'est comme ça que je conçois la sexualité en général.
Je dis ce que je pense des étiquettes - et oui je pense que leurs effets négatifs sont assez universaux - je ne te dis pas quoi faire personnellement, qu'est-ce que cela peut me faire, je me place à un niveau de réflexion globale. Je te pose la question pour avoir un témoignage direct, voir ton point de vue, et comprendre comment on peut autant s'essentialiser soi-même.
En fait c'est ça, sur ce forum on peut vraiment plus débattre des sujets de société, on peut que livrer sa subjectivité et "lutter". Deux choses qui m'intéressent moins, donc cela ne sert à rien que je reste ici. Mais prenez le temps au moins de différencier des attaques personnelles de réflexions plus générales, qui sont dans un examen détaché d'un sujet. Vous ne trouvez pas ça problématique de ne plus pouvoir réfléchir sur des sujets sensibles ? Alors que c'est le meilleur moyen de faire avancer tout le monde. Les gens ne peuvent pas être convaincus par un discours donné qu'il doivent accepter comme tel, même lorsqu'il met en jeu des personnes potentiellement en souffrance. C'est une schizophrénie impossible. S'ils l'acceptent sans l'interroger individuellement avant, avec leur propre esprit et leurs propres émotions, c'est qu'ils sont dans une contrainte morale.
"Notre entendement est d’une telle nature qu’on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit par la contrainte. La confiscation des biens, les cachots, les tourments et les supplices, rien de tout cela ne peut altérer ou anéantir le jugement intérieur que nous faisons des choses" (Locke, Lettre sur la tolérance, 1689)
@Clematis Oui, je sais bien qu'à force de vivre dans une bulle, c'est toujours déroutant d'avoir affaire à des avis non lisses, d'être humains qui n'adoptent pas un discours pré-fabriqué pour ne blesser personne. (Et je dis ça sans une once d'animosité, je pense sincèrement que c'est grave humainement et intellectuellement de rester dans un entre-soi.) Et pourtant, "tout mon discours" comme tu dis est dépourvu de haine, et n'est que réflexions et questionnements divers. Mais je sais que c'est plus facile de répondre juste à des messages bornés et haineux, c'est pourquoi mes propos sont toujours caricaturés à l'extrême, et - tiens justement - "catalogués sous des étiquettes".