L
L'atrabilaire
Guest
@Raven K. Barbicane Mais l'enfant n'a pas dit - ou alors, si, mais justement parce que c'est un enfant et n'a pas le recul réflexif de voir l'exagération que c'est - qu'il est sûr qu'il n'aura jamais envie de faire autre chose/ne changera jamais de métier. Qu'on se définisse comme a-sexuel, soit (même si je ne le comprends pas non plus, comme déjà expliqué), mais en rebondissant sur la phrase de Citron, ce qui m'interrogeait c'était l'affirmation définitive "je n'ai jamais eu d'attirance sexuelle et je n'en aurais jamais". C'est cela qui me semble irréaliste. Je ne pense pas qu'on puisse être jamais sûr à 20 ans, comme à 60 d'ailleurs, que quelque chose ne nous arrivera jamais.
Oui, j'ai dit que j'avais conscience du caractère libérateur potentiel de la verbalisation (qui est déjà différente la conceptualisation - on pourrait très bien dire, à ce jour je n'ai pas ressenti d'attirance sexuelle, c'est comme ça, on verra par la suite, sans pour autant créer une identité qui donne l'illusion d'un type possible de détermination préexistante donnée au même titre que les autres sexualités). Mais justement la particularité de cette pratique, et du langage en général, c'est ce double processus, qui peut libérer autant qu'enfermer, voire les deux simultanément. (Et cela justement est à interroger : peut-être avons-nous envie d'être enfermé ? d'être réduit à des étiquettes simplistes ? de revendiquer une appartenance à une communauté ? Mais ce n'est pas parce que nous le désirons spontanément, que cela signifie que c'est en droit une bonne chose.) La rationalité humaine (moi qui la pratique à outrance, je le reconnais pourtant) n'épuise pas tout le réel, et je pense que les personnes sont plus riches que des concepts identitaires ne le laissent entrevoir, et y sont irréductibles. Je pense que la verbalisation peut être une étape mais pas une fin en soi, et qu'il faut tôt ou tard s'en libérer aussi. L'identité est un problème récurrent dans l'humanité effectivement, mais au 20eme et surtout 21eme siècle en Occident elle est devenue prépondérante. Ne serait-ce qu'il y a 50 ans, la pensée de type universaliste s'attachait plutôt à rendre compte de la richesse et des spécificités individuelles mais qui ne sont pas de l'ordre de l'identité (sexe, orientation sexuelle, nationalité) mais des choix qu'on fait, de nos actions, de nos pensées, de notre mode d'être, de nos talents et notre originalité, des choses qu'on peut choisir justement. Et parallèlement cette pensée insistait aussi sur non pas ce qui sépare les êtres, mais sur ce qui transcende les individualités et les rapprochent, ce qu'ils ont en commun en tant qu'humains. Aujourd'hui il y a un regain, notamment dans le militantisme, de tendance à une affirmation de soi identitaire et communautaire, qui accentue les différences et multiplient les labels. Et cela oui j'y suis très réticente personnellement. Je ne comprends pas plus ceux qui se définissent par l'endroit où ils sont nés (du moins par principe, du fait d'y être né en soi, et pas par un rapport personnel cultivé au fil du temps à une culture par exemple), par leur sexe, par leurs goûts. Je trouve ça au choix ou arbitraire ou diablement réducteur. Et je ne sais pas si l'on a besoin de s'affirmer au monde en général, comme s'il s'intéressait tant que ça à nous. Aux gens que je rencontre je peux ou non parler de mon rapport à la sexualité en faisant des phrases, en parlant ou non de mon vécu à ce sujet, pour rendre compte du caractère justement unique et personnel de celui-ci, qui ne sera jamais le même que celui de mon voisin, je n'ai pas besoin de ramener ça sous un néologisme conceptuel. Je ne vois pas à quoi cela sert. Si ce n'est peut-être à faire passer cela pour un cas comme un autre, et empêcher les questionnements d'autrui, en lui faisant comprendre que s'il ne l'accepte et ne le comprends pas d'emblée c'est une personne horrible. Et cela engendre une acceptation artificielle de la part de l'autre, qui ne comprends et ne respecte pas vraiment, mais seulement par crainte d'être considéré comme mauvais. Ou alors cela sert au contraire à se distinguer de la foule, et cela revient à nier le fait que finalement les autres non plus n'ont pas des sexualités figées, et ne sont pas moins "spéciaux".
Pour la fin de ton post, perso je crois à l'inconscient, et je pense qu'on peut avoir envie ou besoin de certaines choses qui au fond, sur le long terme, ne nous font pas du bien. Je ne crois pas à la souveraineté totale de l'homme qui aurait accès à tout de sa psyché. Je pense qu'il y a des tas de mécanismes de protection que nous mettons en place sans nous en rendre compte qui ne vont pas forcement dans le sens d'un bien-être prolongé, mais qui sont des pansements éphémères, et parfois négatifs.
Merci pour ton message calme, cela dit !
@Mozart Hella A partir de quand on peut être considéré comme concerné ? Outre ce que les gens vous disent sur l'usage de ce concept, puisque je ne l'utilise pas, je vis probablement la même chose, et une souffrance semblable. Tu ne m'octroies donc pas le titre de concernée ?
Je vous jure que si vous trouvez mes propos violents et dépourvus de sens, vous n'arriverez pas à dialoguer avec grand monde dans la vie Mais je suppose que cela vous convient.
Oui, j'ai dit que j'avais conscience du caractère libérateur potentiel de la verbalisation (qui est déjà différente la conceptualisation - on pourrait très bien dire, à ce jour je n'ai pas ressenti d'attirance sexuelle, c'est comme ça, on verra par la suite, sans pour autant créer une identité qui donne l'illusion d'un type possible de détermination préexistante donnée au même titre que les autres sexualités). Mais justement la particularité de cette pratique, et du langage en général, c'est ce double processus, qui peut libérer autant qu'enfermer, voire les deux simultanément. (Et cela justement est à interroger : peut-être avons-nous envie d'être enfermé ? d'être réduit à des étiquettes simplistes ? de revendiquer une appartenance à une communauté ? Mais ce n'est pas parce que nous le désirons spontanément, que cela signifie que c'est en droit une bonne chose.) La rationalité humaine (moi qui la pratique à outrance, je le reconnais pourtant) n'épuise pas tout le réel, et je pense que les personnes sont plus riches que des concepts identitaires ne le laissent entrevoir, et y sont irréductibles. Je pense que la verbalisation peut être une étape mais pas une fin en soi, et qu'il faut tôt ou tard s'en libérer aussi. L'identité est un problème récurrent dans l'humanité effectivement, mais au 20eme et surtout 21eme siècle en Occident elle est devenue prépondérante. Ne serait-ce qu'il y a 50 ans, la pensée de type universaliste s'attachait plutôt à rendre compte de la richesse et des spécificités individuelles mais qui ne sont pas de l'ordre de l'identité (sexe, orientation sexuelle, nationalité) mais des choix qu'on fait, de nos actions, de nos pensées, de notre mode d'être, de nos talents et notre originalité, des choses qu'on peut choisir justement. Et parallèlement cette pensée insistait aussi sur non pas ce qui sépare les êtres, mais sur ce qui transcende les individualités et les rapprochent, ce qu'ils ont en commun en tant qu'humains. Aujourd'hui il y a un regain, notamment dans le militantisme, de tendance à une affirmation de soi identitaire et communautaire, qui accentue les différences et multiplient les labels. Et cela oui j'y suis très réticente personnellement. Je ne comprends pas plus ceux qui se définissent par l'endroit où ils sont nés (du moins par principe, du fait d'y être né en soi, et pas par un rapport personnel cultivé au fil du temps à une culture par exemple), par leur sexe, par leurs goûts. Je trouve ça au choix ou arbitraire ou diablement réducteur. Et je ne sais pas si l'on a besoin de s'affirmer au monde en général, comme s'il s'intéressait tant que ça à nous. Aux gens que je rencontre je peux ou non parler de mon rapport à la sexualité en faisant des phrases, en parlant ou non de mon vécu à ce sujet, pour rendre compte du caractère justement unique et personnel de celui-ci, qui ne sera jamais le même que celui de mon voisin, je n'ai pas besoin de ramener ça sous un néologisme conceptuel. Je ne vois pas à quoi cela sert. Si ce n'est peut-être à faire passer cela pour un cas comme un autre, et empêcher les questionnements d'autrui, en lui faisant comprendre que s'il ne l'accepte et ne le comprends pas d'emblée c'est une personne horrible. Et cela engendre une acceptation artificielle de la part de l'autre, qui ne comprends et ne respecte pas vraiment, mais seulement par crainte d'être considéré comme mauvais. Ou alors cela sert au contraire à se distinguer de la foule, et cela revient à nier le fait que finalement les autres non plus n'ont pas des sexualités figées, et ne sont pas moins "spéciaux".
Pour la fin de ton post, perso je crois à l'inconscient, et je pense qu'on peut avoir envie ou besoin de certaines choses qui au fond, sur le long terme, ne nous font pas du bien. Je ne crois pas à la souveraineté totale de l'homme qui aurait accès à tout de sa psyché. Je pense qu'il y a des tas de mécanismes de protection que nous mettons en place sans nous en rendre compte qui ne vont pas forcement dans le sens d'un bien-être prolongé, mais qui sont des pansements éphémères, et parfois négatifs.
Merci pour ton message calme, cela dit !
@Mozart Hella A partir de quand on peut être considéré comme concerné ? Outre ce que les gens vous disent sur l'usage de ce concept, puisque je ne l'utilise pas, je vis probablement la même chose, et une souffrance semblable. Tu ne m'octroies donc pas le titre de concernée ?
Je vous jure que si vous trouvez mes propos violents et dépourvus de sens, vous n'arriverez pas à dialoguer avec grand monde dans la vie Mais je suppose que cela vous convient.
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