Ici, Hachette, peut bien se permettre de faire ce type de coup, c'est un peu LE poids lourd du secteur. De toute façon si Hachette ne l'avait pas fait, une autre maison l'aurait sorti, trop bête de ne pas se
risquer à le faire. Les fanfic remportent grande presse chez les ados/jeunes adultes, c'est une fanfic de Twilight que je ne sais combien de gens ont lu >>> Money
Hachette n'a pas d'ambition culturelle, uniquement commerciale. Ils sont là pour se faire de la thune, si vous appréciez les bouquins au passage c'est sympa, mais c'est pas la priorité.
Juste pour info, ce n'est pas "Hachette" qui a publié E. L. James, c'est JC Lattès. Hachette Livre est un énorme groupe qui comporte plusieurs maisons fonctionnant en toute autonomie, notamment Grasset ou Stock, et je trouve que ce serait poussé que de dire que ces maisons-là n'ont "pas d'ambition culturelle".
D'autre part, le fait que la saga ait été publiée chez Hachette Book Group (aux US) n'explique pas forcément son arrivée chez Hachette en France. Ce sont deux groupes distincts. Bien sûr il y a des liens mais la saga a tout simplement été vendue au plus offrant, après des enchères record. Les autres éditeurs français ne s'en vanteront pas, mais ils étaient effectivement beaucoup sur le coup (Les Presses de la Cité et Albin Michel notamment, j'en oublie peut-être).
Pour ma part je n'ai lu aucun des
Fifty Shades et ne compte pas le faire, mais je ne comprends pas trop pourquoi tout le monde s'énerve tant de les voir marcher. Qu'on se moque de la médiocrité de ces bouquins ou qu'on s'insurge de la vision du "couple", d'accord, qu'on trouve dommage que les gens choisissent de lire ça plutôt qu'autre chose, bien sûr, je ressens ça aussi, mais ça s'arrête là. Je comprends parfaitement pourquoi Lattès a choisi de les publier : ça leur a permis de faire le meilleur chiffre de leur groupe l'année du lancement, et de réinjecter cet argent dans leurs collections littéraires et d'autres petits auteurs, et même de filer des petites primes à leurs employés. Une maison d'édition, on l'oublie facilement, mais c'est d'abord un business. Certes, le produit vendu est un objet culturel, mais ça reste un produit, et le but est bel et bien de le vendre à la fin. L'amour de l'art, c'est merveilleux, on est tous d'accord, mais ça ne marche que rarement - il n'y a qu'à voir toutes les petites maisons qui se créent avec des projets super et qui coulent en un ou deux ans... D'ailleurs, la stratégie du best-seller a sauvé Lattès de la faillite dans les années 90, alors est-ce qu'il aurait mieux valu qu'ils meurent plutôt que de tomber dans le "commercial"... ? Je sais pas, ça me paraît sévère. Après pour être tout à fait juste, il existe des petites maisons qui ont réussi à s'épanouir tout en restant exigeants sur la qualité d'écriture et fidèles à une ligne éditoriale cohérente. Je pense notamment à Zulma (mon chouchou), Gallmeister, Inculte ou d'autres encore moins connues. À côté d'eux, évidemment, Lattès passent pour des gros bourrins assoiffés d'argent, c'est d'ailleurs leur image dans le milieu, et résultat, cercle vicieux : aucun auteur "qui se respecte" n'a envie d'aller chez eux, ils préfèrent envoyer leurs manuscrits chez Flammarion ou Gallimard, or puisque ces maisons-là n'ont pas non plus des fonds infinis, ils ne décrochent rien du tout. Et quant à savoir si E. L. James prend la place d'autres auteurs... Je suis sûre que Lattès ou d'autres maisons du genre adoreraient donner leur chance à de jeunes auteurs inconnus qui écrivent de belles choses originales, sauf que je peux vous le dire de source sûre, sur les dizaines de manuscrits français reçus par jour, il y a peut-être un ou deux trucs vraiment bien par an... Ça fait peu ! Et côté étranger, des choses bien, il y en a, bien sûr, mais encore faut-il avoir les moyens de les acheter ou de remporter les enchères s'il y en a... C'est là que les ventes de best-seller aident !