@Althéa Vestrit : je suppose que le choix que fait cette hypothétique personne travaillant en libéral de travailler +50h/semaine est contraint (payer les locaux, les cotisations salariales d'un·e secrétaire, les assurances, etc.).
Mais peut-être que penser aux personnes qui subissent un temps partiel et donc de la précarité (
35% des personnes à temps partiel ne l'ont pas choisi et aimeraient travailler à temps plein, les trois quarts des personnes subissant un temps partiel sont des femmes... sachant qu'une partie des femmes qui "choisissent" de travailler à temps partiel le font pour s'occuper de leur famille : elles échangent travail salarié contre travail gratuit (plus d'infos ici) ) permet de prendre un peu de perspective ? Ici, la personne fait le choix de travailler plus (et peut-être de s'exploiter). C'est un luxe en soi.
Et tu dis que cette hypothétique personne gagne plus que Tiphaine (donc plus de 4500€/mois. Du coup, elle est à quoi ? 5000 ? 6000€/mois ?). C'est simpliste, mais si on divise ses heures travaillées (disons 55h) par deux (27,5) et son salaire aussi : 2250 ou 2500 ou 3000€/mois, elle se retrouve quand même avec un salaire supérieur à la médiane (sans pour autant accéder au seuil de richesse) tout en travaillant moins que la moyenne. Alors, forcément, cela ne prend pas en compte les charges (fixes, du coup) et cela impliquerait un changement de statut (salariat, remplacements...), mais c'est possible.
Cela dépend de ce qu'elle préfère : gagner énormément d'argent (par rapport à 90% de la population) ou travailler moins et gagner moins (sachant que la plupart des gens ne sont pas en mesure de faire ce choix).
On est d'accord qu'avoir le choix de s'exploiter est un luxe. J'entends
Mais est-ce toujours un vrai choix ? Si tu fais + d'études > tu pars en retraite + tard, tu n'as pas économisé pendant tes études > t'arrives tard, tu n'as quasi rien. Donc tu es tenté de travailler + pour rattraper le retard. (c'est la tendance que j'observe par là où je suis).
Les salariés sont souvent mieux vu des banques (je parle des temps pleins) vs les indépendants ont intérêt à montrer qu'iels gagnent "bien" pour espérer un apport, (d'où la tendance à s'exploiter). Le coin où je suis, les locaux sont hors de prix, donc la tendance, c'est que plein d'indépendants s'exploitent dans l'optique d'acheter un + gros truc et mettre dedans et leur maison et leur local (parce que ça fait quand même mal de laisser + de 1000/mois dans un loyer pour un proprio. C'est pas ton capital).
Maintenant ce que je veux dire c'est que pour moi la richesse ne se mesure pas seulement en sous, loin de là. Je pensais que si et en fait.. pas si convaincue. Je me souviens qu'avant, avec 600€ de rentrée par mois (dont 250 partaient en loyer), j'étais vraiment limite pour vivre. Mais j'avais + de temps pour moi, moins de fatigue physique.
J'ai un pote qui a tout quitté pour vivre en tiny house. Lui s'estime beaucoup plus riche que 90% des gentes > il passe sa vie dans la nature, me montre des paysages de fou.
J'ai aussi une pote indépendante qui bosse je crois 12h semaine, même pas, donc quasi pas d'impôts, quasi pas de dépense local etc. Elle gagne juste de quoi survivre et se fait plaisir en escalade / balades / lecture etc. Elle aussi s'estime plus riche. En tout cas elle l'est de par le choix de prester + ou -.
Je pense aussi que faut séparer les métiers physiques de ceux qui ne le sont pas. (dans cette optique, je trouve que Eboueur / agent d'entretien / tous ces trucs là devraient être bien mieux payé ! Ca n'a aucun sens de ne payer qu'au nombre d'études ou qu'à la responsabilité. Quelqu'un entrepreneur de jardin qui taille toute la journée, la personne qui se tape 2h de train pour être chauffeur.se de bus en grande ville et qui a des heures de fourche (comprendre que iel bosse sur le papier 4h (est payé.e 4h) mais avec les fourches iel est 10h sur place (mal payé les fourches), les conducteur.trices de camion, les gentes bossant dans des carrières... Dans le lot, certains sont (relativement) bien payés par chez moi , mais iels s'explosent le dos, et ne profiteront pas de leur +, car à la retraite, iels seront en miette. Donc iels sont + riches que la moyenne sur le court terme, mais uniquement financier alors. Iels vont pas faire long feu. Disons que dans cette vision de la richesse, je trouve ça réducteur de s'en tenir qu'aux chiffres. (Le type des carrières que je connais gagne bien + que qqn d'autre derrière son ordi. (+ mais pas de quoi flamber non plus) > mais je ne pense pas que le type des carrières et + riche, quand on voit sa radio de dos, vraiment pas...
Dans les salariés, certains ont plein d'avantages, en gagnant un peu moins sur le papier : voiture de fonction, salaire un peu réduit mais + de vacances, carte de repas... Va partir en vacances quand t'es indépendant : tu perds de la clientèle (que tu retrouves pas forcément à ton retour), tes vacances te coûtent déjà un bras sans même partir, pour 2 semaines > ton loyer local (incompressible) + les 2 semaines où tu ne prestes pas (perte virtuelle). Vs je crois qu'un salarié ça a 4 semaines de vacances si je ne m'abuse.
Va être mère étant indépendant (là il y a de grosses injustices). Ton congé allaitement tu t'assois dessus, si tu t'écartes, tu perds ton salaire (je ne sais pas comment c'est en france, mais ici quasi personne ne prend les assurances bonus car trop chères).. Beaucoup de mères indépendantes reprennent très vite post accouchement (je me souviens d'une qui a bossé jusque le jour même de son accouchement alors qu'elle pouvait pas, mais pas le choix). Et être mère solo indépendante (faire un bébé toute seule par ex) > c'est très très chaud.
Puis si en indépendant, si on travaille beaucoup. Si je preste 44h, je travaille 52h minimum (donc 8h non "payées" de paperasse, répondre aux mails, aux appels, écrire des rapports etc). Et le Week end, si je ne suis pas appelée à travailler, j'ai la force de rien faire. Je me bats avec une double tendinite des poignets (je devrais m'arrêter 2 semaines, mais m'arrêter = loyer = charges = pas de salaire = impossible car solo) > donc je ne sais quasi rien faire, pas de ménage ou machine, je vis dans un taudis limite et à part avoir mal, il est pas très jouasse le Week end
. Même combat pour la coiffeuse d'en bas et le tatoueur 2 rues plus loin. (eux ils ont bursite et épicondylite, et pire sont parents, donc autant dire que s'arrêter c'est même pas en rêve).
Justement pour les femmes qui subissent le temps partiel, faudrait que l'école intervienne + pour la déconstruction. Que ces femmes puissent à l'âge adulte choisir en âme et conscience un co parent s'investissant autant qu'ielles (sortir du carcan ancré dans les têtes de "le gosse c'est un truc de bonne femme de toute façon", que les futurs patron.nes mettent le fichu même salaire pour les hommes que pour les femmes (pour perdre le traditionnel "papa gagne plus donc maman reste à la maison), qu'il y a + d'accueil au boulot, de crèches etc. Que les crèches ce soit moins un gouffre financier.
Mais sinon oui stricto sensu, si tu as 3000 qui tombent sur le compte tu es "riche", tu peux payer ton loyer, manger à ta faim, mettre un peu de côté. Je persiste à trouver cette vision un poil réductrice. Pour moi, l'aspect temps / physique du métier rentre aussi en compte.
Et l'aspect géographique. En suisse 3000 c'est pas pareil que Berlin 3000 ou paris 3000 ou au fin fond de la dordogne 3000