Bonjour Caroline,
Je suis naturopathe depuis 10 ans et j’ai de plus en plus de clients végétaliens qui arrivent dans mon cabinet avec des problèmes de santé divers et variés, digestion en vrac, problèmes de peau, dépression, compulsions alimentaires… allant jusqu’à l’épuisement. J’ai moi-même été végane 2 ans et me suis retrouvée au bout du rouleau physiquement et psychiquement.
Faire le choix du véganisme avec sa tête suppose de ne pas oublier son corps : comment va-t-il en ce moment ? Qu’est-ce qui le fait carburer au mieux ?
Dans ma pratique de naturo, je fais du profilage alimentaire. Nous sommes tous uniques génétiquement. Nous n’avons pas les mêmes capacités enzymatiques, hormonales, nous n’avons pas le même groupe sanguin, nous ne naissons pas avec la même vitalité de naissance… Ce qui fait qu’il y a des personnes qui s’épanouissent à consommer plus de végétaux, et d’autres à bénéficier d’une assiette plus omnivore. Certains carburent mieux sur les glucides, les autres sur les graisses, et entre les 2 une infinité de possibilités existent. L’ayurveda a aussi ses profils, la médecine traditionnelle chinoise aussi… ce n’est pas nouveau…
Et puis à l’instant T, comment ça va le corps ? peut-être avons-nous des soucis d’hypoglycémie, d’intestins poreux ou de dysbiose, un coup de fatigue… Essayer le végétalisme pour se remettre sur pied pourquoi pas, si c’est une cure. De toute façon, si les effets bénéfiques ne perdurent pas, c’est qu’il faut réajuster. Pas la peine de s’enterrer dans une alimentation qui ne nous fait pas du bien. Une assiette qui nous fait du bien, on le voit en 10 jours !
Youtube a popularisé des profils qui réagissent extrêmement bien au végétalisme. Il est tentant de vouloir imposer à tout le monde le régime ou la méthode qui vous a remis sur pied, ou qui vous a fait perdre du poids… Certains ont donc bâti leur notoriété sur ce dogmatisme… Or nous sommes tous différents métaboliquement comme expliqué plus haut. Du coup, je m’attendais à voir arriver un jour ce genre de vidéos sur la fin du véganisme pour certains youtubeurs, et nous y voilà. Je les trouve du coup très courageux !
Pour te donner quelques explications physiologiques et naturopathiques (je fais court, hein) :
Le végétal est plus dur à assimiler que l’animal, du fait de ses fibres d’abord. Une personne qui a un intestin déjà fragilisé va en pâtir, c’est-à-dire qu’elle va avoir du mal à assimiler les nutriments prisonniers des fibres, ces dernières, avec le temps, pouvant dégrader de plus en plus la flore et la fonction intestinale car elles agissent comme une éponge grattante sur la muqueuse fragile…
Le végétal cru est difficile à digérer pour des personnes déjà un peu patraques, car il faut là aussi une bonne vitalité digestive, des enzymes au top, une flore en béton armé, c’est-à-dire capable de fabriquer les bonnes enzymes, les justes doses de vitamines…. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Alors imagine quand les végans s’envoient de grands smoothies crus sans même les mastiquer au fond de l’estomac (je l’ai fait !), ça passera tant que leur santé est au top. Si des soucis digestifs ou autres arrivent, il faut se poser les bonnes questions. D’ailleurs, il n’est pas normal de péter plus de 2 fois par jours…
Une personne qui est en bonne santé mais dont le profil de fond est omnivore et qui décide de passer au végétalisme s’épuisera petit à petit, car un régime alimentaire inadapté à ton profil de fond ne tiendra pas la route sur le long terme. En quelque années, les problèmes arriveront, ce sont ces personnes que je récupère de plus en plus en consultation… Car le corps bricolera ce qu’il peut au début, puis à force de ne jamais avoir exactement les nutriments dont il a besoin, il va se mettre à ramer…
Du coup, tu comprendras que dire que « les protéines se trouvent dans le règne végétal donc il n’y a pas de problème », c’est justement problématique. Il faut aussi penser les macro-nutriments en terme de qualité, digestibilité, bio-disponibilité… Par ex, je prends en charge les personnes en burn-out en leur apportant des protéines animales car extrêmement digestes, des graisses à chaînes courtes (beurre cru…) car pareil, très digeste pour un intestin en vrac par ex. Le végétalisme est un régime drainant, détox. Quand la santé n’est plus au rdv, ça ne sert plus à rien de draîner, il faut ressourcer, retaper le corps, cicatriser les muqueuses... Sinon c’est comme fouetter un cheval à terre selon l’autrice en alter-nutrition Taty Lauwers. Les personnes qui n’assimilent plus le végétal n’ont plus le choix, c’est pour ça que des végans sortent du véganisme, je ne peux avoir que de la compassion pour eux car je l’ai vécu de l’intérieur. Même pour des personnes au profil de base très végétarien, il faut passer par l’animal pour se reconstruire parfois, puis quand ça va meiux au revient au végétaRisme. Pour moi, de mon point de vue de naturo : végétalisme OK, mais pas sur du long terme, pas pour tout le monde selon son profil de base et l’état de santé du corps. Sauf profil exceptionnel… ce qui n’est pas la majorité d’entre nous…
Voilà, je souhaitais apporter cet éclairage métabolique et physiologique, basé sur mon expérience perso et ma pratique de praticienne de santé naturopathe. Le tout étant d’apporter des éléments afin de peut-être t’amener à approfondir ta réflexion. Mon but est de rien diaboliser, juste de remettre en perspective. Il n’y a pas de mauvais régime alimentaire, mais il n’y a pas un régime pour tous. Pour la planète, évidemment on peut penser à la qualité de l’aliment que l’on met dans notre assiette… C’est une autre histoire.
Bien à toi,
Mayanne-Joy