Perso, j'ai l'impression que ce Jérémy est assez peu informé de la condition des femmes et de ce que représente vraiment le harcèlement de rue. Je pense que pour prendre une métaphore qui pourrait être comprise par à peu près tout le monde sur ce que la plupart des femmes subissent au quotidien, au moins dans les grandes villes, on peut comparer ça aux bénévoles / salariés d'association qui racolent des membres donateurs.
Vous savez, ce sont ces gens avec un pull/sweat/T-shirt... Greepeace, ou Action contre la faim ou Oxfam ou que sais-je encore. Je pense que beaucoup de personnes se sont déjà fait aborder dans la rue par ce genre d'individu. Je suis de nature assez "polie", il m'arrive donc assez rarement de refuser sèchement de ne serait-ce que leur parler, et au mieux pour refuser poliment en affirmant que je m'intéresse à ce qu'ils font.
Ça n'a rien à voir avec le harcèlement de rue ? Dans la réalité oui, je suis d'accord !
MAIS si on propose par exemple aux mecs qui ne comprendraient pas où est le problème, ou qui « aimerai[t] partager un bonjour, voire quelques phrases, un sourire ou un rire avec [nous] ! Tout bêtement parce qu['il] aime le contact humain. » Je leur propose un petit exercice mental, ça ne sera pas trop difficile, promis ! Imaginez que ces membres d'association ne soient plus salariés / bénévoles chargés d'une mission de faire bien voir leur association et de chercher des donateurs, mais des mecs qui veulent, à tout prix, avoir un peu de votre fric. Et puis au lieu d'en croiser 4 ou 5 à des endroits stratégiques d'une grande ville, vous les retrouveriez PARTOUT où vous allez, et qu'ils représentent en fait environ 50 % de la population. Et puis leurs techniques d'approche ne seraient pas les mêmes. Les membres des associations eux, ils se contentent par un moyen plus ou moins original de tenter de vous accrocher, de vous aborder sans se prendre un refus brutal. Et si vous n'avez rien à faire de ce qu'ils disent, ils ravalent tant bien que mal leur frustration et passent à autre chose, tentent de trouver quelqu'un de vraiment disponible qui ont envie de leur parler. Non, là ce serait complètement différent, au lieu d'essayer de vous aborder gentiment, ils emploieraient des techniques bien plus vicieuses ! Ils vous siffleraient par exemple, le message qu'ils tentent de faire passer ne serait que de plus en plus flou (même si au fond vous avez l'impression de bien deviner leur intention). Et au lieu de rester à l'endroit où ils ont choisi de sévir, ils seraient prêt à vous suivre jusqu'à chez vous tant qu'ils n'auraient pas obtenu un peu de votre argent (pas tous, on est bien d'accord, mais ces cas existeraient). Je ne sais pas si vous commencez à percevoir, ne serait-ce qu'un tout petit peu, le problème. N'oubliez pas qu'ils sont vraiment partout, ils n'ont d'ailleurs plus d'horaire de travail, ça peut être à n'importe quelle heure du jour comme de la nuit, ils sont là tout le temps et ne vous laissent jamais tranquille. Et le pire, le pire, c'est que si par malheur vous refusez de leur donner de l'argent (ce qui est en soi légitime), ils vous menaceraient ou vous dévaloriseraient en disant que vous êtes un sale égoïste, voire de pires insultes. Et puis il vous arrive aussi peut-être parfois de vous arrêter pour parler avec eux, sans toutefois accepter de leur prêter de l'argent, vous ne seriez pas du tout remercié pour votre sympathie, bien au contraire, ils vous traiteraient de "pute", parce que vous les avez chauffé sans pour autant céder et décider de leur donner ce qu'ils voulaient. Et puis je ne parle pas des gens qui prendraient leur défense, en disant que quand même, "vu comment tu t'habilles, tu l'as un peu cherché aussi, c'est comme si tu te vantais d'avoir de l'argent alors forcément on vient t'en réclamer". Alors que vous, vous étiez simplement habillé de cette façon parce que vous en aviez envie, que vous aimez ce que vous portez, ou que vous alliez à un rendez-vous qui nécessitait de bien s'habiller.
Essayez vraiment d'imaginer ce que ça ferait, et si vous seriez toujours d'accord pour répondre oui à la question "vous aimeriez qu’on vienne vous parler toutes les 5 minutes quand vous marchez dans la rue ?"...