black-crystal;4033082 a dit :carmelita;4033042 a dit :laverne;4032045 a dit :carmelita;4031933 a dit :Mais malgré toute la compassion que m'inspire ce témoignage, je suis très gênée par la conclusion. Si la GPA est illégale en France, ce n'est pas parce qu'elle est "mal connue", mais parce qu'elle est effectivement éthiquement très discutable...
Je souhaite néanmoins bonne chance et bon courage à cette madmoizelle.
Tu chipotes un peu là non? "cette pratique est malheureusement interdite en France car mal connue, et elle inquiète d’un point de vue éthique"
J'ai l'impression qu'on connaît assez mal la GPA en France, justement puisqu'elle est interdite ici et dans les pays limitrophes, donc on ne la connaît que comme une pratique lointaine. Peut-être suis-je mal informée mais je ne connais la GPA qu'à travers l'exemple de stars américaines qui n'insistent pas trop sur la façon dont leur bébé est né; et les anecdotes glauques de David Douillet sur les mères porteuses indiennes qu'il veut à tout pris relier au débat sur le mariage pour tous... Autant te dire que j'ai du mal à me faire une opinion sur le sujet, sur la façon dont on pourrait concevoir une GPA "éthiquement acceptable" etc !
Même si je n'arrive pas à me faire un avis là-dessus (c'est très délicat, je change d'avis tous les deux jours), je pense qu'y réfléchir, en discuter et surtout nous informer sur la façon dont ça peut se passer, ne pourrait être que très bénéfique.
Peut-être qu'on peut dire que "je chipote", mais j'avoue que ça m'a vraiment gênée, ce passage, et surtout le fait de mettre en avant le fait que cette pratique est mal connue plutôt que celui du problème éthique qui est posé.
C'est odieux de la part de David Douillet de la relier au débat sur le mariage homo (mais bon, David Douillet étant un parfait crétin, ce n'est pas très étonnant) parce que ça n'a rien à voir en fait. Avec le mariage homo, il était question d'autoriser la PMA (Procréation Médicalement Assistée, qui pourrait permettre par exemple à des couples de lesbiennes de concevoir et de porter leurs propres enfants, grâce à la fécondation in vitro).
La GPA (Gestion Pour Autrui), c'est le système des mères-porteuses. Ca veut dire que concrètement, pour faire très simple, on prend un ovule à la mère biologique (d'ailleurs, comment est-ce possible dans le cas de la madmoizelle du témoignage, je ne comprends pas très bien ? Si elle n'a pas de règles, a priori c'est qu'elle n'ovule pas, non ?) et les spermatozoïdes du père biologique et on place le tout dans l'utérus d'une mère porteuse en bonne santé et en âge de féconder. Si l'embryon prend, en gros la mère porteuse le couve pendant 9 mois et à la naissance, elle donne l'enfant au couple de parents biologiques. (Désolée, c'est résumé très grossomodo).
Le problème éthique est donc énorme, d'une part parce que porter un enfant pour quelqu'un, ce n'est pas comme lui porter son sac de course. Une grossesse est un moment particulier dans la vie d'une femme ; ça change énormément de choses dans son corps et ça peut mettre sa vie en jeu. (La preuve, la mère de la madmoizelle est morte suite à une hémorragie interne à l'accouchement. Or on ne nous dit pas si sa santé était mauvaise avant, mais ce genre d'incidents peut arriver même à une personne en bonne santé). Sur un pur plan sanitaire, disons que ça pose le même genre de questions que la fait de vendre des organes humains. On pourrait considérer que ça pourrait sauver des vies, mais si on l'autorise, combien d'autres vies vont être mises en danger, et quel trafic cela va-t-il entraîner ?
Ensuite parce que dans les pays où c'est autorisé et où il existe une forte disparité économique (l'Inde étant effectivement un bon exemple), des femmes pauvres enchaînent grossesse sur grossesse pour autrui (des riches) avec de graves conséquences pour leur santé, pour des raisons économiques (elles sont "payées" pour ça et ont besoin de l'argent pour nourrir leur propre famille). Bref, il y a là une logique d'exploitation et de classes sociales assez nauséabonde, proches de celles du colonialisme et de sa corollaire l'esclavage d'ailleurs. (Ce point mériterait d'être plus développé, mais j'essaie de faire simple et bref).
Bref, tout ça pose de très graves questions éthiques, ne serait-ce que la plus évidente : peut-on s'arroger le droit de louer le corps d'autrui ? (Et qui plus est, au péril de sa vie)
Pour moi, la réponse est définitivement non. Je suis totalement pour la PMA et totalement contre la GPA. Voilà pourquoi, même si je comprends que cette madmoizelle y voit un espoir pour son désir d'enfants de se réaliser, cette phrase m'a mis très mal à l'aise.
Je reviens sur quelques points que tu as soulevé : prélever un ovule alors que la Madz n'a pas d'utérus, c'est tout à fait possible. L'utérus est normalement relié aux trompes, qui sont reliées aux ovaires. Là, seul l'utérus est absent, ce qui veut dire que les ovaires existent. D'ailleurs, s'ils n'existaient pas, je crois que les caractères sexuels secondaires de la Madz ne se seraient pas développés (sécrétion hormonogène des follicules mûrs et des corps jaunes je crois).
Si la Madz n'a pas ses règles, c'est parce que l'utérus n'existe pas. Du coup l'endomètre de l'utérus ne peut pas se desquamer sous l'effet de l'arrêt de la progestérone (c'est l'endomètre qui fait le sang des règles).
Donc, la Madz a bien des ovules (désolée si ce n'est pas très bien expliqué, mais si tu veux des détails je peux t'en donner ).
Pour en revenir au débat, si j'ai bien compris, tu es contre la gestation pour autrui (d'ailleurs dans ton message, tu as mis gestion ^^). Donc tu veux bien que les couples de femmes homosexuelles puissent avoir leurs enfants, mais pas les hommes ? Excuse-moi, je ne veux pas t'agresser, mais ce point m'a fait tiquer
Personnellement, je vois les problèmes éthiques qui se posent, mais je ne suis pas contre pour autant. Si cette pratique est contrôlée, réglementée, et si les femmes qui se proposent pour la GPA sont d'accord et acceptent les risques, je ne vois pas où est le problème.
C'est un problème épineux, parce qu'en effet, ça implique d'utiliser à ses propres fins le corps d'autrui. Mais dans la mesure où chaque cas est vérifié par des instances prévues, et où les femmes sont volontaires... pour moi, no problem.
Après, il faut qu'il y ait une véritable réglementation là-dessus, et qu'il y ait des comités éthiques qui se penchent sur la question, que l'agence de biomédecine y réfléchisse... Bref, ça ne se fera pas en un jour
Ok merci pour ces précisions concernant les possibilités d'ovulation, c'était suffisamment clair, oui, j'ai effectivement compris.
Pour ce qui est d'être contre le fait que les hommes puissent avoir des enfants, non, pas du tout. Mais je pense qu'il y a d'autres moyens moins équivoques éthiquement parlants que la GPA. A commencer par le plus simple : l'adoption. Alors oui, on va me dire que ce n'est pas pareil, parce que l'enfant adopté n'a en réalité aucun vrai lien de sang avec ses parents, mais franchement, quand on éprouve profondément le désir d'enfant, qu'est-ce que ça change ? Je pense qu'on peut aimer tout autant un enfant adopté que si c'était le sien, et il y a malheureusement bien assez d'enfants qui attendent qu'on leur trouve une nouvelle famille dans les orphelinats.
Le problème, c'est que comment fixe-t-on la limite éthique, comment détermine-t-on le volontariat ? Est-ce que tu penses que quand on vit dans la misère la plus totale et qu'on cherche désespérément un moyen de s'en sortir financièrement, on a encore le choix ? Personnellement, je pense que ce genre de choix est biaisé à la base.
Derrière ce type de progrès scientifiques qui certes apportent de grands espoirs à des personnes qui n'en avaient plus, il y a vraiment de gros problèmes moraux. (Le même type de questionnements a d'ailleurs entouré le débat sur le clonage. Et pourtant en théorie, sauver des personnes en clônant des cellules, organes, ou êtres vivants, ça paraît génial comme idée. Mais le danger de la dérive de ce genre de pratique est bien trop important. Le principe de la vie en société et de ses lois, c'est d'agir toujours dans le plus grand bien commun. Le problème, c'est que là, pour répondre à un besoin particulier, on prendrait un risque très grave pour l'ensemble de la société. Dans le fond on pourrait presque reposer la question philosophiquement; tout ça c'est assez lié aux réflexions de John Rawles à propos de l'utilitarisme, aussi... )
Mais je n'ai pas tellement envie de poursuivre l'argumentation là-dessus : je pense qu'on n'exploite pas un autre corps en le mettant en plus en danger. C'est un point de vue éthique, voire-même idéologique, j'en conviens, mais c'est le mien.
Je n'ai exposé les problèmes éthiques en question qu'en réponse à Laverne qui trouvais que "je chipotais" quand j'exprimais la gêne ressentie à la lecture de le conclusion de cet article.
D'ailleurs, non, AlwaysHope, je n'ai pas orienté mon argumentation que sur l'exploitation des mères porteuses en Inde. J'ai pondu tout un pavé au sujet du caractère douteux de la pratique et n'en retenir qu'un aspect est un moyen peu subtil de réduire mes propos pour essayer de les discréditer. Oui, on peut encadrer la pratique, je ne le nie pas. Mais la pratique en elle-même est problématique. Enfin, encore une fois, tout ça mériterait d'être plus développé, mais peu importe, puisque comme je l'ai écrit plus haut, je ne souhaite pas vraiment débattre de ce sujet, seulement mentionner quelques-uns des questionnements éthiques qu'il soulevait, parce qu'il me parait un peu léger d'élider ainsi la question. Peut-être serait-il intéressant de lire un jour sur ce site un article à propos de la GPA et de la PMA et des débats éthiques que ces deux pratiques soulèvent afin que tout le monde puisse les comprendre et se forger une véritable opinion. Je répète que j'ai trouvé ton témoignage très émouvant, mais jamais je n'adhérerai à cette conclusion pro-GPA.
Laverne : Pas de problème, je ne me suis pas sentie le moins du monde agressée par ton "tu chipotes", je souhaitais simplement te répondre, parce que tu ne cernais apparemment pas la cause du malaise que j'avais exprimé, et je voulais être claire sur ce point.
PS : J'espère que je me suis exprimée assez clairement quand même ; il est tard et je n'ai plus trop les yeux en face des trous. Désolée pour les éventuelles fautes ou tournures syntaxiques potentiellement étranges.
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