C'est pas vous, petit individu, qui allez la changer (ou non, d'ailleurs).
Euh, bah c'est tout le monde qui change ou non la langue. L'impact d'une personne utilisant l'inclusif est aussi important que celui d'une personne qui ne l'utilise pas.
Regarder ce changement linguistique de l'extérieur, ok. Constater une évolution de la langue après coup, bien sûr. Mais rire au nez de ceux qui osent avancer des arguments contre une modification linguistique POTENTIELLE et pas encore entrée dans le langage courant, c'est vraiment incohérent et loin d'être neutre.

La langue est évolutive, en effet. Mais ce n'est pas parce qu'une personne arrive en disant "Je veux que la langue soit comme ça" qu'elle le devient dans le langage courant. Cela demande beaucoup plus que ça. Et là, actuellement, à part des suppositions sur l'avenir de la langue, on ne peut aucunement certifier que l'inclusif soit appelé à s'intégrer.
Sinon, si l'Académie française a en effet avancé comme argument la plus grande noblesse du genre masculin sur le genre féminin lorsqu'ils se rencontrent, cela ne signifie pas que cette mesure est entrée dans l'usage parce que tout le monde envisageait ce double-sens. Tu simplifies quand même énormément beaucoup de débats qui portent sur l'instauration de cette règle, je trouve.

Ne serait-ce que la question de la pratique, qui rend la règle de proximité plus difficile à utiliser que l'autre règle (qui demande bien moins de réflexion et d'analyse, donc bien plus d'automatisme). Ceci s'ajoute à ce qui a fait que cette règle a fini par être couramment employée.
De même, tu dis que la langue évolue... Mais tu n'en tiens pas compte quant à la formulation d'une règle de grammaire ! Sous prétexte qu'une règle est formulée de façon sexiste, alors qu'il serait possible de justifier cette même règle sans discrimination, alors elle ne peut plus changer, parce qu'elle est née comme ça ! Pourquoi la langue ne pourrait pas changer dans ce cas, dans sa formulation de ses énoncés ? Ce serait trop simple ? /o\
Moi quand je vois "chef.fe.s d'entreprise" au lieu de "chefs d'entreprise", et bien ça change ma perception de ce qui est nommé ainsi. Je vois un groupe d'hommes et de femmes dirigeant des entreprises. Quand je lis "iels", ça me rappelle que le genre est un spectre bien plus complexe que je le conçois instinctivement.
Mais justement. Derrière "chefs d'entreprise", on peut percevoir un groupe d'hommes et de femmes dirigeant des entreprises. Derrière un "ils" dont on ne chercherait à déceler les différents membres, on peut penser au fait que le genre est un spectre bien plus complexe qu'on ne le conçoit instinctivement. Ce sont des pensées qu'on peut avoir, parce que ces groupes, lorsqu'ils ne s'adressent pas qu'à des hommes, SONT sujets à question. Et considérer qu'une personne qui n'emploie pas l'inclusif ne peut pas penser comme ça, c'est extrêmement stigmatisant.

Personnellement, j'ai du mal à voir l'invisibilisation d'un groupe de personnes, tout simplement parce que si je dis "ils sont là !", je vais compter sur le co-texte ou le contexte pour définir si ils se rapportent à des hommes, à des hommes et des femmes, à des hommes et des gens non binaires, à des femmes et des gens non binaires, à tout ça à la fois... Je trouve que ce n'est pas incompatible, c'est vraiment une question de projection derrière la langue.
Il y a plein de mots qu'on utilise couramment qui ne sont pas dans le dictionnaire, des tournures de phrases fausses, pour autant, on arrive quand même à comprendre quand les gens parlent ou écrivent, c'est incroyable.
Mais du coup, tu es d'accord que si je ne veux pas employer une de ces tournures de phrases fausses, je ne suis pas en tort, n'est-ce pas, au même titre que je te comprends quand tu l'utilises ?
