Désolée,mais je trouve tout ça un peu déplacé,quand même... et je sais très bien que l'intention n'était pas mauvaise.
Je suis blanche,très blanche même,et c'est clairement un privilège. Ma couleur,je ne la vois jamais. Elle n'a jamais entravé quoi que soit dans ma vie,au contraire. Mon père était originaire d'Afrique du Nord,et ce que j'ai entendu toute ma vie,moi,c'est : "t'a de la chance de faire française physiquement,de ne pas avoir hérité de la peau de ton père"... parce que j'ai les cheveux lisses,les yeux verts,la peau blanche... Et que lui a souffert du racisme et pas moi...
En fait, je pense qu'il y a une confusion qui est née par rapport à cet article entre la "peau blanche" dans le sens extrêmement pâle, vraiment proche de la couleur blanche et la "peau des blancs". "La peau des blancs" est liée à la notion de "blanchité", une construction raciale pas vraiment liée à la couleur réelle à l'inverse de la "blancheur" : parce qu'au fond, des "non-blancs" peuvent en fait avoir la peau plus pâle que des "blancs".
Bien sûr que la peau blanche est un avantage par rapport à quelqu'un qui a des traits qui n'ont pas l'air européens. La peau pâle sera effectivement valorisée si on est dans une situation de questionnement racial, par exemple si une blanche est à côté de personnes noires ou qu'on est une femme noire a la peau plus claire que d'autres femmes noires.
Dans de nombreuses sociétés, y compris la société française, les personnes non-"occidentales" seront jugées négativement si leur peau est de teinte foncée. Si tu vis dans certains endrois d'Asie ou dans d'autres pays "non-blancs", la pâleur de la peau est souvent synonyme de beauté, comme probablement ce que tu as vécu avec ta famille Nord-Africaine.
Par contre, chez nous et dans plusieurs autres pays occidentaux, parmi les peaux "des blancs", les peaux les plus pâles ne sont pas les plus valorisées. Une fois qu'on t'a identifiée comme une occidentale blanche, on admirera plutôt ta peau si elle est mate ou la plus bronzée possible. Dire à une personne racialement "blanche" : "tu es toute noire!" c'est un compliment (véridique, je l'entends super souvent) alors que ça n'en est pas un quand ça s'adresse à une personne racialement noire. Je pense même que cette pâleur peut être moquée chez des non-occidentales comme les femmes asiatiques en contexte français. En gros, si on n'attend pas de toi une peau naurellement foncée en raison de tes origines, on va t'applaudir si elle est hâlée. En revanche, si on attend de toi une peau foncée, la question raciale rentre en jeu et ce sera un facteur de rejet.
C'est justement tout le paradoxe : chez une personne racialement blanche, la peau foncée est positive car elle est associée à des marqueurs de prestige (vacances au soleil donc moyens financiers, temps passé en plein air donc supposément "mode de vie sain" etc.), chez une personne perçue comme noire, la peau foncée est négative car elle rappelle une origine ethnique dénigrée.
Par rapport à cet article, on est dans une question de diktats de la beauté et de complexes personnels (il faut être suffisamment blanche pour être identifiée comme racialement blanche mais pas non plus trop pâle) qui entraine des comportements nocifs comme beaucoup d'autres diktats de beauté (abus des UV artificiels, exposition excessive au soleil, utilisation de crèmes chimiques etc.).
Je pense juste que le titre de l'article est maladroit à cause de l'ambiguïté pâleur/blanchité raciale dans l'expression "j'ai la peau blanche" mais le but n'est pas de retourner les discriminations raciales. Le questionnement de l'auteur c'est en tant que femme blanche face à des critères de beauté s'adressant aux femmes blanches. On peut parler du racisme qui touche les personnes non-blanches d'un côté et des pressions liées à la beauté qui touche les personnes blanches de l'autre, l'un n'est pas renier l'autre, et ça n'est pas dire que les conséquences sont équivalentes. C'est un article qui s'adresse à certaines lectrices, pas à toutes, ça arrive souvent.
Je pense que certains paragraphes "polémiques" du style "Longtemps, la blancheur était un synonyme de beauté" peuvent sembler maladroits mais sont quand même explicités! Du style Juliette parle de "teint hâlé" valorisé, pas de peau foncée. Idem pour "le bronzage c'est pour les pécores", elle parle de bronzage pas de peau naturellement mate ou foncée.
Bref, si tu lis le témoignage de filles très pâles, ça peut être douloureux cette conception de la peau bronzée par des vacances au soleil = plus belle peau possible.
On ne parle pas de discriminations structurelles là mais de pressions sociales sur le corps. Je comprends que certaines formulations puissent choquer et peut-être qu'il faudrait les clarifier histoire qu'il n'y ait pas d'ambigüité, mais en relisant l'article sans se presser, on voit clairement qu'on n'est pas du tout en train de comparer peaux blanches/peaux noires mais plutôt peaux pâles/peaux hâlées.