J’aime ma fille mais je regrette d’être devenue mère

28 Décembre 2012
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@Kettricken je suis totalement d'accord avec toi, on ne peut pas savoir du tout comment on vivra le fait de devenir parent. Une de mes meilleures amies a toujours été childfree et très au clair avec ça, elle a cédé à la pression sociale après ses 30 ans (parents, conjoint), et... Elle adore être mère :) elle n'en veut pas d'autres ahah, mais clairement elle s'y épanouit (et tant mieux pour elle ! :jv:)
 
20 Octobre 2017
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En fait je pense qu'il y a 2 composantes principales dans le regret d'être mère :

1- le fait que ce soient les mères qui se coltinent tout le boulot, et que beaucoup d'entre elles élèvent seules leurs enfants MEME quand elles vivent avec le père (comme l'ont souligné d'autres Madz)
2- le fait qu'on présente encore et toujours la maternité comme l'accomplissement absolu, le bonheur parfait, à coup de petites phrases sans substance : "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", "il ne leur manque plus qu'un enfant", "son plus beau rôle : maman" (:sick:), "elle avait tout pour être heureuse : un mari et deux beaux enfants", etc etc. On ne dit rien, ou si peu, des difficultés et des contraintes qu'entraîne le fait d'avoir un enfant. Enfin la parole commence à se libérer (et tant mieux !), mais ça reste plutôt restreint au cercle féministe. Le jour où on pourra dire devant tout le monde : "bon, moi en fait ça me fait chier d'être mère" n'est pas encore arrivé à mon avis :cretin:

Ce serait intéressant de comparer la façon dont les femmes vivent leur maternité dans les pays très patriarcaux comme le nôtre vs. les pays plus égalitaires, types pays scandinaves (quand je vivais en Suède d'ailleurs je voyais tout le temps des pères se balader dans la rue avec des poussettes et des porte-bébés, alors qu'ici en France ça doit arriver quoi... une fois tous les 6 mois ? :rire:)

Ah et aussi il faudrait arrêter de faire comme si avoir des gosses était un passage obligé, et quelque chose qui convient à tout le monde. Comment ça pourrait l'être ? Il faudrait juste laisser le CHOIX aux gens, et particulièrement aux femmes, qui souffrent d'une pression monumentale à ce sujet. Aujourd'hui, je considère que les femmes ne peuvent pas exercer un choix libre et éclairé sur la question de la maternité (pression sociale, image de la femme comme mère avant tout, natalisme exacerbé, etc). Donc c'est bien normal si certaines regrettent.

En tout cas @Pinceau_ je trouve ton discours super, c'est vraiment génial de ta part d'oser briser ce tabou millénaire et de déconstruire le mythe de la maternité forcément heureuse. Des paroles comme la tienne, il en faudrait plus !
 
3 Juin 2021
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Je me souviens très nettement de ce témoignage et, au contraire, il me semble que l'auteure avait reçu un bon nombre de messages de soutien de la part des Rockies (mais ça fait 2 ans et je n'ai plus tout le thread en tête).

A mon échelle, je regrette déjà d'être devenue marraine, avec la régularité et la disponibilité que ça demande, avec l'idée d'engagement qu'il y a derrière aussi (même si j'ai une grosse tendresse pour mon filleul par ailleurs), mais ça n'est absolument pas comparable avec l'investissement d'une mère solo au quotidien. Je n'ose pas imaginer ce que ça représente de nourrir ces sentiments contradictoires envers son propre enfant. A la (re)lecture de ce témoignage et au détour de certains de tes posts sur les forums Rockie, je suis juste impressionnée par ta force, ton courage et le cadre que tu offres à ta fille.

Quand j'avais 25 ans, mon père m'a dit qu'il regrettait d'avoir eu des enfants et qu'il nous avait conçus pour de mauvaises raisons. Je suis la seule de la fratrie à avoir cette info et, effectivement, je pense que mes frères ne l'auraient pas pris avec le même détachement que moi. Son honnêteté m'a aidée à mettre des mots sur une impression floue que j'avais depuis longtemps, à avoir un éclairage sur mon enfance, à pardonner également quelques manquements en ayant enfin tous les éléments. A mieux comprendre aussi la dynamique qui s'est mise en place entre nous (pas nécessairement celle de parent/enfant) et pourquoi. C'était instructif et ça m'a permis d'avancer, en définitive. Je sais que ça n'a rien à voir avec nous en tant que personnes, mais que ce n'était pas merveilleux pour un childfree dans l'âme de se retrouver parent solo du jour au lendemain. Quand j'avais 15 ans et que nos relations étaient parfois conflictuelles, je n'aurais pas aimé entendre "moi je ne te voulais pas, par contre le parent qui te désirait très fort n'est plus là, bisou". Ça aurait évidemment été destructeur. Avec 10 ans de plus, dans un contexte bien différent, au détour d'un échange sur la parentalité, ça n'a pas eu le même impact. Au regard de tout ça, je trouve qu'il a extrêmement bien géré. Tout n'était pas parfait, c'est sûr, mais il a fait au mieux avec ce qu'il avait et ce qu'il était, il nous a transmis des valeurs positives et nous a rapidement rendus autonomes/acteurs de nos vies (bon il le faisait sans doute pour lui aussi, chaque petit pas vers plus d'indépendance devait le soulager, mais ça nous a rendu service pour la suite). Je n'ai jamais ressenti qu'il nous faisait payer son erreur et notre existence. Je n'aime pas trop ce que ça dit de moi, mais dans sa configuration j'aurais sans doute été incapable de faire les choses aussi proprement. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne veux pas d'enfant. Si je détestais être parent (comme je le pressens), voire si je venais à ne jamais réussir à m'attacher à l'enfant, je ne crois pas que je pourrais lui apporter tout ce dont il aurait besoin pour se construire sainement. Autant éviter.

Je comprends les arguments qui défendent l'idée de ne pas en parler à l'enfant, même si ce n'est pas ma conception (mais elle dépend beaucoup de notre propre éducation, à mon sens). Pour moi, c'est un peu trop réducteur de résumer éternellement 2 personnes, avec chacune sa propre expérience de la vie, sous le prisme parent/enfant et de toujours entretenir cette hiérarchisation à l'âge adulte. En fait, ça me met un peu mal à l'aise. C'est très personnel et sûrement discutable, mais je crois que je me sentirais trop infantilisée et que je ne le prendrais pas très bien. De mon point de vue, grandir, évoluer, c'est aussi ça : accepter que les choses ne sont pas toujours telles qu'on aimerait qu'elles soient, comprendre que tout n'est pas noir ou blanc, se rendre à l'évidence (les parents ne sont que de simples humains, pas des figures sacrées). Forcément, il y a des façons de le dire, des mots à choisir en fonction de l'âge et de la sensibilité de l'enfant pour ne pas écorner sa confiance en lui. Des moments plus opportuns que d'autres, aussi. Mais je crains que ce ne soit pas non plus très sain de taire ces choses qui, fatalement, se ressentent et de pérenniser ce tabou (encore plus lorsqu'il concerne les femmes). L'enfant d'hier est l'adulte d'aujourd'hui, il peut potentiellement devenir parent à son tour ; ça peut être bénéfique de libérer la parole au sein de la cellule familiale, d'aborder la question de la charge mentale et de ne plus sacraliser la parentalité comme on le faisait par le passé. Sans la dépeindre comme un calvaire sans nom, dramatiser et faire culpabiliser l'enfant, mais nuancer cette expérience me semble très nécessaire. Et puis, je trouve que c'est une preuve de confiance assez forte que d'aborder avec lui un sujet aussi délicat.

(Mon dernier paragraphe ne s'appliquant pas aux familles dysfonctionnelles et/ou toxiques, puisqu'il y a bien d'autres mécanismes et blessures en jeu, mais seulement aux configurations non-violentes comme celles décrites par l'auteure du témoignage.)
 
Dernière édition :

Kettricken

Hate is always foolish. Love is always wise
13 Avril 2011
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e fait qu'on présente encore et toujours la maternité comme l'accomplissement absolu, le bonheur parfait, à coup de petites phrases sans substance : "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", "il ne leur manque plus qu'un enfant", "son plus beau rôle : maman" (:sick:), "elle avait tout pour être heureuse : un mari et deux beaux enfants", etc etc. On ne dit rien, ou si peu, des difficultés et des contraintes qu'entraîne le fait d'avoir un enfant. Enfin la parole commence à se libérer (et tant mieux !), mais ça reste plutôt restreint au cercle féministe. Le jour où on pourra dire devant tout le monde : "bon, moi en fait ça me fait chier d'être mère" n'est pas encore arrivé à mon avis :cretin:
Tiens ce que tu dis fais écho à un truc dont j'ai discuté avec mon compagnon récemment.
Je lui disais que je mettrais bien des baffes à la moi de quand j'avais 15 ans qui assénait à mon amie "mais non, c'est im-pos-s-ible que ta tante aime être enceinte ! C'est pas logique. On est grosse, on a mal, on vomit... Ca doit être les hormones qui la font parler parce que c'est pas possible!'"
Mon compagnon se moquait de moi en disant que j'avais été une insupportable Miss-je-sais-tout. Et je me suis défendue en disant
- Oui mais personne ne te donne de bonnes raisons de pourquoi c'est génial. Tout le monde te dit que c'est merveilleux mais c'est une phrase convenue. Alors que les inconvénients, ben on les voit facilement

Et j'ai réalisé que dans mon parcours, ça avait été pareil pour la parentalité en général
J'avais été hyper consciente très tôt de tous les inconvénients, et quand on me disait "oui mais c'est merveilleux"... ben c'était pas un argument pour moi (personne trop logique represent :shifty: )

Et un jour une collègue qui n'essayait pas du tout de me convaincre d'avoir des enfants (et me défendait face au collègue qui tenait de le faire) m'a dit dans une discussion random
- Tu sais, moi c'est un des trucs que j'aime dans le fait d'avoir des enfants : je revis un peu la magie des fêtes de Noel et de l'enfance par leurs yeux
Et là boum ! Soudain j'ai eu l'impression d'avoir un vrai argument (autre que "je pourrai mourir pour mes enfants" asséné par l'autre collègue)
C'est pas forcément un argument qui parlera à tout le monde, loin de là. Mais rétrospectivement, je crois que c'est la 1ère fois qu'on m'a parlé d'un point positif concret

Et on devrait à la fois + parler des parents qui regrettent, des points négatifs de la parentalité (même si ça on en parle bcp depuis Foresti) mais aussi des points positifs concrets (qui dépendent de chacun bien sur)
Que ça donne de vrais moyens de réfléchir à ceux qui hésitent
Même si comme je disais, on peut réfléchir mille ans et quand même ne pas savoir à quoi s'attendre

Et oui, c'est hyper important qu'on puisse dire en public "oui je regrette d'être parent"
Ma collègue de 65 ans l'avait lâché devant un collègue de 20 qui l'avait regardé avec des yeux ronds. Le choc total apparemment
Ben j'avais trouvé ça hyper cool qu'elle le dise tel quel, sans s'excuser ni se flageler, et qu'elle s'en foute de son avis
 
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Tiens ce que tu dis fais écho à un truc dont j'ai discuté avec mon compagnon récemment.
Je lui disais que je mettrais bien des baffes à la moi de quand j'avais 15 ans qui assénait à mon amie "mais non, c'est im-pos-s-ible que ta tante aime être enceinte ! C'est pas logique. On est grosse, on a mal, on vomit... Ca doit être les hormones qui la font parler parce que c'est pas possible!'"
Mon compagnon se moquait de moi en disant que j'avais été une insupportable Miss-je-sais-tout. Et je me suis défendue en disant
- Oui mais personne ne te donne de bonnes raisons de pourquoi c'est génial. Tout le monde te dit que c'est merveilleux mais c'est une phrase convenue. Alors que les inconvénients, ben on les voit facilement

Et j'ai réalisé que dans mon parcours, ça avait été pareil pour la parentalité en général
J'avais été hyper consciente très tôt de tous les inconvénients, et quand on me disait "oui mais c'est merveilleux"... ben c'était un argument pour moi (personne trop logique represent :shifty: )

Et un jour une collègue qui n'essayait pas du tout de me convaincre d'avoir des enfants (et me défendait face au collègue qui tenait de le faire) m'a dit dans une discussion random
- Tu sais, moi c'est un des trucs que j'aime dans le fait d'avoir des enfants : je revis un peu la magie des fêtes de Noel et de l'enfance par leurs yeux
Et là boum ! Soudain j'ai eu l'impression d'avoir un vrai argument (autre que "je pourrai mourir pour mes enfants" asséné par l'autre collègue)
C'est pas forcément un argument qui parlera à tout le monde, loin de là. Mais rétrospectivement, je crois que c'est la 1ère fois qu'on m'a parlé d'un point positif concret

Et on devrait à la fois + parler des parents qui regrettent, des points négatifs de la parentalité (même si ça on en parle bcp depuis Foresti) mais aussi des points positifs concrets (qui dépendent de chacun bien sur)
Que ça donne de vrais moyens de réfléchir à ceux qui hésitent
Même si comme je disais, on peut réfléchir mille ans et quand même ne pas savoir à quoi s'attendre

Et oui, c'est hyper important qu'on puisse dire en public "oui je regrette d'être parent"
Ma collègue de 65 ans l'avait lâché devant un collègue de 20 qui l'avait regardé avec des yeux ronds. Le choc total apparemment
Ben j'avais trouvé ça hyper cool qu'elle le dise tel quel, sans s'excuser ni se flageler, et qu'elle s'en foute de son avis
Je trouve ton intervention très intéressante car globalement je n'ai pas le même ressenti sur la valorisation extrême de la maternité dont on parle beaucoup ici.



Je ne sais pas si c'est dû à mon entourage et à mes réseaux assez "féministe" mais j'ai surtout eu l'impression d'entendre parler du poids de la maternité, des responsabilités, du manque d'épanouissement, du ralentissement de carrière et des projets de voyage, etc..



Très personnellement tous ces discours m'ont pesé pendant ma grossesse, au point où j'ai eu l'impression de faire un baby-blues avant même le bébé.

J'ai été très soulagé d'avoir une amie devenue maman avant moi qui partageait les moments difficiles mais aussi tout son émerveillement de voir son bébé grandir et évoluer...



Je trouve donc fou comme les ressentis peuvent être différents entre celles qui ont l'impression de devoir surjouer le bonheur d'être mère et moi qui me sens presque coupable de parler de mon bonheur d'être maman quand je parle à mes proches qui sont childfree...
 
2 Août 2011
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J'aime beaucoup ce témoignage, je le trouve très touchant et je comprends ce que la Madz veut dire. On peut aimer son enfant mais pas les obligations/le statut de mère qui va avec.
De plus, j'ai souvent l'impression que ce statut, cette maternité, doit nous définir en tant que femme une fois qu'on est devenu mère mais je trouve ça débile. Quand j'aurais mon enfant, je serais sa mère oui, mais pas que ça (de la même façon que ma profession ne me définit pas en tant que personne). Je ne sais pas si la maternité va m'épanouir, je sais que je vais tenter d'être la meilleure mère possible pour mon enfant, ce sera déjà bien.
Je ne sais plus qui disait qu'on entend toujours parler des bons côtés de la maternité, que c'est magique mais sans jamais donner d'exemples concrets ou encore expliquer le pourquoi les gens ont voulu des enfants et je suis d'accord avec ça. On demande toujours aux gens (aux femmes) de justifier leur choix de ne pas avoir d'enfant mais jamais l'inverse, je trouve ça d'une stupidité sans nom. Perso, avec mon compagnon, nous avons réfléchi ensemble sur le pourquoi on veut un enfant. On sait ce que ça implique et on sait aussi que ça ne sera pas que paillettes et licornes (après par exemple, je ne suis pas une grande fan des bébés et je vais essayer d'être la plus disponible possible pour mon enfant mais ça ne m'empêchera pas de parfois lui dire que là non je ne veux pas jouer ou faire telle ou telle chose quand il sera plus vieux)

Ce regret de la maternité me fait peur mais, au moins, je vais dans cette "aventure" avec pas mal d'infos sur les mauvais côtés, je me dis que ça devrait me servir ! (à côté de ça j'ai hâte de voir mon futur enfant dans certaines situations, de partager des expériences avec lui et que lui puisse grandir ensemble tous les 3)

(big up à mes collègues qui se plaignent et qui sont franches sur leurs ressentis et qui parlent aussi des trucs mignons. J'aime bien quand ce n'est pas édulcoré.)

(je ne sais pas trop où je suis partie avec ce post mais tant pis)
 
21 Février 2014
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Je me souviens de ce témoignage, et je me rappelle qu'il y avait déjà eu une discussion sur la question du "est-ce ok de dire à ses enfants qu'on regrette d'avoir été parent".

Personnellement, je fais partie des adultes à qui un de leur parent leur a dit à un moment qu'ils regrettaient d'avoir eu des enfants, et qui le vivent très bien! Je ne sais plus qui avait posé la question, mais ça apporte aussi un témoignage par rapport au fait que ce ressenti peut évoluer avec le temps qui passe et probablement l'âge des enfants.

Quand j'avais 14 ou 15 ans, mon père m'a dit une ou deux fois que si c'était à refaire, il n'aurait pas eu mes sœurs et moi. Sur le moment je l'ai très mal pris, mais on avait une relation affreuse à cette époque, et il n'y a absolument pas mis les formes. Flash forward 12 ans plus tard, j'avais eu laaargement le temps de comprendre que ce regret n'était pas lié à nous, et ma relation avec mon père était beaucoup plus apaisée. Au détour d'une conversation je lui dit "ah oui, c'est vrai que toi tu aurais préféré ne pas avoir d'enfants au final" (c'était une conversation très cool et posée, pas du tout tendue, et c'était pas accusateur). Il me regarde interloqué en me demandant d'où j'ai tiré ça, il ne s'en souvenait pas du tout, et n'arrivait pas à croire qu'il m'avait dit ça, car "vous êtes la chose qui a le plus enrichi ma vie, vous me forcez à me remettre en question et vous me challengez, c'est pas toujours facile, mais vous m'apportez plus que ce que je ne peux décrire".

Je pense que ça illustre la manière dont 1) ça n'est pas forcément traumatisant pour l'enfant d'entendre les regrets 2) ces regrets ne sont pas forcément pour toujours.
Il m'a fallu quelques années pour comprendre ce que mon père avait voulu dire et ne plus être blessée, mais je pense que ma réaction était plus due au contexte dans lequel il m'a dit qu'il regrettait. On ne pouvait pas se blairer à cette époque et j'ai donc pris ça comme un rejet de qui j'étais et un signe de désamour, aussi parce qu'il n'a pas élaboré ou dit "mais je vous aime" ou autre. Mais j'en ai tiré beaucoup plus de trucs cool au final: ça m'a aidé dans tout ce processus d'arrivée à l'âge adulte où on comprend que ses parents sont des humains, où la relation se reconfigure. Ça m'a aussi poussé à me mettre à sa place, à faire un effort de décentration et d'empathie pas facile parce qu'il impliquait de laisser de côté mes propres (fortes) émotions pour considérer son point de vue à lui et le comprendre. Et quand notre relation est devenue meilleure, ça m'a aidé à devenir à l'aise avec l'idée que des fois on est dans une situation complexe inconfortable, avec plein de ressentis contradictoires, mais que bah, c'est comme ça, les choses sont pas noires ou blanches, etc.
Et puis, bah visiblement entre avoir 3 enfants (pré)ados et 1 adulte ou avoir 4 adultes, ce n'est pas le même vécu en tant que parent, et l'une des deux situations est plus facile à vivre :rire: Ce n'est qu'une supposition de ma part puisque lui visiblement il ne se rappelle même plus avoir ressenti ce regret, mais je pense que c'est le changement dans les relations familiales quand les enfants deviennent adultes qui l'a probablement fait disparaître chez lui. Avec le recul, je comprends que vu comment ça se passait mal pendant mon adolescence il ait pu regretter de s'être engagé là dedans en imaginant qu'il en aurait 2 autres du même calibre à venir. Et maintenant qu'on s'entend tous super et s'aime tous très fort, ça doit être beaucoup plus gratifiant.
 
8 Février 2014
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@cendre : j'ai exactement le même ressenti que toi. Ça doit vraiment être une question d'entourage parce que parmi mes amies quasiment aucun n'a d'enfant. La grande majorité est désintéressée du sujet en se disant que pour l'instant c'est pas trop le moment et une minorité de mes amies est totalement contre.
Du coup dès que ça parle d'enfant j'entends beaucoup plus dire "les enfants c'est nul", "rhoooo c'est beaucoup trop tôt, pense à ta carrière d'abord", ou des phrases beaucoup plus violentes que "oh c'est merveilleux".
Et franchement ça me rend un peu triste. Mais comme quoi ça dépend vraiment de l'entourage.
 
28 Décembre 2012
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@A Kane ton post me parle beaucoup car je prends conscience aussi de tout ce que ma fille m'a apporté et la façon dont j'ai évolué en devenant maman. Récemment je me suis dit que l'une des choses que je pouvais clairement retirer de la maternité c'est le fait de ne plus me laisser marcher sur les pieds. Avant, je me laissais marcher dessus parce que ben, c'était "juste moi" et donc pas grave, je pouvais bien encaisser.. (team #aucuneconfianceensoi et #jedérange). Avec ma fille.. ahahah. La louve en moi est sortie DIRECT. C'est en refusant que ma fille se prenne des remarques qui MOI me mettaient mal à l'aise que je me suis affirmée. Genre "à moi tu peux me dire plein de trucs blessants, mais tu touches un cheveu de ma fille ou tu lui dis un truc blessant.. Je te saute à la gorge". Genre toutes les petites phrases toxiques à la con "tu me fais un bisou sinon je ne t'aime plus" (Je répondais "ah non en fait le bisou c'est si ELLE veut et si tu ne l'aimes plus pour ça, il est tout naze ton amour"), "t'es pas jolie quand tu pleures" ("nan mais en fait personne lui demande d'être jolie elle se sent triste là") etc etc. Et de fait maintenant quand on me dit un truc déplacé à moi bah je ne me laisse plus faire. :lunette: c'est vachement agréable.

L'autre jour je me suis fait la réflexion qu'en fait j'aurais fait un excellent père. :lunette: pas trop dispo, vachement plus intéressé par son job et ses potes, ok pour emmener les gosses au ciné de temps en temps :drama: (ou une bonne Tata, c'est bien ça aussi :lunette:)
 
3 Septembre 2012
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Nantes
Pour étayer le sujet, si certaines personnes parmi vous sont intéressées, il existe un très bon bouquin de Orna Donath, intitulé "Le regret d'être mère", où la chercheuse étaye ce regret à partir de témoignages d'une grosse vingtaine de mères qui regrettent ce rôle de mère et la charge que ce dernier représente, tout en affirmant aimer profondément leur.s enfant.s. La chercheuse questionne notre modèle de société et le poids qu'il fait reposer sur la maternité et l'épanouissement inconditionnel qui devrait en découdre, bref c'est une très belle réflexion si cela vous intéresse :)
 
14 Octobre 2018
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"t'es pas jolie quand tu pleures"
C'est marrant que tu en parles, quand ma fille était petite j'ai entendu ma mère dire ça...
Mon sang n'a fait qu'un tour ! D'abord je lui ai dit "mais ça va pas la tête ?" Et ensuite je me suis rendue compte que j'avais entendu ça une partie de mon enfance mais que je m'en souvenais plus... :lol: Le choc... autant te dire que ça a débloqué des truc niveau psy !
Ce que m'a apporté la maternité ? Digérer ma propre enfance !!
 
23 Décembre 2012
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20anspasses.wordpress.com
@Tuna @cendre Oui comme vous, je suis toujours surprise de lire que la maternité serait présentée partout comme merveilleuse et épanouissante, et que les problèmes seraient "cachés".

Perso, j'ai toujours entendu des femmes autour de moi, pas forcément féministes du tout, exprimer leurs grandes angoisses face à la grossesse et à l'accouchement ou leur épuisement maternel. Enfin, je veux dire, j'ai toujours su que la grossesse et l'accouchement étaient très dangereux pour les femmes, et quand j'étais ado/jeune adulte, j'ai eu plus d'une amie qui disait avoir peur du jour où elle "devrait tomber enceinte" car ça leur rappelait les films du style Alien ou encore qu'elles étaient dégoûtées par les corps de femmes enceintes.
Et dans les milieux féministes, j'ai franchement l'impression que les difficultés de la maternité sont vraiment extrêmement largement discutées, au point où ça me parait un peu compliqué d'être féministe sans angoisser un minimum à l'idée d'être enceinte et d'accoucher.

Dans l'ensemble, j'ai pas du tout été exposé à une discours tellement reluisant sur le fait d'être mère. D'ailleurs, ma mère était au foyer (par choix, elle ne s'épanouissait pas du tout dans le monde du travail et beaucoup plus dans l'éducation de ses enfants), et je sais qu'elle a souvent mal vécu la manière dont on percevait les mères au foyer à temps plein, il y a quand même pas mal de monde (y compris beaucoup chez les féministes) qui trouvent que ça fait parasite et/ou meuf un peu pitoyable que de choisir de consacrer sa journée à ses enfants. Je me souviens que ma mère me disait qu'elle avait l'impression d'être une chercheuse en sciences humaines quand j'étais petite, à observer la formation du langage, du raisonnement, l'éveil aux sens, et que quand elle expliquait à quel point elle trouvait ça fascinant, on ne la prenait pas du tout au sérieux et elle avait l'impression qu'on la trouvait un peu ridicule comme une mère complètement gaga.
La mère d'une de mes amies a vécu une situation similaire, elle avait une carrière brillante dans un métier où les femmes étaient peu représentées à l'époque, donc c'était d'autant plus remarquable, dans une entreprise prestigieuse, mais c'était aussi d'autant plus dur au niveau professionnel, et à un moment elle a fait un burnout et a décidé qu'elle était bien plus heureuse à s'occuper de ses gosses qu'à gravir les échelons professionnels, et elle est devenue mère au foyer. Les gens ne le disaient pas forcément à voix haute, mais c'est resté longtemps cette idée de "gâchis" dans le fait qu'elle ait préféré passer ses mercredis à emmener le petit au Poney et ses lundis matins à s'approvisionner en Corn Flakes au Franprix plutôt que de participer à une réunion avec un PDG du CAC40, il y a longtemps eu cette vibe de "quel dommage qu'elle ait abandonné sa carrière pour ses enfants" dans toutes les interactions qu'elle avait où sa carrière était mentionnée.

Bref, perso, dans mon environnement, je trouve que la maternité n'est plus du tout présenté comme l'aboutissement ultime pour les femmes. D'ailleurs ça fait longtemps je pense, ma grand-mère a commencé sa vie professionnelle à 45 ans après avoir été mère de famille nombreuse au foyer et ne promouvait pas du tout la maternité comme le modèle féminin absolu. Du coup, perso, je trouve important de s'assurer qu'on ne balance pas d'un extrême à l'autre, pas la peine de refourguer des angoisses aux jeunes mères ou aux femmes qui aimeraient peut-être être mère en espérant effacer la notion de maternité = bonheur absolu.

(Mais je précise que je ne réagis pas par rapport au témoignage de @Pinceau_ ici car je ne trouvais pas son témoignage "effrayant" du tout et c'est plutôt constructif/intéressant de lire ça. C'est vrai que ce point de vue est relativement original par rapport à ce qu'on entend car il n'est pas vraiment négatif ou critique sur la maternité je trouve, c'est plus un vécu personnel qui est partagé et par une personne qui semble par ailleurs très intéressée par la question de la maternité (si ce n'est par la maternité elle-même) donc c'est plus en réaction aux messages disant "on entend toujours que la maternité c'est épanouissant, jamais que ça l'est pas", alors que c'est loin d'être mon expérience!)
 

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