@encre lumineuse
Je prends des AD depuis trois ans. Honnêtement les deux premières années j'avais l'impression que ça ne m'avait pas fait grand-chose. Dans le sens où comme toi j'étais toujours dans le mal-être.
Mais j'avais moins de crises d'angoisses, moins de stresser, plus envie de faire des choses qui me faisait plaisir, moins de mal à faire les choses par contraintes. Alors certes moralement je me sentais pas mieux. Mais j'avais retrouvé une certaine capacité à faire.
Les AD dans une dépression ne soignent pas vraiment le mal-être (je suis infirmière psy, donc j'ai étudié les effets des AD et surtout j'en ai l'expérience personnelle). En fait les AD servent juste à augmenter tes niveaux de sérotonine dans le cerveau, parce que la dépression entraîne une baisse significative. Du coup c'est censé te donner un certains coup de fouet on va dire. Une capacité à fonctionner mieux qu'avant.
Ce qui fait partir ton mal-être c'est un travail sur soi, comprendre d'où ça vient, comment ça t'affecte, comment tu peux passer outre. Et ça peut prendre tout une vie. Ça peut se faire avec l'aide d'un pro (quand on en trouve un bien), en thérapie de groupe, avec des proches, seule.
Perso j'ai d'abord commencé par une thérapie de groupe intensive en hôpital de jour à la suite d'une TS et d'un séjour aux urgences psy. Deux mois. Franchement j'ai pas l'impression que ça m'est aidé. Par contre ça m'a donné toutes les clés pour comprendre d'où venait mon mal-être. Et c'est déjà beaucoup.
Par la suite pendant un an et demi, j'ai continué un travail avec ma psychiatre. Une super. Mais j'avais pas l'impression d'avancer. J'étais toujours super mal.
En janvier je suis partie 6 mois chez ma mère. Déjà pour régler tous les soucis d'argent que j'avais laissé traîner à cause de la dépression. Aussi pour me confronter à un de mes problèmes principal qui me causait mon mal-être : mon besoin de reconnaissance de ma mère et de sa fierté. Le confinement a été dur. Clairement. On m'a bougé plus que ce que j'avais fait ces dernières années. J'ai craqué, pleuré, failli refaire une TS. Puis le déclic. Et trois ans après, je peux dire que j'ai enfin retrouvé une joie de vivre. Je pensais pas ça possible. Je sais pas comment l'expliquer. Mais c'est là et tant mieux.
Concernant les AD pour moi c'est à vie. Je suis bipolaire, avec une tendance à plus de phases dépressives. Du coup ça m'empêche de plonger.
Pour l'arrêt je déconseille grandement l'arrêt d'un coup. Déjà parce que les AD entraîne une dépendance physique, et que les symptômes sont très bof quand tu arrêtes d'un coup : vertiges, nausées, vomissements, augmentation des cauchemars, fatigue ++, état chelou comme si on a bu. Et de plus cela laisse ton cerveau qui est dépendant des AD pour créer de la sérotonine sans rien du tout, et les envies suicidaires, les crises d'angoisses et le stresser reviennent en masse.
Si tu veux vraiment pas te faire suivre pour ça, il faut les arrêter très progressivement pour que ton cerveau prenne le relais et recréer de la sérotonine par lui-même. Soi enlever un cachet par semaine de ton traitement (si tu en prends deux par jour, un jour tu en prends un, etc, et en enlever un chaque semaine). La plupart des généralistes (et même des psychiatres) ne s'y connaissent pas si bien en sevrage des AD. J'ai pu avoir une formation sur ça, c'est très particulier. Sur ce bon courage.