Je me demande si c'est possible de développer un esprit "scientifique" sur le tard, si vous avez de l'expérience dans ce domaine?
Je m'explique, j'ai toujours été une très bonne élève mais il y a toujours eu n énorme fossé entre mes résultats dans les matières dites littéraire et les matières scientifiques. J'excellais dans les matières littéraires sans effort et je parvenais à maintenir un niveau correct en maths avec pas mal d'efforts jusqu'à la 4e. A partir de la 4e, je suis devenue littéralement nulle en maths et en physique, j'ai eu des 0,5 et des 4 sur 20 alors que j'avais 16 en français et en histoire. Je prenais des cours particuliers pour atteindre un niveau très médiocre et j'arrivais à suivre vaguement et comprendre ne serait-ce que les exercices uniquement si des amis m'expliquaient en parallèle du prof mais autrement, je ne comprenais vraiment rien et du coup je détestais ces cours, j'ai fait semblant d'être malade plus d'une fois pour ne pas aller en physique en Seconde. Du coup j'ai fait un Bac L et ensuite des sciences humaines à la fac où le seul cours desagréable pour moi était le cours de statistiques appliquées, tout le reste j'adorais et j'étais très bonne.
Donc je suis restée avec cette idée que j'étais très handicapée en sciences, que je n'étais vraiment pas douée.
Or, là, je fais un job qui ne nécessite pas de sciences mais dans un domaine avec beaucoup de scientifiques et comme mon entreprise nous encourage si on veut reprendre des études, j'aimerais faire un Master qui m'aiderait à avancer dans mon domaine. Il y en a un super intéressant et que j'adorerais faire mais quand je lis la description des modules, ça l'air d'avoir de bonnes composantes scientifiques. Ils disent qu'avoir une bonne compréhension des maths est un avantage mais pas obligatoire.
Donc j'arrive pas à savoir si ça va être horrible et impossible pour moi ou si je dois me faire confiance. Mon niveau en maths à 19 ans est-il déterminant maintenant que j'en ai plus de 30 ans? De manière générale, j'apprends très vite et je comprends très vite, et je pense que ça s'est même amélioré avec le temps et l'expérience donc pour n'importe quel autre Master non scientifique je me dirais "je peux le faire" même avec quelques lacunes. Là, j'ai de gros doutes car j'ai vraiment un souvenir hyper désagréable des cours de physique de 2nde et de statistiques de Licence.
Ça vous est déjà arrivé de développer des compétences dans un domaine scientifique sur le tard alors que vous aviez pas des bases très solides?
J'auto-cite ce message du mois de mai, car j'avais envie de donner des nouvelles. Donc voilà, j'ai finalement décidé de faire le Master en emploi du temps aménagé donc au premier semestre, je n'ai que deux cours, un très facile car j'ai déjà un Master de recherche en sciences humaines et en gros ça explique comment faire de la recherche en sciences humaines à des gens qui n'ont qu'une licence, et un cours beaucoup plus compliqué pour moi où on nous apprend des concepts de physique et donc on utilise des maths. Attention, c'est vraiment hyper basique pour des vrais scientifiques je pense. Pour vous donner une idée, le manuel qu'on a dit que ça s'adresse à des gens "sans bases techniques" et venant de domaines plus littéraires/sciences humaines et qu'on ne va utilise que de "très peu de maths". Sauf que ça reste très compliqué pour moi de comprendre ce qu'on raconte et que personnellement, je trouve qu'il y a des maths TOUS LES PARAGRAPHES.
J'ai raté le premier cours à cause de problème d'inscription et j'ai mis 3 semaines à recevoir le manuel (impossible à trouver en librairie et emprunté à la bibliothèque) donc autant dire qu'à chaque nouveau cours, je ne comprenais pas la moitié de ce que racontait le prof car je n'avais pas suivi le début, et mon écart ne s'est pas amélioré au cours des 3 semaines suivantes. On est une toute petite classe, seulement 5 élèves, donc je pourrais poser des questions facilement en fait. Mais au début, je me sentais vraiment stupide de ne rien comprendre, je me disais que j'allais poser des questions idiotes puisque je ne savais pas ce dont on allait parler avant, que sûrement que c'était ma faute car mon niveau en maths était catastrophique, qu'il fallait que révise chez moi avant de poser des questions, etc.
Et puis en fait, je me suis rendu compte que quand le prof expliquait des choses qui faisaient écho à mon expérience professionnelle, je les comprenais vachement mieux que quand il expliquait une théorie en précisant que "dans la vraie vie c'est pas comme ça" et que je ne voyais ABSOLUMENT PAS où il voulait en venir par rapport à l'application concrète de cette théorie (genre dans quel contexte pro on va l'utiliser en fait?
). Là déjà, je me suis dit qu'il pourrait quand même faire des efforts pour donner des exemples de à quoi correspond ceci ou cela dans la vie réelle ou comment on va l'utiliser, parce qu'il voit bien que quand il pose une question où il dit "la réponse est très facile à trouver", ya un silence de mort dans la classe pendant 5 minutes avant que quelqu'un lance finalement un truc au hasard pour casser le malaise, truc qui s'avère 95% du temps faux, donc que clairement, ça ne nous parle pas des masses ce qu'il raconte à ce stade.
Et puis j'ai commencé à potasser le bouquin. Les premiers chapitres sont très clairs et m'ont beaucoup éclairée, mais disons qu'ils expliquent en fait des trucs théoriques en les comparant à la vraie vie. J'ai lu les 3 premiers chapitres en 1h. Puis le 4e chapitre, bah ça fait TOUT LE WEEKEND que je bosse dessus. Et je suis censée avoir lu 7 chapitres pour la semaine prochaine
Au début, vraiment, je me sentais super bête et vraiment nulle. Je me disais que j'avais des lacunes pas possible, que c'était grave d'être autant une catastrophe en maths, que je partais vraiment de loin. Parce que tous les paragraphes, je devais googler quelque chose. Et je savais que pour des scientifiques, c'était vraiment hyper basique. Genre, j'ai dû chercher ce qu'était puissance -1 en maths, pi, la trigonométrie, un sinus et un cosinus et concrètement c'est quoi la différence entre les deux, une énergie acoustique, une puissance en physique, le mot log, la différence entre kp et p, la pression, etc. Chaque fois que je googlais un truc, j'y passais au moins 30 minutes pour trouver une réponse compréhensible, parce que les définitions me paraissaient complètement obscures et abstraites, avec des mots compliqués qui n'avaient aucun sens pour moi ou alors leur idée d'une définition c'était un truc du genre "
l'énergie acoustique est équivalent à xp3/7XML au carré sur le cosinus de (92log12)/X puissance moins 24dB dont on retire le coefficient 24 de kwz" (oui je sais ma formule n'a aucun sens mathématiquement mais c'est l'impression que ça me donne
), donc une simple définition ne suffisait pas : il fallait déjà que je trouve quelque chose qui ne soit pas destiné 2e année de prépa ingénieur, et en plus il fallait que je passe un bon moment à lire toute une page pour arriver à comprendre à quoi correspond un cosinus.
Et en plus, je sais bien que j'utilisais pi au collège et qu'on parlait de cosinus, d'où le fait que je me sentais extrêmement stupide et honteuse de devoir googler ça. Et puis en fait, après 3 heures à googler un mot toutes les demi-pages, ça a commencé à me SAOULER. Je me suis dit que non, désolée, c'est pas juste moi le problème en fait. C'est aussi que visiblement, les experts des maths sont incapables de se mettre à la place d'une personne lambda. Parce qu'en fait bah c'est normal que je sache plus trop à quoi sert pi déjà. Parce que oui, je me souvenais bien que c'était 3,1416 la valeur, mais je me souvenais plus du tout pourquoi on avait ce nombre et dans quel contexte exact on l'utilisait. Et oui, c'est NORMAL que j'ai oublié ça parce que dans la vie de tous les jours, quelqu'un qui ne fait pas un métier scientifique n'utilise JAMAIS pi.
Et en fait, le livre part du principe qu'on va comprendre de quoi il parle, mais NON!!! Quand le gars nous dit "alors on va calculer kp", alors qu'il n'a JAMAIS JAMAIS dit ce que c'était kp avant et que quand je google kp, ça me donne des définitions incompréhensibles pour quelqu'un comme moi, bah je suis désolée, je trouve que c'est qu'il fait pas bien son job de vulgarisation, et ça m'énerve d'avoir l'impression d'être une idiote intrinséquement nulle en maths alors que c'est normal au final que je ne comprenne pas d'où sort kp.
Parce que je précise qu'en fait l'idée du cours que je fais, c'est pas qu'on fasse des calculs complexes et des formules mathématiques, mais qu'on comprenne comment ça fonctionne quand D'AUTRES font ces formules pour nous. Donc si on ne m'explique pas à pas, je vois pas trop comment on peut dire "je m'adresse aux personnes sans bases techniques".
Donc bon, au début, je complexais pas mal mais maintenant, je me dis que NON, je ne suis pas si nulle en maths, parce qu'en vrai, les trucs de maths que j'utilise au quotidien, je me débrouille très bien avec alors que beaucoup de gens autour de mois galèrent beaucoup plus. Par exemple, quand je dois faire ma compta freelance, j'arrive à trouver toute seule quelles formules écrire dans Excel pour obtenir les chiffres qui m'intéresse. Je sais estimer les taxes sur mon salaire, je sais faire des moyennes complexes. Oui, sûrement que ça me prend du temps et que mes calculs sont bien plus alambiqués que quelqu'un de meilleur en maths, mais je sais comment arriver au résultat quand je comprends la finalité d'un truc mathématique.
Mais quand on me sort des mots ou des symboles du chapeau en se disant que je sais sûrement ce que c'est alors que NON, j'ai quasiment jamais été confrontés à ces éléments avant dans ma vie, bah c'est pas que ma faute si je galère à comprendre de quoi on parle pendant un moment!
Bref, tout ça pour dire que je pense que je peux y arriver et que je pense que c'est moins compliqué que ça en l'air, mais par contre, ça me demande pas mal d'efforts, dont je suis sûre que certains pourraient m'être épargnés en expliquant de manière un peu plus accessible et claire. Donc je pense quand même que ma sensation d'être nulle en maths vient pas forcément de mes capacités "innées" mais aussi du fait que la manière dont on me les a enseignés ne me parlaient pas beaucoup, pas forcément au fait que dans l'absolu, je suis incapable de comprendre les maths.
Comme je n'ai plus fait de maths théoriques depuis 15 ou 20 ans, bah je n'avais jamais trop réalisé. Mais vraiment, là quand je lis le livre ou que j'entends mon prof, je me dis que moi aussi je pourrais faire complexer des non-littéraires en utilisant des tournures de phrases ou des mots soutenus/du jargon qu'ils maitrisent mal. Ils auraient tout autant l'impression d'être nuls dans les matières littéraires parce que mon discours assuré est obscur que moi avec les maths. Ya quand même moyen de parler avec des mots plus simples ou de décortiquer plus précisément. Parce que JE SAIS qu'on a besoin du mot juste pour expliquer un concept, mais si ce mot juste est comme un mot d'une langue étrangère pour la personne à qui on s'adresse, bah on va pas aller bien loin tant qu'on lui a pas expliqué dans sa langue!
Et l'autre truc aussi, c'est que c'est quand même assez vrai que moins on peut mobiliser des expériences de la vie réelle pour comprendre un concept, plus c'est compliqué à comprendre. Dans mes posts après celui que j'ai cité, j'avais mentionné des études que j'avais lu disant que ça pouvant être plus compliqué pour les filles que pour les garçons de comprendre certains concepts étudiés en physique au lycée parce que les jeux connotés masculins (pour ma génération en tout cas) illustrent mieux les concepts physiques que les jeux connotés féminins (les jeux de ballon, les jeux électroniques, etc., ça permet de comprendre plus facilement les expériences sur la poussée, le frottement de l'air, etc.). Bah je trouve pas ça absurde parce que parfois, je comprenais pas trop un truc du prof, et je me rends compte qu'une partie de mon cerveau était en train de scanner mes expériences de vie pour trouver un truc sur lequel s'appuyer pour comprendre. Et quand une explication me rappelait un truc du boulot, j'arrivais beaucoup mieux à me projeter dans la théorie que quand je n'arrivais à rattacher ça à absolument rien que je connaissais.
Enfin voilà, je voulais faire un bilan temporaire, je vous parlerai de mon expérience de littéraire qui reprend des cours de maths basiques à nouveau plus tard car j'ai deux modules un peu "chaud" pour moi, celui-ci et un autre l'an prochain que j'appréhende encore plus! Mais je compte bien y arriver, déjà parce que si j'ai une bonne note, mon boulot me paye probablement une partie du diplôme et sinon non donc la motivation est là
EDIT: Ah oui et si certaines d'entre vous ont des ressources qui expliquent très simplement et bêtement les maths à des gens qui s'y connaissent pas trop, bah ça m'intéresse! (livres, vidéos, sites, etc.)
), et même en ayant eu une expérience scolaire positive et sans animosité particulière pour personne dans cette promo ça me soulait tellement de me dire que je devrais y aller ! J'ai gardé contact avec les gens avec qui je voulais rester amie, et pour les autres... bah ou je ne voulais pas garder contact de base parce qu'on n'était pas proches, ou je me suis éloignée/iels se sont éloigné.es de moi parce que c'est la vie et c'est pas grave. Et si un jour je me réveille avec une folle envie de savoir comment va Machinette de Seconde B je peux toujours lui envoyer un message sur les réseaux
(notamment ce fameux moment où subitement les maths deviennent une langue étrangère, généralement quand la trigo s'en mêle). C'est compliqué parce que l'enseignement des maths devrait pousser à déconstruire et reconstruire des logiques, pour s'entraîner à formuler des concepts qui se détachent de ce qu'on connaît déjà. Mais au lieu de ça, on reste figés dans un modèle et après c'est galère pour notre petit cerveau de se faire à d'autres connaissances (je trouve). Enfin bref. Pas de pavé j'ai dit 
