@TennanTen
Depuis un petit temps je fais des tournées avec la Croix-Rouge auprès des SDF d'un quartier ; même si on leur propose du café, un peu de nourriture et qu'on essaie de satisfaire leurs demandes, notre principale mission, c'est de dialoguer s'ils en ont envie (donc de faire l'inverse de la majorité des passants, aka s'éloigner un peu d'eux, ne pas les regarder, ne pas leur parler). Au fur et à mesure, j'ai appris à les connaître, je m'inquiète pour eux, ils connaissent des pans de ma vie, bref, c'est un dialogue qui va dans les deux sens.
Depuis je suis incapable de donner de l'argent à un SDF (y compris ceux que je ne connais pas), parce que dans mon chef, ce serait ça le mépris de classe. Je préfère prendre le temps d'un bonjour, d'un sourire, d'une question, d'une phrase, bref, considérer la personne comme une personne et pas comme un SDF. Certain.es trouvent que c'est pas ok et pire que de donner des sous ("à quoi sert la dignité humaine si tu meurs de faim ? tu te trompes de priorité, imagine si tout le monde faisait comme toi"), mais moi j'arrive vraiment plus, ça me gêne super fort. Et comme de toute façon, il y a plus de gens qui donnent des sous que de gens qui font la papote, j'ai fini par arrêter de m'en vouloir de pas donner de monnaie. Mais ce fut long et pas évident.
(j'ai vraiment été en paix avec ça quand je me suis aperçue que quand je faisais la papote, je le faisais non pas comme un acte de ""charité"" empreint de pitié, mais comme un acte citoyen, "banal", un peu comme quand je tiens la porte à quelqu'un qui est lourdement chargé)