@sur-le-fil : Je me suis fait plusieurs fois la même réflexion que toi sur le café
J'en buvais pas y'a 4 ans, et avec la fac je suis devenue accro, j'en bois tous les jours aux pauses (même si là j'essaie de faire des économies). Perso, je penche beaucoup plus pour une interprétation interactionniste que pour une interprétation physiologique, mais bon je m'avance, je ne suis pas médecin
Je veux bien croire qu'il y ait une accoutumance physique à la caféine (j'allais écrire nicotine
et d'ailleurs je trouve que les deux schémas clope/café se ressemblent beaucoup) qui se créée, mais je crois aussi en grande partie que le café fait partie des petites pratiques quotidiennes qui permettent d'aménager l'espace de travail, de le personnaliser, et qu'en ça, cette manie de boire du café à toutes les sauces quand on est au boulot ou à la fac est éminemment sociale.
Boire un café ensemble ça permet de se rassembler, de rompre le côté hyper formel de l'ambiance du travail, et je crois que, tout aussi con que ça puisse paraître, c'est un gros vecteur de lien social. Bien sûr, quand on propose un café à l'autre, on ne se dit pas "tiens, si je réactualisais le lien social avec mes collègues, si je me ré-appropriais un peu mon travail en prenant mes aises". Non, parce qu'on a intériorisé cette pratique, qu'elle s'est tellement routinisée qu'on ne la questionne plus, on ne se demande pas pourquoi on boit du café, on ne cherche pas de raison pour en boire, ou bien à la limite on dit qu'on est en manque de café (et pourtant je ne pense pas qu'on en ait forcément envie ou besoin physiquement, je crois qu'on pourrait s'en passer). On en boit sans se poser de question, parce que c'est presque un rituel sur le lieu de travail. Comme tu le dis, c'est surtout une pratique qui rassemble les collègues, on te propose un café, tu acceptes, symboliquement ça te fait aussi appartenir au groupe, tu participes, tu fais comme les autres, tu adoptes les mêmes pratiques.
En plus de la dimension symbolique, de ce que le café représente pour la cohésion du groupe (même si bien sûr la cohésion ne tient pas qu'au café
il ne manquerait plus qu'on soit exclu parce qu'on n'en boit pas
) et parfois pour le travail lui-même, la boisson, et particulièrement la boisson chaude, recouvre en elle-même un côté convivial (je trouve). Une boisson chaude tu ne peux pas la boire d'une traite, elle t'occupe les mains pendant quelques minutes. Du coup ça t'oblige à te décentrer, ne serait-ce que physiquement, du boulot. Ça te resitue en tant qu'individu, je sais pas, je trouve que ça t'apporte une petite liberté, tu gères ton café, tu reprends un peu le pouvoir sur le boulot et encore une fois ça joue sur la ré-appropriation individuelle du milieu de travail. Et puis le fait que ce soit long à boire ça permet aussi de mettre en place un petit moment privilégié pour échanger, une petite pause d'une ou deux minutes que tu t'accordes le temps de boire ton café. D'ailleurs rien que le côté chaud de la boisson ça a quelque chose de rassurant, qui rappelle la maison (mais ce côté "comme à la maison" a l'air de te perturber, justement parce que ça franchit un peu une limite entre espace intime et espace public peut-être)
Bon désolée je pars dans tous les sens et tout ça ne sont que des hypothèses, mais je trouve que c'est très intéressant cette histoire du café, je suis sûre qu'il y a déjà eu des travaux sociologiques sur le rôle du café au travail ou à la fac... Et ça m'intrigue maintenant ! Ça ferait un sacré sujet de mémoire ça d'ailleurs
Pas citer svp