Je ne supporte pas (en fait si, je le supporte plutôt bien mais je ne savais pas où écrire ça) cet espèce de besoin que j'ai de me ressourcer après avoir passé une période très stimulante socialement.
C'est bizarre, parfois j'ai l’impression d'atteindre une sorte de « climax de sociabilité », un "orgasme" social après lequel il faut que je me retrouve juste face à moi-même. Comme si j'avais été trop stimulée, trop investie dans une conversation avec autrui, et que j'avais besoin de recharger les batteries.
Ça peut m'arriver après une journée riche en conversations dans lesquelles j'étais à fond, et même parfois après juste une conversation qui était très dense et qui m'a passionnée. C'est bizarre ce besoin de me recentrer, comme si je ne voulais pas que cette sensation délicieuse d'être comprise et écoutée, intéressée par mon interlocuteur, aille trop loin. Comme si je sentais qu'il fallait que je me repose intellectuellement (pas au sens où je dis des choses trop intelligentes hein ! au sens où je dis des choses qui me font trop travailler le cerveau parce qu'elles me tiennent à coeur), que je me stoppe.
C'est comme si je me mettais une "barrière de sécurité" à moi-même : je pourrais continuer à parler des heures (et parfois je tire la corde jusqu'au bout quand je suis trop à fond et que je sens que je ne peux pas m'arrêter) mais j'ai l'impression qu'il est nécessaire que je n'explose pas mon seuil de "passion", par peur que mon cerveau explose à force d'être trop "investie".
Ça se manifeste d'ailleurs physiquement : quand je suis dans cette effervescence, j'ai souvent des dyspnées (difficultés à reprendre mon souffle, ça me le fait depuis que je suis mouflette d'ailleurs ça), ou alors je mange trop vite, je fais tomber des objets parce que je ne tiens plus en place, je bouge mes jambes, mes bras, bref, je cherche à évacuer... Bref c'est louche. J'adore ça, et en même temps ça vide, c'est un mélange de sensations.
Et même parfois, je m'en veux d'avoir été autant à fond. Je me dis que j'ai dû avoir l'air possédée ou illuminée, que j'ai monopolisé la conversation, que j'ai eu l'air de la philosophe qui voulait à tout prix ramener sa science, que j'ai rebondi sur tout... J'ai peur d'avoir été épuisante pour l'autre à lui balancer autant d'informations dans la face, et peur d'avoir bouffé la place de ceux qui m'écoutaient (même si on ne m'a jamais reproché ça, en général les gens aiment plutôt quand je m'enflamme comme ça, mais moi je m'en veux toujours un peu).
C'est bizarre hein (et même ici, quand j'ai fait un pavé trop introspectif ou trop « plein d'interrogations ou de pistes », je m'en veux un peu parfois).