Je ne supporte pas ma propension incroyable à contourner les obstacles. J'ai l'impression qu'en fait je passe presque ma vie à ça. (pas citer).
Je rate mon permis deux fois et je n'ai plus de sous ni de motivation ? Pas grave, je laisse tomber et je laisse mon code se périmer, de toute façon je n'ai pas besoin de voiture. La lanière de ma mallette d'ordinateur casse ? Bouarf, j'en rachèterai une plus tard, en attendant si je mets un mousqueton ça fera bien l'affaire. Ma batterie d'ordi n'a plus aucune autonomie et il doit être sur secteur tout le temps ? La flemme d'en racheter une (c'est même pas une histoire d'argent puisque creuser mon découvert est une de mes passions), je me mets toujours au fond de l'amphi pour me brancher quitte à ne rien entendre. Mes cheveux sont abîmés aux pointes ? Oh bah non je les aime trop longs, je vais les nourrir avec des soins au lieu de couper pour qu'ils repartent de plus belle. La braguette de mon jean est cassée et le bouton a disparu ? Je ne vais pas le faire réparer, c'est tellement plus sympathique de refermer le jean en faisant passer un élastique dans les trous réservés au bouton. Je sens/sais que je suis malade mais je ne sais pas si j'ai une carte vitale ? Oh bah tant pis, un doliprane et un peu d'automédication feront l'affaire, de toute façon « j’aime pas les médecins ». Il faut son numéro d'étudiant pour se connecter au net à la fac ? Pourquoi prendre une minute pour apprendre ces 9 chiffres (ce que tous les autres ont fait) alors que je peux faire un copier/coller à chaque fois que je veux me connecter si je les note sur un post-it virtuel ? La mémoire de mon téléphone est pleine ? Oh bah non je ne vais pas supprimer tous mes sms, c'est tellement plus pratique d'en supprimer un à chaque fois que j'en reçois un, pour pouvoir le lire. Mes partiels sont dans 3 jours, tout le monde me dit que mes cours sont super intéressants et originaux ? Ouais mais non, je ne vais quand même pas commencer à les lire ce soir alors qu'on a encore 2 jours de vacances, c'est tellement plus agréable de tout découvrir la veille pour le lendemain, de se sentir en retard sur tout le monde, d'avoir la pression et d'être dégoûtée la nuit avant l’exam parce que j'ai envie d'approfondir tout mais que je n'ai pas le temps. Je ne sais pas faire mes lacets par la méthode "rapide" (une boucle) ? Oh ben non, je ne vais pas apprendre cette méthode que je mettrais 30 secondes à assimiler, autant continuer à faire ce que je fais depuis que j'ai 2 ans (la méthode des deux boucles). J'ai un dossier à faire sur un sujet qui me passionne et j'ai encore 15 jours devant moi ? Même logique, pourquoi m'appliquer et prendre mon temps alors que je peux faire ça avec l'adrénaline des derniers jours. J'adore écrire des articles, on me conseille de faire des stages dans des journaux ? Oh non, je ne sais pas ce que je ferai dans 1 mois, donc prévoir un stage, impossible, je préfère continuer à faire mes petits articles dans mon coin sans vrai projet, c'est tellement plus marrant.
C'est ça quoi, je passe mon temps à fricotter avec l'obstacle, à négocier avec la nécessité. J'arrive à mes fins mais par des voies parallèles, et en plus je suis sûre que bien souvent, je m'épuise plus (moralement et physiquement) à prendre des chemins détournés pour ne pas "obéir" à la nécessité que si je prenais des choix drastiques une bonne fois pour toute. J’ai l’impression que je veux toujours m’assurer que je peux arriver à me débrouiller sans faire comme tout le monde (pas par volonté de me démarquer mais parce que faire « comme il faut » me demande un effort psychologique), sauf que ça finit par être épuisant.