Je ne supporte pas de réaliser que je suis dépendante de l'alcool.
Ma dépendance n'est pas physique : je ne crois pas que mon organisme ait développé une accoutumance à l'alcool, je ne crois pas que mon corps en réclame quand je n'en bois pas (de toute façon, mon pauvre corps, il vomit très souvent cet alcool d'ailleurs
), et moi je ne ressens bien sûr aucun manque physique si je ne picole pas pendant des jours.
Non, ma dépendance est sociale, et c'est encore plus pervers parce que comme ce n'est pas physiologique, on a tendance à penser que c'est pas une dépendance et à ne pas remettre ça en question, comme si ça coulait de source.
Mais finalement quand j'y pense, ça ne coule pas de source
. Et je crois que je suis bien plus dépendante aux effets de l'alcool qu'à l'alcool en lui-même. Je ne parle pas spécialement des alcools forts bus en quantités astronomiques : même un verre de bière ou de vin rentrent dans ce contexte.
Globalement, j'ai besoin d'alcool pour parler aux mecs qui me plaisent, pour me lâcher et aller voir tous les gens que je veux, pour danser. L'alcool me fait perdre un peu le contrôle de mon corps, il me fait flotter la tête... Quand j'ai bu et que l'alcool est monté, je ne pense plus à l'image que je vais renvoyer, je ne flippe plus de passer devant une rangée de personnes... Je parle plus librement, j'ai comme une petite adrénaline parce que je ne sais pas toujours jusqu'où j'irai dans ma consommation et que je sais ça m'ouvrira des portes pour l'instant méconnues. Et après, j'aime les lendemains de soirée où il me reste un peu d'alcool dans le sang et où je zone en faisant encore un peu n'importe quoi.
J'aime la capacité qu'a l'alcool à me faire éclater de rire, alors qu'en temps normal je n'éclate de rire qu'avec des gens très proches. J'aime cette ivresse qui me désinhibe, et pour ça je suis prête à supporter d'avoir des trous noirs le lendemain et d'avoir oublié 2 heures de ma soirée, parce que je reste quand même sur une bonne impression, l'impression d'avoir lâché prise, de m'être évadée le temps d'une parenthèse. Je ne suis pas "différente" quand j'ai bu, je suis juste plus simple. Je suis une « moi » qui se prend moins la tête : je m'autorise à être lourde avec mes blagues, à faire chier les gens, à m'amuser avec les inconnus, à leur raconter n'importe quoi, à parler de mes sentiments... Bref, je fais un peu tout ce que j'aimerais bien faire en étant sobre mais que je ne fais pas, par convention ou par gêne. D'autant plus que lorsqu'on boit, on sait que tout le monde est dans le même état d'esprit, on se sent appartenir à un groupe, je trouve que ça rapproche les gens. Ça fédère.
En fait l'alcool c'est vraiment, pour moi et pour énormément de gens, une clé pour l'évasion. Et ça m'attriste un peu de réaliser que j'ai besoin d'une substance pour lâcher prise, pour me sentir libre et pour oublier les tracas du quotidien. J'aimerais oser séduire les mecs sans la moindre goutte d'alcool, j'aimerais être capable de danser sans avoir besoin de boire, j'aimerais pouvoir trouver cette euphorie et cette « confiance » à l'intérieur de moi et pas à l'extérieur, ou du moins j'aimerais ne pas avoir besoin d'un déclencheur pour m'aider à y parvenir.
J'admire les gens qui s'éclatent sans avoir besoin d'alcool, en fait moi ça me paraît improbable de rayer l'alcool de ma vie. Je vivrais bien, mais il me manquerait cette impression de perte de contrôle collective.
Pas citer svp, j'ai l'impression d'être une grosse alcoolique là et j'éditerai