Je ne supporte pas ma propension à parler trop vite. Je déteste quand je dis, à chaud, quelque chose que je ne cautionne pas vraiment moi-même et que je ne dirais pas à froid lorsque je prends un minimum de recul. Si ça m'arrive en présence de personnes que je connais bien et qui savent que c'est une réaction simpliste mais que mon point de vu réfléchi sur la question est différent, ou si je suis dans une discussion longue et que je peux rectifier l'éventuel malentendu, alors ça va. Mais quand ça m'arrive avec une personne que je ne connais pas beaucoup et avec qui je ne peux pas continuer la conversation (parce que je n'ai pas le temps, parce que ça donnerait l'impression que je me justifie, ou que sais-je encore) pour mieux exprimer mon point de vue, ça me fout automatiquement un peu les boules. Une fois que j'ai dit ma connerie, je culpabilise. Je me dis que j'ai dit un truc irréfléchi/intolérant/moqueur etc., que moi-même je trouve ce que j'ai dit très con, que vu que la personne ne me connaît pas très bien elle pourrait s'imaginer que c'est le fond de ma pensée, et que je gagnerais à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler.
En fait je trouve que c'est un des gros points faibles de l'oralité par rapport à l'écrit : on maîtrise plus difficilement l'interprétation qui sera faite de notre parole. Quand tu dis un truc à la va-vite à l'oral, tu ne peux pas toujours revenir sur ce que tu as dit, les circonstances ne sont pas toujours propices, tu ne vas pas glisser une dissertation où tu te contredis toi-même en argumentant au sein d'une micro-conversation (ou alors tu prends le risque de faire chier tout le monde et de t'écouter parler
). Je trouve que parfois à l'oral, c'est difficile de faire valoir ses « vraies » idées (sauf peut-être pour les personnes très réfléchies qui parlent peu mais parlent bien).
En fait pour moi l'oral est plus spontané que l'écrit, et je trouve que ça nuit souvent à la complexité de la réflexion (je ne dis pas que mes réflexions sont complexes, mais plus que ce qu'elles semblent l'être si on m'écoute quand je parle « vite fait » je pense
).
Je ne dis pas non plus que l'oral est voué à ne proférer que des banalités ou des réflexions incomplètes. Ça peut être super pour approfondir, mais il faut pour ça que le contexte soit propice : une discussion où on a le temps et l'occasion de s'exprimer et d'approfondir, un débat... Quand c'est une micro-conversation ou un échange avorté, ça se corse. En ça, je trouve vraiment que s'exprimer à l'oral comporte une part de risque. Et il y a des jours où j'ai du mal à supporter ce risque, vu que je déteste avoir l'impression d'être mal comprise et que j'ai une grosse phobie des malentendus
Pas citer svp