Le problème est dans ma tête... Je le sais... Mais ça empire. C'est invivable. Ça me poursuit. J'en peux plus.
Dans les mauvaises périodes, je repars avec ma fixation sur mon poids. Sur mon cul. Je me trouve énorme. Alors que j'ai jamais été aussi mince. Mais c'est plus fort que moi. J'ai l'impression d'avoir un cul énorme, d'avoir des bourrelets, des "poignées d'amour", un double menton.
Alors qu'on voit mes côtes. Alors que je sens mes vertèbres. Je sens presque mes os sur les hanches. Ça me fait peur. Mais je peux pas m'en empêcher. M'empêcher de tout surveiller, tout contrôler, pas manger trop, voire carrément pas manger du tout. Je tiens plus mes séances de sport. Et je me trouve quand même trop grosse.
Je ne sais pas de quoi c'est parti, mais je sais que ça remonte à mon adolescence. Quand j'ai commencé à prendre du poids avec la puberté, les règles, alors que j'avais toujours été sportive, athlétique, j'ai commencé à avoir des hanches... Et je me rappelle très bien qu'on me disait "fais attention, grossis pas trop, tu n'es plus svelte comme tu l'étais avant, surveille-toi, arrête pas le sport"... Mais avec les études, j'avais plus le temps d'y aller aussi souvent qu'avant, j'avais même plus le temps d'y aller du tout. Et on me l'a reproché. Alors on me faisait des réflexions quand je mangeais.
"Tu vas manger tout ça ?!" / "Ah ben, t'as pas froid aux yeux !" / "Vaut mieux t'avoir en peinture qu'en nature !" / "Mais t'as déjà fini de manger ?!!"
Autant de commentaires qui m'ont fait me sentir comme une ogresse. Et je pense que c'est comme ça que j'en suis arrivée à me regarder le cul et les cuisses tous les jours. À guetter le moindre bout de gras qui oserait s'y aventurer. J'ai tout essayé, l'hypnose, le psy, l'emdr, mais ça revient quand même. C'est devenu comme un TOC presque, quelque chose dans ce style, dont je ne pourrais pas m'en empêcher. J'ai toujours eu bon appétit, j'y peux rien, j'adore cuisiner, préparer des bons plats, me faire plaisir en mangeant. Mais là ce n'est plus un plaisir, c'est de la torture. Je n'ai plus envie de cuisiner. Plus envie de manger. Plus rien n'a de goût. Et ça me rend triste. Et surtout, j'ai faim. Le cercle vicieux est en place.