D'un côté, je comprends les réactions de certain.e.s qui réagissent à l'article en y lisant une dédramatisation de la précarité ou de la misère. Et, on est d'accord, le paysage politique, économique et social étant ce qu'il est, écrasant un nombre dramatique de personnes, vouloir édulcorer le problème en disant qu'on peut trouver le bonheur ailleurs, c'est problématique. Faudrait définir ce qu'est le bonheur, mais là... J'ai pas vraiment le courage, et en plus, ce mot a perdu tout son sens pour moi vu que j'ai l'impression qu'il est toujours plus utilisé comme un argument marketing. Evidemment parler de bien vivre quand on a pas de quoi se payer les choses les plus élémentaires pour être en bonne santé et épanoui, c'est un discours dangereux. Je vous rejoins à 100% là-dessus. Aussi sur cette question autour des "métiers-passion" qui sert à justifier des conditions salariales injustes.
Pourtant, je n'ai pas eu l'impression, à la lecture de l'article, que @QueenCamille faisait l'apologie de la pauvreté, ni ne lui donnait un vernis romantique. Je l'ai vraiment pris comme un partage de son expérience propre, et je m'y reconnais beaucoup. Je ne vis clairement pas dans une misère noire, mais je suis dans une situation plutôt précaire. (Pas trop envie de me justifier, je l'avoue, de vous donner les détails de mon compte en banque, parce que sinon, on ne s'en sort plus. Pas trop envie d'être "légitimée" ou pas sur le sujet. J'écris ça en toute bienveillance, hein.
)
Et, je me dis les mêmes choses. Que ça va, que je n'ai pas besoin de beaucoup plus d'argent pour aller bien. Je dépense le juste nécessaire pour me loger, me nourrir et, de temps en temps, boire une bière avec des copains. (Dans ma situation, j'ai le minimum pour ça, et je m'estime chanceuse). Pour le moment, ça me va. J'ai conscience que c'est une situation qui ne peut pas être pérenne cela dit, parce que je veux avoir des enfants, et que je ne peux, en aucune façon, pour le moment, réagir en cas de grosse tuile de la vie.
Mais si je suis si positive à ce sujet, en ce qui me concerne, et si ça m'a fait du bien, quelque part, de lire cet article, c'est parce que j'en ai besoin. Sinon je sombre dans l'angoisse qu'engendre ma situation financière. Alors j'essaie de voir, pour moi, ce que ça peut avoir de bons côtés. Et, comme l'autrice, j'en vois quelques uns dans ma vie. Je ne suis pas matérialiste, je consomme peu, et à mes yeux, c'est une bonne chose. Mais ça n'est pas DU TOUT une vision que je me permettrais d'élargir à la vie des autres. C'est une réflexion qui me concerne, moi. Politiquement et socialement, je me battrai toujours pour qu'on ne fasse pas la promotion de la frugalité ou du minimalisme pour masquer les souffrances des personnes qui sont exploitées et qui n'ont pas assez pour vivre.
Et si des gens récupèrent ma réflexion personnelle sur ma situation pour le détourner et dédramatiser la précarité... Mais qu'est-ce que j'y peux?! Je me raconte comme je peux/veux, j'en ai besoin pour avancer. Je ne peux pas arrêter de penser et de m'exprimer sur comment je vis ma vie, de peur que ça soit réutilisé. Peut-être que j'ai tort, finalement. Mais, d'une façon ou d'une autre, je n'ai pas envie de servir d'étendard: que ma situation soit présentée comme typique d'une jeune précaire qui "galère et qui doit compter chaque centime", ou au contraire, typique d'une jeune précaire qui "s'en sort quand même parce qu'elle est si positive et qu'elle profite des joies simples de la vie".
(J'espère que ce post est clair, j'ai un peu galéré à exprimer ma pensée.
)
Pourtant, je n'ai pas eu l'impression, à la lecture de l'article, que @QueenCamille faisait l'apologie de la pauvreté, ni ne lui donnait un vernis romantique. Je l'ai vraiment pris comme un partage de son expérience propre, et je m'y reconnais beaucoup. Je ne vis clairement pas dans une misère noire, mais je suis dans une situation plutôt précaire. (Pas trop envie de me justifier, je l'avoue, de vous donner les détails de mon compte en banque, parce que sinon, on ne s'en sort plus. Pas trop envie d'être "légitimée" ou pas sur le sujet. J'écris ça en toute bienveillance, hein.

Et, je me dis les mêmes choses. Que ça va, que je n'ai pas besoin de beaucoup plus d'argent pour aller bien. Je dépense le juste nécessaire pour me loger, me nourrir et, de temps en temps, boire une bière avec des copains. (Dans ma situation, j'ai le minimum pour ça, et je m'estime chanceuse). Pour le moment, ça me va. J'ai conscience que c'est une situation qui ne peut pas être pérenne cela dit, parce que je veux avoir des enfants, et que je ne peux, en aucune façon, pour le moment, réagir en cas de grosse tuile de la vie.
Mais si je suis si positive à ce sujet, en ce qui me concerne, et si ça m'a fait du bien, quelque part, de lire cet article, c'est parce que j'en ai besoin. Sinon je sombre dans l'angoisse qu'engendre ma situation financière. Alors j'essaie de voir, pour moi, ce que ça peut avoir de bons côtés. Et, comme l'autrice, j'en vois quelques uns dans ma vie. Je ne suis pas matérialiste, je consomme peu, et à mes yeux, c'est une bonne chose. Mais ça n'est pas DU TOUT une vision que je me permettrais d'élargir à la vie des autres. C'est une réflexion qui me concerne, moi. Politiquement et socialement, je me battrai toujours pour qu'on ne fasse pas la promotion de la frugalité ou du minimalisme pour masquer les souffrances des personnes qui sont exploitées et qui n'ont pas assez pour vivre.
Et si des gens récupèrent ma réflexion personnelle sur ma situation pour le détourner et dédramatiser la précarité... Mais qu'est-ce que j'y peux?! Je me raconte comme je peux/veux, j'en ai besoin pour avancer. Je ne peux pas arrêter de penser et de m'exprimer sur comment je vis ma vie, de peur que ça soit réutilisé. Peut-être que j'ai tort, finalement. Mais, d'une façon ou d'une autre, je n'ai pas envie de servir d'étendard: que ma situation soit présentée comme typique d'une jeune précaire qui "galère et qui doit compter chaque centime", ou au contraire, typique d'une jeune précaire qui "s'en sort quand même parce qu'elle est si positive et qu'elle profite des joies simples de la vie".
(J'espère que ce post est clair, j'ai un peu galéré à exprimer ma pensée.
