jessie-2;4791627 a dit :
Alors que je sois pas au top sur des tas de trucs, je veux bien l'entendre et le croire, mais qu'est-ce que mon caractère et ma façon de fonctionner avec les collègues (et je dis bien collègues parce qu'avec les patients c'est un autre sujet, ya une grosse part de relationnel importante et qui rentre dans les compétences) a à voir là dedans tant que je fais mon boulot ?
Aaah mais ça, c'est parce que la société fonctionne sur le modèle extraverti ! C'est hyper frustrant pour nous, on nous piétine sans arrêt et ça peut même affecter notre vie professionnelle et la façon dont on est perçus par notre hiérarchie. J'espère que tu trouveras une parade pour te mêler un peu plus aux autres sans que ça te pompe trop. Je me souviens d'une hospitalisation pendant laquelle j'observais les infirmières, leur façon de bosser entre elles, comment elles agissaient, etc. Ouais, beaucoup de small talk, faut être disponibles à la fois pour les patients mais aussi pour les collègues, et elles avaient jamais vraiment l'air d'avoir la paix au final.
Dans mon dernier boulot, on s'étonnait que je préfère rester seule à midi pour manger devant mon pc alors que tout le monde allait à la cantine de la boîte. Euh... Entre le calme intégral d'un étage totalement vide et le bordel sans nom d'un réfectoire bondé où tu dois parler super fort tout en mangeant... Donc oui, tous les midis je mangeais seule et c'était trop bien, surtout quand la collègue assise en face de toi te parle non stop du matin au soir. J'avais mon petit truc à emporter, ma musique, et je surfais, ou j'écrivais, ou je lisais tranquillou. Mais du coup, on t'intègre moins, t'es pas dans les petites discussions, tu rates des bruits de couloir parfois importants (oui, c'est paradoxal) mais qui ne se disent qu'entre ceux qui traînent régulièrement ensemble (les grosses boîtes c'est l'enfer pour ça).
Heureusement, j'ai jamais été jugée strictement sur mon comportement lié à mon introversion mais c'est aussi parce que depuis le temps, j'ai appris à avoir un personnage plus social, plus "avenant". Avant, je faisais peur (on me l'a dit à l'université... lol) maintenant, et pour avoir bossé dans la communication, je sais comment agir pour faire valoir ma présence dans une situation sociale. Enfin, si ça m'intéresse et que ça en vaut le coup. Mais ça reste très fatiguant, et chaque moment dans la journée où on peut se retrouver avec soi-même... quel bonheur...
J'avoue aussi que si j'ai monté ma boîte et que je bosse chez moi c'est en grande partie "à cause" de mon introversion. Plus ça va et plus j'ai du mal à avoir affaire aux gens. J'adore sortir de temps en temps, marcher dans les rues, croiser des gens, faire quelques magasins, mais il faut que ce soit rare et que je contrôle quand, combien de temps, que j'aie un but précis, etc. Y'a pas longtemps, j'ai bossé sur un festival pendant 2 jours. Je courais partout, y'avait un monde fou, c'était extrême pour moi. Eh bien après ça, j'étais bien contente de pas avoir à rempiler sur un boulot en bureau. Je suis restée chez moi à récupérer de ces deux jours, et parfois, récupérer peut prendre plusieurs jours pendant lesquels je ne veux voir personne (même si je suis en coloc, mais c'est avec ma soeur qui est comme moi et notre relation nous permet de vivre H24 ensemble sans que notre présence ne soit gênante).
Pour info, en Amérique, Susan Cain (auteure de Quiet: The Power of Introverts, traduits en français "La force des discrets", je crois) essaie de mettre en place des choses pour les introvertis, notamment en entreprise. Et c'est en train de prendre, très doucement mais elle rencontre des gens. Je rêve d'une chose pareille en France, qu'on prenne enfin conscience que près de la moitié de la population fonctionne différemment de cette autre moitié qui monopolise tout... (mais qu'on aime quand même... à petites doses
)