Salut les Madz !
Je suis très triste de lire les messages échangés sur ce forum. Triste, parce que nous partageons tou-t-e-s le même choc mais semblons incapables de passer au dessus de nos émotions personnelles pour essayer de nous comprendre. En vous lisant, j'ai le sentiment de voir la France se déchirer et que tout cela ne fait que commencer. En sommes, que deux fous ont réussi à nous diviser, nous, les français.
Je comprends que les musulmans soient choqués par certains dessins car les représentations de leur prophète sont interdites, tout comme les catholiques et tous les autres religieux pratiquants, les féministes, les beaufs, les gaullistes, les gauchistes, les partisans de l'extrême droite, bobos, les hommes, les femmes, etc. peuvent se sentir choqués par Charlie Hebdo... Tout le monde en prend pour son grade, avec Charlie.
Il faut simplement garder en tête que ces journalistes étaient athées et cherchaient à faire passer un message. Prendre ces dessins personnellement alors que le public ciblé n'a ni visage, ni nom, ni origine, ne peut mener qu'à la colère. L'intérêt d'une caricature est de faire réfléchir, d'aller au delà du dessin et du texte. Une caricature ne représente pas une réalité, elle en dénonce une.
Ce magazine est loin d'être parfait, tout le monde en convient. Je ne pense simplement pas que faire le procès des contenus de Charlie Hebdo soit productif parce que tout le monde est dans l'émotion. Le sujet nous dépasse.
S'en prendre à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo est une erreur. 10.000 personnes seulement étaient abonnées à ce magazine et connaissent vraiment le contenu du journal. Les autres ne savent pas de quoi ils parlent, ils n'ont eu que des aperçus. Et nous savons tou-t-e-s qu'il est possible de faire dire tout et son contraire à une image sans son contexte. En parallèle, les journalistes ont acquis un statut de martyre, le sujet est donc très sensible.
Par ailleurs, le problème est-il vraiment Charlie ou plutôt le contexte français ? Car je le rappelle, Charlie s'en prenait à tout le monde.
Si vous vous intéressez aux hommes et femmes mort-e-s, vous réaliserez qu'ils étaient tous imparfaits mais agissaient pour les étrangers, les minorités, les défavorisés, etc. Je ne cherche pas à les défendre, j'aimerais juste qu'on ne s'arrête pas à quelques dessins pour critiquer tout un journal.
Je comprends les musulman-e-s qui se sentent blessés aujourd'hui. Deux fous se revendiquant de leur religion ont massacré douze personnes dans un pays aux vieux relents d'islamophobie et de racisme. Et on leur demande en plus de se désolidariser d'eux.
Pourquoi, plutôt que se déchirer sur un sujet aussi récent et explosif, ne pas se saisir de l'occasion pour expliquer les vraies valeurs de l'Islam, non pas pour se justifier mais pour éduquer les français ? Pourquoi ne pas en profiter pour expliquer votre propre statut de victime des terroristes ?
Je sais que vous êtes fatigué-e-s de devoir expliquer. Les français m'épuisent par leur intolérance pour d'autres raisons qui me sont propres, mais aucun peuple n'est parfait.
Ce que je cherche à dire, c'est qu'en s'agressant les un-e-s les autres, en se taxant de raciste, de 'tu ne peux pas comprendre', en étant en colère, nous permettons aux terroristes de gagner en nous divisant.
La culture ambiante française est aujourd'hui raciste et il règne clairement une peur de l'Islam et de l'étrangère voilée. Mais ce n'est pas par la colère, par la violence des accusations, et en se montant les uns contre les autres que nous avancerons.
Expliquez, ne criez pas même si c'est difficile.
Et ne vous trompez pas de cible. Charlie n'était qu'un journal parmi d'autres et si ses dessins ont pu vous blesser à cause du climat ambiant, de vos croyances personnelles, ou pour d'autres raisons, allez chercher au delà de ces images ou ne vous y arrêtez tout simplement pas. Charlie n'était pas populaire, même parmi les racistes : c'était un petit journal qui agaçait beaucoup mais n'avait que peu d'influence.
Faites de nos différences une force. Créez des ponts, de l'empathie. S'accusez mutuellement ne mène à rien.