@Mels
Comparer fourrure et viande est absurde. La viande est vue comme un produit de première nécessité par certaines personnes. Certainement pas la fourrure. On ne parle pas du tout du même niveau de nécessité donc. Fourrure et viande c’est pas le même combat du tout, la comparaison ne me semble pas tout à fait appropriée.
Concernant " l’absence de nécessité de manger de la viande " :
Tout le monde n’est pas convaincu que manger vegan est bon pour la santé. Et pour de bonnes raisons. D’abord, le mouvement est trop récent pour savoir les changements que cela pourrait apporter sur plusieurs générations. Ensuite certaines personnes semblent ne pas supporter le régime.
On peut même pousser la réflexion plus loin est s’interroger réellement sur l’éthique.
Premier fait qui complique déjà largement le débat, il n’existe pas UNE éthique mais DES éthiques. Peut être autant d’éthiques qu’il y a de personnes mais pour schématiser considérons les grands courants présents : d’abord les diverses religions qui entre elles sont déjà en désaccords sur leurs valeurs morales, voire parfois ne sont pas claire dans la même religion (combien de mouvements différents chez les catholiques ?), ensuite les mouvements politiques (entre un tenant de l’ultralibéralisme et du capitalisme ou entre un écologiste et un productiviste, on observe des fossés éthiques). Et il y a toutes les autres influences, les mouvements de droits aux personnes, les arts, etc.
Bref, pour une personne tuer un « mécréant » est absolument OK et pour une autre procéder à une interruption volontaire de grossesse est un crime impardonnable. Tuer des êtres humains ne fait déjà pas l’unanimité alors si on parle d’animaux… Si on rajoute le concept de nécessité, ou plutôt d’absence de nécessité, de tuer pour manger, ça se complique encore plus.
La question était, en gros, où est l’éthique dans le fait de tuer un animal quand ce n’est pas nécessaire ?
On ne reviendra pas en détail sur ce que je pense de cette « absence de nécessité » et on supposera qu’elle est réelle pour répondre à cette question comme elle a été posée.L’éthique étant un sujet plutôt volatile et personnel, essayons de penser en termes de faits et non d’émotions.Comment définir que quelque chose est éthique ou non, si on essaie de penser plutôt que de ressentir ? Pour moi la réponse est d’observer les conséquences envisageables lors de l’action en question et définir si elles sont positives, négatives ou neutres.
Quelles sont les conséquences, donc ? La mort d’un animal. Disons un lapin.
Qu’est ce que ça change pour le monde, l’environnement immédiat, son environnement proche ? Rien.
Qu’est ce que ça change pour lui ? Il est mort.
Pour sa famille ? Rien du tout. Les lapins ne connaissent pas le deuil.
Pour les humains ? Ils mangent un lapin.
A première vue le lapin a beaucoup perdu et les humains ont gagné un bon repas (ce qui peut ou ne pas être beaucoup). Mais est ce que le lapin a jamais été conscient d’être vivant ? D’être un lapin ? Est-ce qu’il reconnaissait son reflet dans l’eau qu’il buvait ? Est-ce qu’il pensait à un moyen d’éviter sa mort ? De profiter au mieux de sa vie. Ou de la saboter. Non. Parce que c’était un lapin, que son cerveau faisait la taille d’une noix et qu’il était régit entièrement par ses instincts.
Je ne suis pas un spécialiste de la psyché des lapins mais ce que je sais c’est que l’énorme majorité des animaux ne réfléchit pas, ne pense pas. Ils ressentent et font. Ils ne possèdent comme pensée que ce dont ils ont besoin pour survivre.
Bien sûr si nous nous mettons à la place de ce lapin, on risque de ne pas être d’accord. Mais si on se met à la place de ce lapin, on sera un lapin et on ne se souviendra même plus de ce qu’est la mort ou la vie. Et on suivra son odorat jusqu’à une source de nourriture avant de suivre son sens de l’orientation pour retourner au terrier et dormir avant de se réveiller pour faire la même chose, sans aucune variation, sans ennui, sans attente pour le futur, sans espoir et sans désespoir. Parce que notre cerveau n’est simplement pas capable de tout ça. Se mettre à la place de l’autre pour décider si quelque chose est éthique ou pas, ça ne fonctionne pas forcément avec les humains parce qu’est déjà difficile de comprendre ce que pense ou ressens un autre être humain. Mais se mettre à la place d’un animal est simplement absurde et leur faire ressentir des sentiments et des idées purement humaines ne changera pas le fait qu’ils sont des animaux et qu’ils sont limités par la complexité et la taille de leur cerveau.
Je ne dis pas que je suis entièrement d’accord avec cette version de l’éthique que j’ai exposée.
Mais parler d’éthique comme d’un fait certain, encore plus quand on observe l’anthropomorphisme qui existe chez nombre de personnes quand il s’agit de comprendre les animaux, me semble pour le moins présomptueux.
En gros:
Les végans pensent que les animaux sont égaux aux hommes. Ou que la valeur de leur vie l’est. C’est une croyance. Qui plus est une croyance qui va à l’encontre de la science puisqu’il est prouvé que le niveau de conscience d’un animal est incomparable à celui d’un humain.C’est un choix d’accorder une valeur identique à des êtres fondamentalement différents. Et sous prétexte que ce choix vous semble moralement supérieur, les personnes en désaccord sont directement ou indirectement pointées du doigt comme ne respectant pas l’éthique.
Honnêtement, je serai plutôt du genre à admirer quelqu’un qui décide de " respecter " la vie et de participer au minimum à la mort d’êtres vivants avec toutes les difficultés que ça inclut. Je trouve cela beau et j’ai du mal à voir un quelconque point négatif pour le monde si c’est bien fait. Au contraire. Mais si cette même personne me dit que je ne respecte pas l’éthique en agissant d’une autre façon, ça ne va pas le faire. Je ne viens pas dire à quiconque comment vivre sa vie personnelle, personne ne peut présumer pouvoir le faire avec moi.
Car, comme la religion, le véganime est et devrait rester quelque chose de personnel. Et les gens devraient aussi se souvenir que leur croyance est bien cela : une croyance. En bref. Si quelqu’un souffre émotionnellement de savoir que des animaux sont tués pour subvenir à ses besoins et décide de devenir vegan, good for him/her. Vraiment. Mais c’est là que cela doit se terminer.
Lutter contre la surproduction animalière ? Évidemment. (Prouvé que c’est mauvais pour tout le monde –sauf quelques dirigeants et propriétaires de sociétés agroalimentaires-)
Lutter contre la souffrance animale ? Évidemment. (Les animaux sentent la douleur. Ils ont des nerfs. C’est prouvé.)
Lutter contre " l’exploitation animale " de manière très générale voire dogmatique, mais sans regarder de plus près les spécificités et les portées des actions entreprises ? Tant qu’il y a une base scientifique prouvée oui.
Désolée pour la longueur de ce post ...