Stage dans une boîte où les cadres (tous blancs, quasi tous des mecs de l'âge de mes parents) sont TRÈS TRÈS bien payés et le savent.
NB : je parle ici "des cadres" en opposition aux techniciens parce que c'est ce que j'ai vécu pendant ce stage : ceux en haut de l'échelle étaient particulièrement irrespectueux et les autres grimaçaient/soupiraient discrètement devant leur comportement.
Et ça m'a mise d'autant plus mal à l'aise qu'à l'issue de mes études je serai cadre et que j'aurais à travailler avec des gens comme eux. Je me faisais pas spécialement d'illusion, le sexisme est présent partout, mais là il était particulièrement décomplexé.
Je suis en jupe tailleur le premier jour, comme on me l'avait recommendé. Plusieurs cadres le remarquent et rigolent entre eux (et devant moi) sur le fait qu'ils aimeraient bien être derrière moi quand je vais devoir me pencher pour éviter des tuyaux dans les étages techniques. J'ai le même âge que certains de leurs enfants. Je ris jaune parce que c'est mon premier jour, que je suis trop timide pour oser répondre quoi que ce soit et que ça se voit, parce que je vais rester quelque temps là et que je ne veux pas passer pour une gamine relou. Je ne suis plus jamais venue en stage, quitte à mourir de chaud dans mon pantalon noir quand il faisait 40.
Déjeuner avec une grosse partie de l'équipe, donc certains de ces cadres. Ils passent la moitié de leurs déjeuners à commenter les filles qu'ils voient passer dans la rue par la baie vitrée, rigolent sur comment ils les baiseraient bien ou traitent de putes celles qu'ils trouvent habillées trop court. Ces relents de slut-shamming me filent la gerbe mais je suis toujours trop timide pour intervenir face à eux alors que je me tais. Heureusement, certains de mes collègues sont tout aussi dépités que moi et on échange des regards dégoûtés (ils ont déjà passé des années à essayer de leur faire comprendre que c'est problématique comme comportement, mais ils ne sont "que techniciens et n'ont rien à dire", les cadres le leur ont bien rappelés).
Un chef de service va bientôt rentrer de vacances, ma collègue m'avertit en grimaçant qu'il est "un peu bizarre", qu'il "a un certain fétichisme pour les cheveux, il adore passer la main dedans, surtout quand ils sont un peu étonnants en couleur ou texture, alors avec ta coloration flashy il risque d'essayer avec toi", mais elle essaie quand même de me rassurer en disant que "au moins, c'est que les cheveux et pas les seins...". Les cadres rigolent parce que "ça on n'en sait rien, il le fait peut-être aussi, haha !"
L'idée me donne envie de vomir, mais je me dis que c'est peut-être un peu exagéré, qu'il ne pourrait pas se permettre ça... J'essaie de m'autoconvaincre, mais je n'y crois même pas. Il arrive le lendemain, c'est un petit papi qui devrait déjà être à la retraite et à l'air tres sympathique... Et dont le regard devient lubrique dès qu'il s'approche de moi. Il essaie de toucher mes cheveux sous les rires des cadres et je réussis à éviter le contact sans savoir comment. Je dis que je n'aime pas qu'on touche à mes cheveux, que ça me met mal à l'aise et que ça me dérange. Ça le fait rire et il recommence presque tous les jours jusqu'à mon départ. Il réussit, une fois, alors que je parlais avec une collègue d'un problème que je n'arrive pas à résoudre et que je n'ai pas remarqué sa présence.
Il a des gestes déplacés, aussi, qui amusent beaucoup les autres cadres (ils me disent même de me détendre et de me décoincer. Alors que c'est leur présence qui me met profondément mal à l'aise.) Il pose une main lourde et possessive sur mon épaule, ma collègue me tire immédiatement à l'écart. Une autre fois, un technicien que je ne vois que le midi me pousse sur le côté et prend ma place. J'allais râler mais je vois la main du VieuxPervers à 2 cm de là où se trouvaient mes fesses la seconde d'avant... (le technicien avait vu l'approche du pervers et m'a poussée pour l'empêcher de me toucher)
Et des tonnes et des tonnes d'autres comme ça, de la part de mecs qui se pensent au dessus des autres par leur argent et leur statut.
Les mecs avec les jolis sweats ou t-shirt de leurs écoles d'ingé ou de commerce qui me sifflent quand je passe devant eux, parce que je suis en jupe par 35°, parce que j'ai des talons avec mon jean, parce que mon manteau est ouvert malgré les 3° vu que je suis en retard et que je cours et que je crève de chaud malgré le froid.
Les mecs de mon école qui rigolent entre eux parce qu'une "pute habillée comme ça, faudra pas qu'elle se demande pourquoi elle se fait violer !" quand une fille en mini-jupe ppasse devant eux.
Le père de famille en costume qui tient la main de sa fille d'à peine 10 ans et qui demande à la noire devant moi "pour combien tu suçes, t'as l'air d'une tigresse ?"
Le papi dans le bus qui pose la main sur son sexe en fixant mon décolté.
L'étudiant de ma fac qui me passe la main aux fesses puis la pince avant de se barrer juste avant que les portes se ferment.
Ils étaient pas black ni arabes tous ces connards-là. Ils avaient une bonne tête de bons petits français, comme diraient les clichés. Ils n'étaient pas forcément aussi violent physiquement ou dans leurs paroles que les weshs qui ont tenu à me faire savoir que "hé madmoizelle, t'es BONNE ! Azy réponds SALOPE !". Mais leur attitude m'a autant donné envie de pleurer, de vomir et de leur démonter leur sale petit gueule et leur sourire satisfait