(Je me demandais pourquoi on avait cité mon message sur l'autre sujet!) (J'ai lu cette discussion du coup - j'en ai un peu survolé des parties je m'en excuse - et je n'ai pas lu la discussion sur le sujet JNSP (ou enfin, sur l'autre sujet blabla); je voudrais répondre moi aussi. Je pose cette parenthèse au préalable pour indiquer d'où je viens.)
@Madthilde J'ai l'impression que, dans les bases de ton raisonnement, il y a l'idée (ou le prédicat? le "je pose ce point comme étant acquis, je ne le questionne pas" je ne sais pas exactement comment formuler ça) que:
- le langage est un outil, et qu'il est par essence neutre, pas politisé, sans effet sur la société et la psyché des gens (ou: leur façon de conceptualiser et de comprendre le monde) mais qu'il est possible de lui imprimer un changement politisé (comme, pour toi, le langage inclusif l'est); mais qu'avec le temps, s'il s'inscrit dans la langue et les moeurs, ce changement se tasse et le langage devient modifié, mais n'est plus politisé.
C'est quelque chose qui est faux, selon moi. Le langage est un outil, mais il n'est pas neutre par essence. Ce n'est pas neutre pour moi que, par exemple, ce soit le genre masculin qui fasse office de neutre et d'indéfini lorsque le français en a besoin, parce que le français n'a pas de genre grammatical neutre. Cela n'a pas l'air neutre non plus pour la majorité des intervenant-es sur ce sujet, qui ont répondu de façons très variées, et je pense que les réponses très émotionnelles que tu as reçues en sont aussi une preuve.
En fait, si toi tu dissocies sans trop de problèmes le genre grammatical et le genre réel (celui des gens), force est de constater que ce n'est pas le cas de l'écrasante majorité de la population, et que tout le monde ou presque voit bien le lien entre les deux. Force est de constater aussi que si le genre grammatical ne se résume pas au genre réel, il l'englobe dans le langage, dans le sens où le genre grammatical désigne et exprime le genre réel des gens. C'est entre autres pour ça que l'utilisation du masculin n'est pas neutre: exprimer le neutre ainsi, c'est signifier que le neutre fait partie du masculin. Et désigner par l'utilisation du masculin (même grammatical) les personnes de genre réel neutre (ou autre en fait, c'est-à-dire non-binaire) c'est englober leur genre dans le genre masculin. D'où les soulèvements émotionnels et les accusations de transphobie.
Tu vas peut-être me répondre que ce sont deux choses distinctes, qu'en utilisant le genre grammatical tu ne veux rien sous-entendre (ou exprimer) sur leur genre réel. Mais le fait est que les gens ne pensent pas comme des ordinateurs, et que l'association d'idées se fait; et que de toutes façons tu exprimes leur genre réel avec les codes de langage du genre masculin.
Il est donc impossible en l'état actuel des choses de dissocier les deux: le genre réel des personnes s'exprime à travers le genre grammatical du langage, et les gens quand tu leur parles ne font pas la dissociation comme toi - ta façon de t'exprimer ne fonctionne donc pas.
(Je pense aussi, très sincèrement, que c'est une fonction grammaticale du genre grammatical d'englober le genre réel. Je ne suis pas linguiste, mais j'en suis venue à cette conclusion en faisant le constat de ce que j'ai observé. La langue n'est pas uniquement là pour communiquer: elle existe aussi pour décrire le monde, et par là le construire, ou plus exactement le trier et l'ordonner d'une certaine façon. En exprimant le monde, on exprime aussi comment on le voit, on exprime aussi comment on le vit.)
Il est aussi faux de dire que le passage du temps tasse toute transformation et la dépolitise. Si l'on te cite à tout va les justifications d'il y a trois siècles sur pourquoi le masculin l'emporte sur le féminin, c'est que ce sont ces décisions qui ont créées cette règle, qu'elles n'ont jamais été remises en questions et que la règle n'a jamais été justifiée par autre chose, et que ces décisions choquent encore et toujours les gens qui les découvrent, même trois siècles plus tard.
Je trouve aussi ta comparaison avec la guerre à la fois fausse et révélatrice. (Je te cite, dis-moi si ça ne te va pas):
Je trouve que la guerre est injustifiable, qu'elle soit moderne ou qu'elle date d'il y a cinq siècles. Je ne trouve pas injustifiable que des frontières changent et se transforment; je considère même que pour beaucoup de cas c'est quelque chose de souhaitable, et que le status quo ne l'est pas.
Je vais parler de mon pays, les USA: les frontières actuelles englobent différentes cultures et différents peuples. Dans certaines zones géographiques (comme l'Oklahoma, ou Hawaii) ces peuples et cultures occupent le même lieux; dans d'autres (comme l'Arizona, ou Puerto Rico) non. Les USA écrasent tout mouvement d'indépendance de la part de ces peuples distincts. Il y a une injustice réelle; pourtant toutes ces frontières ont parfois plusieurs siècles d'existence. Je pense qu'il serait bon que tous ces peuples aient une reconnaissance et, s'iels le souhaitent, recomposent les frontières pour qu'elles reflètent des réalités géopolitiques plus adéquates; mais je ne pense pas qu'il serait bon que ça se fasse dans la violence et la guerre. Ou pour un autre exemple, un autre événement politique actuel: le mouvement d'indépendance du peuple kurde d'Iraq. Je ne considérerais pas du tout choquant que les différentes zones géographiques peuplées par les kurdes (qu'elles soient en Syrie, Turquie, Iran, ou Iraq) fassent sécession avec leur pays respectif pour former ensemble un même pays. Pour des tas de raisons géopolitiques ça ne risque pas d'arriver ainsi, mais voilà si ça se faisait je ne trouverais pas ça choquant du tout, au contraire. Par contre je serais très attristée d'apprendre que cela se fasse dans la guerre et la violence. Ou bref, pour toute situation: si des gens ne sont pas content-es du status quo, et souhaitent une sécession, ou une unification territoriale, ou l'annexion d'une partie d'un autre pays, et que tout le monde est d'accord, alors grand bien leur fasse. Je trouverais choquant que ça se fasse par la violence. Je ne trouverais pas du tout choquant que, par exemple, on fasse des référendums et qu'on prenne ensuite une décision politique en fonction des résultats.
Du coup, ton exemple est faussé, parce que tu y ajoutes l'élément de la guerre et de la violence, alors que ce n'est pas ça qui est important, mais le bien-fondé des frontières actuelles. Rejeter la guerre ne veut pas dire rejeter le changement de frontières. Tu pars peut-être aussi d'une expérience personnelle qui fausse ta vision des choses: je suppose que tu es française, ou à tout le moins européenne, une région du monde ou par la force des choses les frontières actuelles font consensus - et aussi une région du monde où il est facile de bouger d'une frontière à l'autre. (Il est d'ailleurs ridicule de considérer que le status quo actuel est désiré: les événements en Catalogne, entre autres, nous prouvent le contraire.)
Bref je ne m'étends pas plus là-dessus parce que ce n'est pas le sujet (trois paragraphes HS c'est déjà trop ) Ce que je veux dire c'est que ton exemple est révélateur de ta position sur la langue. Tu penses que la langue est bien comme elle est, et n'a pas à être changée; tu la vois donc comme neutre et naturelle, comme un outil et pas comme une arme - c'est parce que, pour toi, le langage ne te fait pas de mal, pour toi, le langage (et la langue française) ne te pose aucun problème. Au point que tu sembles ne pas bien saisir comment ce sujet peut être émotionnel pour des gens, et dans leur grande majorité des gens trans: tu essayes de traiter toute cette question de façon très théorique, détachée, informaticienne si je peux dire ça comme ça, et tu ne comprends pas qu'on te renvoie des réponses émotionnelles voire violentes - auxquelles tu réponds en réfutant leur raisonnement, ce qui est un peu un coup d'épée dans l'eau, en fait, ce qui ne réponds pas au message.
Du coup, me viennent plusieurs réflexions:
Faut-il modifier l'outil qu'est la langue, et pourquoi? A cela, je dirais que toutes les personnes non-binaires que j'ai pu croiser dans ma vie m'ont dit oui, parce qu'iels sont mal à l'aise dans leur langue. Cela me semble une bonne raison: une langue qui ne permet pas d'exprimer adéquatement ce que l'on ressent et ce que l'on vit, une langue qui ne permet pas de désigner correctement quelque chose, est un outil mal adapté pour l'usage qu'on veut en faire, et la meilleure chose à faire est de changer son outil, plutôt que de changer la situation (la personne, l'usage) pour qu'elle se conforme à l'outil.
Est-ce politique? Oui. Il faut s'entendre sur le sens de politique: je l'utilise dans le sens d'organiser la société d'une certaine manière, et dans le sens d'exprimer la volonté d'organiser la société d'une certaine manière. A ce niveau-là, oui, je souhaite politiquement que les gens non-binaires soient à l'aise dans leur langue.
Est-ce que ça va résoudre tous les problèmes de sexisme et de transphobie? Non. Le langage influe sur la pensée, mais la pensée influe sur le langage aussi, et de toutes façons elle n'est pas dépendante du langage.
Et si ça prend pas? Bah, que ça prenne ou pas, c'est hors de mon pouvoir. Moi je peux juste faire du mieux possible pour que les gens non-binaires soient à l'aise.
Aussi, l'argument sur la beauté ou la laideur du langage inclusif me semble hors de propos. On s'en fout, et de toutes façons c'est subjectif. Je ne demande pas à ce que la langue soit belle, juste qu'elle soit utilisable pour les buts qui lui sont propres (à savoir, avec le langage inclusif, permettre aux personnes nonbis de vivre et d'exprimer correctement leur existence). A titre personnel, je trouve que la langue française, elle est moche; ça m'empêche pas d'être poétesse.
Bref voilà désolée pour l'immense pavé, et merci de m'avoir lue jusque-là si tu l'as fait.
@Madthilde J'ai l'impression que, dans les bases de ton raisonnement, il y a l'idée (ou le prédicat? le "je pose ce point comme étant acquis, je ne le questionne pas" je ne sais pas exactement comment formuler ça) que:
- le langage est un outil, et qu'il est par essence neutre, pas politisé, sans effet sur la société et la psyché des gens (ou: leur façon de conceptualiser et de comprendre le monde) mais qu'il est possible de lui imprimer un changement politisé (comme, pour toi, le langage inclusif l'est); mais qu'avec le temps, s'il s'inscrit dans la langue et les moeurs, ce changement se tasse et le langage devient modifié, mais n'est plus politisé.
C'est quelque chose qui est faux, selon moi. Le langage est un outil, mais il n'est pas neutre par essence. Ce n'est pas neutre pour moi que, par exemple, ce soit le genre masculin qui fasse office de neutre et d'indéfini lorsque le français en a besoin, parce que le français n'a pas de genre grammatical neutre. Cela n'a pas l'air neutre non plus pour la majorité des intervenant-es sur ce sujet, qui ont répondu de façons très variées, et je pense que les réponses très émotionnelles que tu as reçues en sont aussi une preuve.
En fait, si toi tu dissocies sans trop de problèmes le genre grammatical et le genre réel (celui des gens), force est de constater que ce n'est pas le cas de l'écrasante majorité de la population, et que tout le monde ou presque voit bien le lien entre les deux. Force est de constater aussi que si le genre grammatical ne se résume pas au genre réel, il l'englobe dans le langage, dans le sens où le genre grammatical désigne et exprime le genre réel des gens. C'est entre autres pour ça que l'utilisation du masculin n'est pas neutre: exprimer le neutre ainsi, c'est signifier que le neutre fait partie du masculin. Et désigner par l'utilisation du masculin (même grammatical) les personnes de genre réel neutre (ou autre en fait, c'est-à-dire non-binaire) c'est englober leur genre dans le genre masculin. D'où les soulèvements émotionnels et les accusations de transphobie.
Tu vas peut-être me répondre que ce sont deux choses distinctes, qu'en utilisant le genre grammatical tu ne veux rien sous-entendre (ou exprimer) sur leur genre réel. Mais le fait est que les gens ne pensent pas comme des ordinateurs, et que l'association d'idées se fait; et que de toutes façons tu exprimes leur genre réel avec les codes de langage du genre masculin.
Il est donc impossible en l'état actuel des choses de dissocier les deux: le genre réel des personnes s'exprime à travers le genre grammatical du langage, et les gens quand tu leur parles ne font pas la dissociation comme toi - ta façon de t'exprimer ne fonctionne donc pas.
(Je pense aussi, très sincèrement, que c'est une fonction grammaticale du genre grammatical d'englober le genre réel. Je ne suis pas linguiste, mais j'en suis venue à cette conclusion en faisant le constat de ce que j'ai observé. La langue n'est pas uniquement là pour communiquer: elle existe aussi pour décrire le monde, et par là le construire, ou plus exactement le trier et l'ordonner d'une certaine façon. En exprimant le monde, on exprime aussi comment on le voit, on exprime aussi comment on le vit.)
Il est aussi faux de dire que le passage du temps tasse toute transformation et la dépolitise. Si l'on te cite à tout va les justifications d'il y a trois siècles sur pourquoi le masculin l'emporte sur le féminin, c'est que ce sont ces décisions qui ont créées cette règle, qu'elles n'ont jamais été remises en questions et que la règle n'a jamais été justifiée par autre chose, et que ces décisions choquent encore et toujours les gens qui les découvrent, même trois siècles plus tard.
Je trouve aussi ta comparaison avec la guerre à la fois fausse et révélatrice. (Je te cite, dis-moi si ça ne te va pas):
Trouves-tu justifiée l'invasion militaire d'un pays par un autre sous prétexte de s'approprier ses territoires ?
La réponse est bien entendu (enfin, la plupart du temps) : non, c'est immoral !
Bien.
Trouverais-tu acceptable qu'aujourd'hui, un pays parte en guerre contre un autre et en annexe une partie, sous prétexte qu'il y a cinq siècles, il avait perdu ces territoires lors d'une guerre précédente ?
Réponse attendue : non.
Donc le processus d'attaquer un autre pays pour annexer ses territoires est quelque-chose que nous n'acceptons pas. Pour autant, nous considérons les frontières actuelles (qui sont nées de ces multiples guerres et annexations dans le passé) comme acceptables et défendables. Des cultures nationales se sont développées dans ces frontières et considèrent souvent faire partie d'un même peuple, et le status quo est considéré comme souhaitable.
Je trouve que la guerre est injustifiable, qu'elle soit moderne ou qu'elle date d'il y a cinq siècles. Je ne trouve pas injustifiable que des frontières changent et se transforment; je considère même que pour beaucoup de cas c'est quelque chose de souhaitable, et que le status quo ne l'est pas.
Je vais parler de mon pays, les USA: les frontières actuelles englobent différentes cultures et différents peuples. Dans certaines zones géographiques (comme l'Oklahoma, ou Hawaii) ces peuples et cultures occupent le même lieux; dans d'autres (comme l'Arizona, ou Puerto Rico) non. Les USA écrasent tout mouvement d'indépendance de la part de ces peuples distincts. Il y a une injustice réelle; pourtant toutes ces frontières ont parfois plusieurs siècles d'existence. Je pense qu'il serait bon que tous ces peuples aient une reconnaissance et, s'iels le souhaitent, recomposent les frontières pour qu'elles reflètent des réalités géopolitiques plus adéquates; mais je ne pense pas qu'il serait bon que ça se fasse dans la violence et la guerre. Ou pour un autre exemple, un autre événement politique actuel: le mouvement d'indépendance du peuple kurde d'Iraq. Je ne considérerais pas du tout choquant que les différentes zones géographiques peuplées par les kurdes (qu'elles soient en Syrie, Turquie, Iran, ou Iraq) fassent sécession avec leur pays respectif pour former ensemble un même pays. Pour des tas de raisons géopolitiques ça ne risque pas d'arriver ainsi, mais voilà si ça se faisait je ne trouverais pas ça choquant du tout, au contraire. Par contre je serais très attristée d'apprendre que cela se fasse dans la guerre et la violence. Ou bref, pour toute situation: si des gens ne sont pas content-es du status quo, et souhaitent une sécession, ou une unification territoriale, ou l'annexion d'une partie d'un autre pays, et que tout le monde est d'accord, alors grand bien leur fasse. Je trouverais choquant que ça se fasse par la violence. Je ne trouverais pas du tout choquant que, par exemple, on fasse des référendums et qu'on prenne ensuite une décision politique en fonction des résultats.
Du coup, ton exemple est faussé, parce que tu y ajoutes l'élément de la guerre et de la violence, alors que ce n'est pas ça qui est important, mais le bien-fondé des frontières actuelles. Rejeter la guerre ne veut pas dire rejeter le changement de frontières. Tu pars peut-être aussi d'une expérience personnelle qui fausse ta vision des choses: je suppose que tu es française, ou à tout le moins européenne, une région du monde ou par la force des choses les frontières actuelles font consensus - et aussi une région du monde où il est facile de bouger d'une frontière à l'autre. (Il est d'ailleurs ridicule de considérer que le status quo actuel est désiré: les événements en Catalogne, entre autres, nous prouvent le contraire.)
Bref je ne m'étends pas plus là-dessus parce que ce n'est pas le sujet (trois paragraphes HS c'est déjà trop ) Ce que je veux dire c'est que ton exemple est révélateur de ta position sur la langue. Tu penses que la langue est bien comme elle est, et n'a pas à être changée; tu la vois donc comme neutre et naturelle, comme un outil et pas comme une arme - c'est parce que, pour toi, le langage ne te fait pas de mal, pour toi, le langage (et la langue française) ne te pose aucun problème. Au point que tu sembles ne pas bien saisir comment ce sujet peut être émotionnel pour des gens, et dans leur grande majorité des gens trans: tu essayes de traiter toute cette question de façon très théorique, détachée, informaticienne si je peux dire ça comme ça, et tu ne comprends pas qu'on te renvoie des réponses émotionnelles voire violentes - auxquelles tu réponds en réfutant leur raisonnement, ce qui est un peu un coup d'épée dans l'eau, en fait, ce qui ne réponds pas au message.
Du coup, me viennent plusieurs réflexions:
Faut-il modifier l'outil qu'est la langue, et pourquoi? A cela, je dirais que toutes les personnes non-binaires que j'ai pu croiser dans ma vie m'ont dit oui, parce qu'iels sont mal à l'aise dans leur langue. Cela me semble une bonne raison: une langue qui ne permet pas d'exprimer adéquatement ce que l'on ressent et ce que l'on vit, une langue qui ne permet pas de désigner correctement quelque chose, est un outil mal adapté pour l'usage qu'on veut en faire, et la meilleure chose à faire est de changer son outil, plutôt que de changer la situation (la personne, l'usage) pour qu'elle se conforme à l'outil.
Est-ce politique? Oui. Il faut s'entendre sur le sens de politique: je l'utilise dans le sens d'organiser la société d'une certaine manière, et dans le sens d'exprimer la volonté d'organiser la société d'une certaine manière. A ce niveau-là, oui, je souhaite politiquement que les gens non-binaires soient à l'aise dans leur langue.
Est-ce que ça va résoudre tous les problèmes de sexisme et de transphobie? Non. Le langage influe sur la pensée, mais la pensée influe sur le langage aussi, et de toutes façons elle n'est pas dépendante du langage.
Et si ça prend pas? Bah, que ça prenne ou pas, c'est hors de mon pouvoir. Moi je peux juste faire du mieux possible pour que les gens non-binaires soient à l'aise.
Aussi, l'argument sur la beauté ou la laideur du langage inclusif me semble hors de propos. On s'en fout, et de toutes façons c'est subjectif. Je ne demande pas à ce que la langue soit belle, juste qu'elle soit utilisable pour les buts qui lui sont propres (à savoir, avec le langage inclusif, permettre aux personnes nonbis de vivre et d'exprimer correctement leur existence). A titre personnel, je trouve que la langue française, elle est moche; ça m'empêche pas d'être poétesse.
Bref voilà désolée pour l'immense pavé, et merci de m'avoir lue jusque-là si tu l'as fait.