@Aalia Accoucher tout court, c'est prendre un énorme risque

Au Royaume-Uni,
l'organisme gouvernemental chargé des recommandations en matière de santé a démontré que pour une grossesse à bas risque, un accouchement en maison de naissance est plus sûr qu'un accouchement à l'hôpital, et que pour les femmes ayant déjà eu un enfant, l'accouchement à domicile était aussi sûr qu'un accouchement en maison de naissance ou en maternité. Et les Britanniques sont donc encouragées à accoucher chez elles ou en maison de naissance si elles le souhaitent ! De façon plus générale, dans les pays où l'AAD est plus répandu qu'en France, les taux de mortalité maternelle et infantile ne sont pas plus élevés et parfois même meilleurs.
En cas de complication, il y a dans l'écrasante majorité des cas des signes annonciateurs qui peuvent être détectés (voir cet article sur
le mythe de l'accouchement qui dérape en quelques secondes). Une césarienne "en urgence" est le plus souvent une césarienne "en cours de travail" : le personnel a repéré un souci, posé des gestes pour tenter de le résoudre et décidé d'intervenir car cela s'avérait nécessaire, mais cela dans un laps de temps relativement long et avant que la santé de mère et/ou du bébé ne se trouve menacée (ce qui laisse le temps d'un transfert en AAD). Lors d'un accouchement à domicile, la sage-femme a de quoi écouter le cœur du bébé, prendre en charge une hémorragie et réanimer le nouveau-né. Sa présence constante au côté de la mère procure un suivi aussi sûr, si ce n'est plus, qu'un monitoring continu, surveillé plus ou moins fréquemment par une équipe plus ou moins débordée à l'hôpital. Et surtout, la SF transfère au moindre doute, si ça dépasse ses compétences ou si la mère en exprime le souhait. Certes, il y a des complications graves et inattendues qui peuvent survenir, que ce soit à domicile ou à l'hosto, mais être en maternité n'empêche pas systématiquement une issue fatale.
Il y a aussi le problème de la iatrogénie, c'est-à-dire que la surmédicalisation, l'accumulation de tous ces gestes "au cas-où" (qui ne se basent même pas sur des données probantes mais sur des habitudes ancrées depuis des décennies, cf. les recos de l'OMS), vont créer des soucis où il n'y en avait pas et donc générer des complications plus ou moins graves.C'est reconnu, y compris par le
Collège national des gynécologues-obstétriciens français : des grossesses et des accouchements normaux sont pris en charge comme des s'ils étaient pathologiques, au détriment des patientes (je peux vous donner des exemples concrets si ça vous intéresse)
Les parents qui font le choix d'une naissance à domicile ne sont pas des inconscients qui ne pensent pas au bien-être de leur bébé ou qui choisissent d'ignorer les risques, tout comme ceux qui font le choix d'une naissance à l'hosto ne sont pas des paranos. On a chacun nos peurs concernant la naissance, certains vont être rassurés par un milieu médicalisé, d'autres par un environnement intime et une sage-femme qu'ils connaissent et qui les connait (et parfois poussés par une mauvaise expérience en maternité). Tout le monde devrait être libre de choisir l'accouchement qui lui convient, sans opposer deux camps "hosto vs. naturel", mais aujourd'hui, ce n'est malheureusement pas possible (maisons de naissance trop rares, sage-femmes AAD contraintes d'arrêter à cause des assurances exorbitantes, maternités surmédicalisées et campées sur leurs protocoles, ou équipées d'une salle nature mais souffrant d'un manque de personnel (oui c'est bien beau des lianes et des ballons, mais s'il n'y a personne pour accompagner la femme qui accouche, ça ne sert à rien)). Sans parler de la fermeture des petites maternités de proximité au profit de grands établissements situés parfois très loin du domicile des parents.
Et oui, c'est important que la mère et le bébé aillent bien physiquement, mais c'est aussi crucial que les parents aient bien vécu l'accouchement, qu'ils aient été pris en charge avec bienveillance, qu'ils aient pu faire des choix éclairés et qu'ils aient pu bénéficier de protocoles basés sur les dernières données scientifiques, bref qu'ils aillent bien psychiquement et moralement. Une naissance très médicalisée par nécessité (ou non, d'ailleurs) peut déjà être très difficile à encaisser, mais si ça a été fait sans respect pour les parents, l'impact peut être catastrophique et avoir une incidence sur le lien parent-enfant (syndrome de stress post-traumatique, dépression post-partum, trouble de l'attachement...). Cf.
cette biblio qui regroupe des publications scientifiques sur les violences obstétricales.
Je sais que je radote et que vous devez en avoir ras-le-bol pour certaines, mais ça me tient particulièrement à cœur alors pourquoi louper une occasion de partir en roue libre
