Bon, un article sur l'enseignement, en tant que prof je ne peux pas ne pas réagir (même si j'ai trois ans de retard mais j'avais une panne d'internet, désolée).
Je voulais réagir sur l'enseignement de l'EPS. Mon frère est prof d'EPS donc j'estime connaître deux ou trois choses.
Je sais que l'école et les profs attisent beaucoup de sentiments différents, et que les cours d'EPS en particulier peuvent être vécus comme un enfer (j'ai moi aussi détesté les cours d'EPS étant élève).
Mais ayant vécu avec mon frère pendant toute la durée de ses études et pendant la préparation de son CAPEPS, je peux vous dire que les professeurs d'EPS sont, et de loin, les mieux formés parmi tous les professeurs du second degré, autant au niveau pédagogique que didactique.
Depuis la première année de licence, mon frère a fait des stages en établissements (stages d'observation ou de pratique). Il a eu des cours de pédagogique (en gros, la pédagogie c'est l'art d'enseigner) et de didactique (la technique pour construire des cours), mais aussi de psychologie de l'enfant et de l'adolescent.
Les professeurs d'EPS ont un rapport différent avec les élèves: ils les voient en dehors des salles de classe, en mouvement, dans des conditions "naturelles" pendant les déplacements, les temps de préparation etc.
Certes, il doit exister, comme dans toutes les autres matières, des professeurs d'EPS inaptes au métier, mais je ne peux pas croire que tous vos professeurs d'EPS étaient incompétents ou cruels.
Certains d'entre vous semblent dire que les cours d'EPS ne servent qu'à faire bouger les élèves, à leur faire faire de l'exercice physique.
Ce n'est vraiment pas, selon moi, l'objectif premier du cours d'EPS (mais bon, si une Madz prof d'EPS pouvaient confirmer...).
Le cours d'EPS sert à faire prendre conscience de son propre corps, de ses capacités physiques, de la relation entre le corps et le cerveau. Il sert également à faire augmenter petit à petit les capacités physiques. Mais aussi tout un tas de choses comme apprendre à travailler en équipe. Et bien sûr il y a quelques disciplines sportives qui font travailler des compétences/capacités indispensables à la vie quotidienne (à mon humble avis) comme la natation ou la course d'orientation.
J'ai moi aussi souffert pendant toute ma scolarité de mon manque de coordination et d'endurance (en plus d'un surpoids qui m'a longtemps suivi, et d'une nature tout simplement pas sportive). J'ai souffert de m'être sentie différente et inférieure par rapport aux autres élèves. J'ai souffert de n'avoir jamais su comment faire un service au badminton, d'en être physiquement incapable même si la prof me l'expliquait pas à pas.
En revanche, j'ai toujours compris, et c'est peut-être grâce à mon environnement familial proche de l'enseignement, que l'objectif des profs d'EPS n'était pas de classer les élèves selon leurs capacités physiques mais de les accompagner vers l'augmentation et l'amélioration de ces capacités, et vers le progrès, tout simplement.
Et enfin, je peux vous assurer, vivant quotidiennement l'expérience d'être responsable de la sécurité et de l'enseignement de 25 à 30 élèves dans une salle de classe, que c'est 100x plus difficile de faire la même chose dans un gymnase ou sur un terrain à l'extérieur.
Sinon je voulais juste big uper publiquement @-molly- qui a parfaitement résumé tout ce que je pensais!
Ah, et au sujet du placement des élèves.
Personnellement, en début d'année je place les élèves par ordre alphabétique tout simplement parce que je ne les connait pas. Puis je me laisse quelques semaines afin de mieux connaître tout le monde, et enfin je fais mon plan de classe (qu'idéalement j'aimerais changer une à deux fois dans l'année, mais j'ai oublié cette année).
Le plan de classe doit répondre à tout un tas de paramètres. Il faut penser à tout un tas de choses:
- mettre les élèves en difficulté devant pour pouvoir s'en occuper plus facilement.
- mettre les élèves qui ont des problèmes de vue devant également.
- mettre les élèves très agités/perturbateurs pas trop loin de devant non plus, mais réussir à séparer les perturbateurs pour ne pas qu'ils communiquent entre eux.
- mettre quelques élèves moteurs devant mais aussi derrière pour garder toute la classe en éveil.
- ne pas mettre les grands copains/grandes copines ensemble pour éviter le bavardage.
- mais ne pas mettre deux élèves qui se détestent côte à côte sous peine de devoir gérer leurs conflits tous les jours.
- savoir quand même mettre quelques amis côte à côte, tant qu'ils ne bavardent pas, et sachant que les amitiés fluctuent, au risque qu'au bout d'un moment ils soient fâchés et ne se parlent plus.
Bref, quand on a 25 à 30 élèves par classe, gérer tous ces paramètres peut vite devenir très difficile. Alors forcément on sacrifie des élèves. Oui, je l'avoue, il m'est arrivé de laisser côte à côte deux élèves qui se détestaient parce que si je les laissais changer de place, pourquoi les autres ne changeraient-ils pas de place non plus? ou parce que j'espérais que petit à petit ils fassent connaissance et que ça aille mieux. Parce que j'ai 1000 autres choses auxquelles penser et qu'à mon avis c'est plus important de s'assurer que mon petit dyslexique au premier rang ait bien compris la leçon plutôt que de devoir faire la police une énième fois entre les deux du fond qui ne s'entendent pas.
Oui, il m'est arrivé de garder le même plan de classe toute l'année dans une classe où les insultes fusaient sans qu'on le sache, tout au long de l'année, dans la classe et hors la classe, parce que comment faire pour que 27 élèves s'entendent tous? Parce que malgré le travail remarquable de la prof principale sur le respect et la vigilance de tous les profs, les problèmes dans cette classe ont persisté toute l'année. Alors oui, effectivement, j'ai laissé tous les élèves à la même place, sachant pertinemment que, que je place le petit M. devant, derrière, à gauche ou à droite il réussira quand même à embêter toute la classe derrière mon dos.
Personnellement, j'ai l'impression de faire de mon mieux et d'être au maximum de mes capacités de jeune prof, mais que malgré tout ça les gens (élèves, parents, ou grand public) ne sont jamais satisfaits et ne comprennent pas qu'on gère de l'humain et que quoi qu'il arrive, rien ne sera jamais parfait.
Voilà ma petite opinion sur le sujet. Allez, rappelez-vous que derrière votre horrible prof d'EPS de 6ème se cachait aussi un humain
.