Précision : Je n'ai pas lu les derniers messages postés, parce qu'il m'a fallu un moment pour taper celui-ci. Désolée si je répète des trucs ! Je m'en vais les lire
Caá Yarí;1004107 a dit :
Alors, pour te répondre, je pense qu'il serait intéressant de regarder quelles sont les conceptions du corps dans différentes cultures et dans différentes tribus, même celles qui n'existent plus aujourd'hui. Pourquoi l'objectivité, ce serait dire "le corps est fait de cellule, il y a des chromosomes, c'est ça la réalité" ? Pour la Réalité Vraie (puisque c'est un discours que beaucoup de scientifiques revendiquent) ça ne serait pas "le corps est un objet magique, il est un moyen de transport, quand ma cage thoracique se baisse et se relève, c'est qu'il y a un esprit animal qui vit dedans pour le faire tenir en vie" (j'invente) - ce que aurait pu te dire telle ou telle personne d'une tribu lambda ? Pourquoi la Vérité Vraie et l'objectivité, ce serait décrire ce que mes yeux biologiques voient ? Cette conception de l'objectivité et de la réalité me semble avant tout occidentale (mondiale ?), et elle est donc déjà enculturée.
Euh.. Déjà je n'ai pas dit que c'était objectif, j'ai dit que c'était le constat le plus objectif possible. Ensuite, je ne suis pas scientifique donc là je vais peut-être m'avancer un peu, mais bon, je tente de te répondre. Un homme qui estime qu'il y a un esprit animal qui habite sa cage thoracique a une croyance, une opinion, elle peut être vraie ou fausse mais dans tous les cas elle est injustifiée : elle ne se base sur aucune expérience, aucune démarche rationnelle.. L'hypothèse scientifique, une fois confirmée, bien qu'elle soit influencée par le scientifique, sa société et sa culture, atteint un niveau de réalité supérieur à l'opinion ou la croyance injustifiée. La réalité biologique (et personne n'a dit "réalité" tout seul, on a bien évoqué l'idée d'une "réalité biologique") part d'une démarche scientifique, rationnelle, logique, d'une expérimentation et d'une observation, en ce sens elle me semble être
la démarche la plus objective possible. Et objectivité ne signifie pas nécessairement vérité.
Quand les filles évoquent la réalité biologique, elles te demandent ce que tu en fais, où tu la situes, elles ne sont pas en train de dire que c'est la seule réalité possible, la seule vérité, ou le seul angle digne d'intérêt. Mais il faut nécessairement partir d'un point aussi objectif et réel que possible pour arriver à construire une réflexion.. Après libre à toi de trouver que c'est enculturé, ça l'est peut-être, mais si tu ne construis pas sur une représentation de la réalité commune, sur un raisonnement rationnel que nous sommes en mesure de saisir, la démarche est absurde. Et lorsqu'on évoque les réalités biologiques ce qu'on tente de faire c'est bien ça : construire un raisonnement à partir d'une réalité commune, acceptée, pour tenter de saisir un courant de pensée qui est lui aussi enculturé et subjectif de toute façon. On part simplement du point le plus objectif possible.
Et j'avoue qu'il y a un truc que je ne saisis pas.. Je veux dire par là que, pour moi, mettre au même niveau la représentation qu'on peut avoir du corps et la connaissance scientifique qu'on peut avoir du corps c'est un peu étrange. Je peux me représenter mon corps comme fait de milliers de morceaux d'étoiles ou habité par une panthère, n'empêche que le jour où j'ai un cancer ce sera quand même mes cellules qu'on traitera et pas mon âme panthère. Alors bien sûr il y a des gens qui se soignent avec d'autres choses, des magnétiseurs ou que sais-je, mais généralement, ils meurent. Ma représentation du corps j'en fais ce que je veux, je peux même nier la réalité organique si j'en ai envie, mais c'est ma représentation, ma croyance, et elle ne se base sur rien de plus que ma personne. La connaissance scientifique atteint quand même un degré un peu plus haut dans l'objectivité et l'adéquation avec le réel..
Je serai curieuse de savoir s'il y a des tribus, des communautés ou que sais-je, ou aucune différence n'est établie entre l'homme et la femme ? Il me semble que non, et si je n'ai pas tort cela démontre bien que même dans un cas où on ne connaît pas/croit pas à la réalité biologique, on a bien conscience d'une différence. Enfin il me semble que dans toutes les représentations du réel qu'on peut trouver, la différence homme/femme apparaît toujours d'une façon ou d'une autre, elle est toujours perçue. A partir de là il me semble nécessaire de s'interroger sur le pourquoi de cette différence, et donc d'évoquer le biologique tout autant que le culturel..
Je suis peut-être à côté de la plaque avec ce message, parce que j'avoue ne pas avoir totalement saisi ce que tu voulais dire/où tu voulais en venir. Mais pour moi, si les gender studies ne se basent pas sur la réalité biologique, elles ne se basent sur rien. Les gender studies sont quand même très occidentales, elles s'inscrivent dans une société, dans une représentation du monde, elles doivent nécessairement prendre en compte cette représentation. La connaissance la plus objective possible que nous avons du genre, c'est la connaissance scientifique, le questionnement me semble donc légitime et même nécessaire si l'on veut construire une réflexion sur le genre, non ? :/..