@Madthilde Je voulais répondre au sujet de la confusion que tu fais sur l'argument de la responsabilité des pères qui serait comme celui des anti-IVG, mais
@Hipolito l'a très bien fait à ma place.
Je rajouterai juste qu'effectivement, on ne parle pas de la même chose puisqu'au niveau des anti-IVG on parle de faire reconnaître la supposée responsabilité des femmes concernant des
embryons (en bref on les fait culpabiliser pour quelque chose qui n'a pas d'existence juridique, pas de conscience et qui n'est pas viable)
, alors qu'au niveau des pères on parle de leur faire reconnaître une responsabilité à partir du moment où
un enfant est né (et où il a donc des droits et des besoins). Ca ne revient pas à dire que les pères sont plus coupables ou plus responsables que les mères, mais simplement que leur responsabilité ne s'exerce pas au même niveau ni au même moment.
Ce qu'on essaye de dire, aussi, c'est qu'il est particulièrement idiot pour un homme de ne pas se protéger s'il ne veut pas d'enfant, parce qu'on sait qu'il n'aura aucune prise sur la suite des événements (notamment, il ne pourra pas avorter).
Et aussi (mais ça c'est encore autre chose), on peut avoir tendance à être particulièrement agacé.e par les pères qui ne reconnaissent pas leurs responsabilités étant donné que les hommes ne prennent pas du tout de contraception (ou alors juste une capote, ce qui n'est pas suffisant), alors que (mais ça c'est mon point de vue) ils pourraient s'en donner les moyens s'ils en avaient réellement la volonté. C'est symptomatique de notre société où les hommes laissent les femmes se démerder avec la contraception, c'est tout.
Sinon pour la "paternité forcée" dont tu parles, on n'a jamais dit qu'il n'y avait aucun problème éthique ni que toutes les situations étaient justes, mais simplement que la loi permettait d'avoir une situation la moins injuste possible pour le plus de personnes possibles.
En cas de grossesse : la femme va forcément subir une conséquence, plus ou moins sérieuse (avortement - qui peut être un choix difficile - ou poursuite de la grossesse avec éducation de l'enfant + le temps et l'argent que ça coûte). C'est déjà une injustice (même si pour l'avortement et la grossesse, c'est basé sur un fait biologique).
Maintenant admettons qu'une femme tombe enceinte et ne souhaite pas avorter.
Si tu permets à l'homme de se dédouaner de toute responsabilité, il en résulte que non seulement lui ne subit aucune conséquence (ce qui est déjà injuste, mais admettons), mais qu'en plus il pénalise la femme ET l'enfant à naître (en ne leur accordant pas d'aide financière notamment). C'est triplement injuste, et d'autant plus injuste que comme on l'a dit l'enfant n'est pour rien dans l'histoire et n'a pas à subir les décisions de ses parents. Désolée mais moi je prendrai toujours le parti de la personne la plus innocente dans l'histoire et de celle qui a le plus besoin de protection.
Après, pour ce qui est du bien fondé de "forcer" une relation père-enfants, ce n'est pas mon propos. Personnellement je parle uniquement d'un point de vue légal et matériel (c'est-à-dire financier), et de ce à quoi les enfants ont droit.
Même si, très honnêtement, je pense qu'accorder sa reconnaissance à un enfant (juste accepter de dire officiellement "je suis ton père biologique") c'est quand même le minimum du minimum qu'on puisse faire, et ça ne coûte rien ; c'est simplement la vérité.
Sinon je comprends ce que tu veux dire quand tu parles de problème philosophique (faire porter la responsabilité de son choix à quelqu'un d'autre) mais le souci c'est que justement tu raisonnes trop en termes philosophiques, alors qu'avoir un enfant c'est avant tout une histoire
d'affectif. J'ai l'impression qu'ici on a un peu trop tendance à balancer l'argument "de toute façon soit la femme avorte soit elle se démerde". Mais en fait ce n'est pas simple pour tout le monde d'avorter (j'en profite pour poker
@haricotbleu, qui a écrit un message très juste à ce sujet). Tout le monde ne peut pas faire ce choix comme si c'était rien. Pour certaines personnes, c'est même inenvisageable... Je l'ai déjà dit, mais est-ce qu'on peut vraiment dire à une femme qui aime déjà ce qu'elle porte dans le ventre et le considère déjà comme un bébé qu'elle n'a qu'à avorter, ou sinon elle se démerdera seule ?! Je me répète, mais ça peut être hyper cruel et traumatisant de montrer ça comme un simple choix rationnel.
Et encore une fois, l'enfant n'a PAS à être pénalisé si 1) sa mère a souhaité le garder, 2) son père n'a pas souhaité le reconnaître. Ce sont les choix des parents, pas les siens. C'est bien dommage pour les hommes mais ils n'y peuvent rien, si ce n'est éviter que ça arrive en SE PROTEGEANT.
Non parce que je résume en caricature ce que ça donnerait, un système où les hommes peuvent simplement signer un papier pour échapper à une reconnaissance de paternité :
"Je suis enceinte !
- Ah bah j'en veux pas. Enjoy ton avortement, merci bisoux.
- Mais je ne veux pas avorter... Pour moi c'est déjà notre fils / fille que je porte dans mon ventre. Tu peux pas me demander ça.
- Eh ben moi je veux pas le / la reconnaître. Si tu le / la gardes tu l'élèves toute seule et sans le moindre fric de ma part, s'il te plaît. Allez hop je signe un papier ! Enjoy votre galère, le gosse et toi, merci bisoux." (ah et en bonus : j'ai jamais pris la moindre contraception, je t'ai laissée te démerder avec ça. Ben oui ça aussi c'est le rôle des femmes !
)
Non mais franchement... Déjà on en est pas si loin que ça dans la vraie vie (avec le nombre de pères qui paient pas leur pension et de mères célibataires qui galèrent) alors je vois vraiment pas l'intérêt de leur faciliter les choses. Après je sais pas dans quel monde vous vivez, mais je vous rappelle que ce sont toujours majoritairement les femmes qui trinquent en cas de grossesse, et qui après vont le payer niveau argent et carrière. Les hommes restent le groupe DOMINANT de la société (en termes d'argent et de pouvoir), donc je me répète mais
je vois pas l'intérêt de leur donner davantage de possibilités de laisser une femme ET un enfant en galère alors que dans les faits c'est déjà trop souvent le cas. Et puis bon, on l'a déjà dit mais c'est pas qu'une question de guéguerre entre hommes et femmes, c'est aussi et avant tout une question d'intérêt de l'enfant, qui devrait trancher en faveur de ce qui est bon pour LUI.
Et puis l'accouchement sous X... C'est ultra particulier. Dans ce cas, aucun des deux parents n'a été capable / n'a voulu élever l'enfant, qui est donc placé sous tutelle de l'Etat (qui veille à pourvenir à ses besoins et éventuellement tâche de le placer en famille). Pas pareil qu'un renoncement de paternité comme on en parle, puisque dans ce cas l'un des deux parents (la mère) aurait la charge exclusive de l'enfant et de ses frais, et que donc l'enfant ne pourrait profiter du soutien que d'un seul de ses parents.
De toute façon c'est assez malhonnête de présenter l'accouchement sous X comme une sorte de solution miracle et de droit injuste pour les femmes, sachant que dans les faits 1) c'est rare, 2) ça arrive dans des situations de grande détresse. Personne n'irait se taper 9 mois de grossesse + un accouchement pour ensuite abandonner son bébé (sans avoir la moindre idée de ce qu'il va devenir) sans avoir de très bonnes raisons pour ça. Dans le cas d'un homme, ce serait beaucoup trop facile (et injustifié) de signer simplement un papier pour renoncer à sa paternité.
Je ne suis pour l'accouchement sous X que parce que je sais que ça permet d'éviter des situations dramatiques (parents drogués, femmes battues par leur conjoint qui souhaitent éloigner l'enfant...), ce qui n'a pas grand-chose à voir avec Jean-Pascal qui veut juste baiser tranquille sans prendre de contraception, sans avoir aucune conséquence et sans dépenser le moindre fric pour son enfant qui vivra avec les seuls moyens de sa mère (en plus petit bonus, dans le témoignage de l'auteure c'était aussi pour pouvoir tromper sa femme tranquille sans rien assumer du côté de sa maîtresse).
Vous voyez bien qu'il risquerait d'y avoir beaucoup d'abus, et davantage de pression pour les femmes (qui ont déjà bien assez à faire au sujet de la grossesse) + de risques de préjudice pour les enfants.
Sinon
@Destiel Mok´ je suis plutôt d'accord sur l'idée qu'il vaudrait mieux ne pas garder un enfant si l'un des deux parents n'en veut pas... Mais c'est uniquement
mon ressenti, quelque chose que
moi je ne ferais pas. Je comprends complètement que pour certaines femmes, il soit encore pire de "tuer" l'enfant qu'elles portent (selon leur vision) et qu'elles ne puissent pas faire ce choix. C'est tout à fait leur droit, d'ailleurs. Et je pense que cet enfant a le droit d'avoir le soutien financier de ses deux parents s'il vient au monde, c'est pour ça que j'ai cette position sur le sujet.