Si je comprends bien, tu serais la seule à détenir un point de vue objectif sur le sujet parce que toi tu saurais parfaitement faire la part des choses entre le rationnel et l'émotionnel ? Et tes interlocutrices auraient le cerveau trop embrumé par l'affect pour y voir clair?Je dirais que le problème c'est justement l'inverse, c'est d'avoir trop le nez dans l'aspect émotionnel et que cela fausse complètement le jugement. Je ne dis pas que l'émotion est mal, hein, mais je rappelle que c'est une donnée et surtout, SURTOUT pas un raisonnement. Le but de la loi c'est JUSTEMENT de sortir de la subjectivité personnelle tout en la prenant en compte, afin d'être juste avec tout le monde (c'est bien pour cela que l'on passe par la justice au lieu de se venger, d'ailleurs).
Le droit à l'avortement, c'est précisément quelque-chose que l'on a gagné et qui est bâti sur une histoire de principes et de faits ("mon corps m'appartient", "un embryon n'est pas encore un être humain") et pas d'appels à l'émotion, qui eux sont si souvent utilisés pour l'opinion opposée ("c'est un meurtre ! Regardez ces images de petits enfants heureus ! Regardez ces images de cadavres putréfiés ! Vous voulez soutenir quoi entre les deux, hein ?!").
Et justement, ce qui me dérange dans cette discussion, c'est le côté purement émotionnel, qui est certes compréhensible mais qui, pris sans recul, donne au final des arguments qui se contredisent les uns les autres, une vision caricaturale (on en reste peu ou prou tout le temps sur des justifications se basant sur une vision manichéenne avec en gros "le queutard connard qui ne fait gaffe à rien et qui se barre pour éviter toute responsabilité") et qui pousse à se servir au final des mêmes prétextes basés sur l'affect que les anti-IVG (et, histoire de rester dans l'émotif, le refus têtu de constater que si, on vient d'utiliser exactement le même argument, même après les avoir vu écrit côte à côte).
Pardon, je trolle et je force le trait, mais je ne te cache pas que je suis assez sidérée par ce manque d'humilité. D'autant plus qu'il me semble que tu n'échappes pas non plus aux émotions. Rien que dans ce post, je lis que tu «t'etrangles» face aux arguments des autres, ou que tu «grinces des dents». On n'est pas dans une réaction de sang-froid et totalement dénuée d'affect il me semble...
J'ajouterai qu'après avoir lu des témoignages d'hommes s'estimant «piégés», et après avoir pris connaissance des conséquences sur leur vie, émotionnellement je m'identifie beaucoup plus à leur detresse qu'à celle des mères ou des enfants. Par contre rationnellement je penche plus pour défendre ces derniers et plus particulièrement les enfants. Est-ce-que je place la raison moins bien que toi pour autant?
Tout ça pour dire que tu disqualifies un peu vite les interventions des autres participantes et pour des motifs auxquels je doute que tu échappes. Honnêtement (c'est une vraie question) est-ce-que tu t'investirais autant dans ce débat si tu n'étais pas toi-même animée par de l'émotion ? (Sentiment d'injustice, exaspération, etc.)
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