Je suis épuisée - pour ne pas changer. Depuis le début du mois je m'occupe de chercher des locataires et de faire visiter mon appartement pour pouvoir partir le plus tôt possible, à savoir le 1er novembre. Je suis sans arrêt au téléphone avec mon propriétaire actuel et les nouveaux (chose dont j'ai horreur). Je suis tout le temps en contact avec les autres, et je n'ai pas le choix. Cela m'épuise. Le contact avec les gens m'épuise; j'ai perdu l'habitude, je ne sais plus comment on parle aux gens, comment on les regarde, comment il faut se placer debout par rapport à eux, comment on utilise les mots pour se faire comprendre et à quel moment on prend congé. J'aime tellement ma solitude. Avec les autres je me sens facilement rongée, bouffée. Ils m'envahissent. Je suis happée par leur présence, gobée toute crue. J'ai tout le temps peur des regards, des mots, de leurs comportements envers moi; un rien et je me sens agressée, contrariée, violentée.
Il me tarde que tout cela soit réglé: le préavis, le déménagement, le départ, l'installation là-bas. Que tout soit passé. Ce sont de véritables épreuves pour moi, devoir parler au téléphone, tenir une conversation, être regardée, répondre à quelqu'un, le laisser s'adresser à moi sans me sentir envahie ou jugée. J'ai besoin de retrouver ma tranquillité. Le calme. Le silence.
J'aurais tant aimé que mon infirmier soit là en ce moment, comme à chaque moment passé de ma vie. Mais vraiment en ce moment, tellement fort. Me sentir soutenue, accompagnée, conseillée, par lui, par lui plus que tout.
J'ai arrêté le traitement de fond que je prenais pour mes douleurs (...) je veux aller voir un autre rhumatologue, repartir à zéro. J'ai terriblement mal; alors je doute: peut-être qu'il y faisait, ce traitement. Peut-être que oui. Toutes mes douleurs sont démultipliées; ça a été d'un coup, en traître, ça a repris comme ça, une semaine après l'arrêt, alors que je me pensais pouvoir être finalement bien sans traitement (...)