Bonjour à tous et toutes
J'ai bien lu l'article, un peu décevant, je l'avoue, et les réactions, un peu enflammée parfois mais c'est normal, cette réforme quoiqu'en dise l'article, passe mal auprès des professeurs.
Je réponds d'abord à ceux qui parlent des matières à petit taux horaire, étant moi-même professeur de mathématiques je travaille en relation avec une professeur d'Art Plastique sur certains projets et je sais donc que pour la notation elle donne des critères très précis aux élèves et note non pas sur la qualité esthétique de l'oeuvre mais sur le respect des critères et à l'idée derrière l'oeuvre, entre autre le fait que l'élève soit capable d'expliquer pourquoi il a voulu faire ça plutôt qu'autre chose. Il n'est donc pas nécessaire de dessiner comme De Vinci pour obtenir de très bons résultats
Coté musique j'ai un projet avec le professeur également mais je n'ai pas étudié la façon dont il note et enfin coté EPS je sais que la notation à l'implication et aux progrès est une réalité pour en avoir bénéficié moi-même.
Pour en revenir à la réforme : elle est mauvaise mais, me direz-vous, ce n'est pas vraiment nouveau, toutes les réformes du collège depuis un certain temps sont assez mauvaises globalement et ce n'est pas vraiment ce qui me choque au final parce qu'on sait tous qu'aux prochaines élections (voire avant) on changera de ministre et donc de réforme et que ces EPI et autres idées inintéressantes mourront de leur belle mort.
Non ce qui me gène c'est qu'on prenne à ce point les gens pour des imbéciles, nous les profs, certes pour commencer mais on a l'habitude mais aussi les élèves et parents d'élèves.
Je ne connaissais pas les vidéos qu'Oyuna a montré en page 3 mais je crois qu'elles expliquent parfaitement ce qui dérange davantage dans cette réforme que dans les précédentes.
J'ai participé à la concertation où les question QCM laissent peu de place à un avis négatif et où on m'a demandé si j'avais bien tout compris (si si cela faisait partie des questions de la concertation ! ) et où nous avions 4 espaces LIMITES en nombre de mots (je n'ai plus en tête le nombre exact de mots maximal) qui ne nous permettaient pas d'argumenter correctement (ce qui n'est pas un souci majeur dans la mesure où je doute que quiconque s'amuse à lire ce que j'ai écrit.)
Si on décortique un peu la réforme :
* Création de postes : 4 000 postes à l'échelle de la France, c'est un effet 'annonce plus qu'une réelle avancée, c'est bien mais franchement ça ne mérite pas vraiment d'être mentionné et souligné en gras et en rouge en mode "c'est l'innovation du siècle."
* Les langues : je ne suis pas prof de langue mais mes collègues vous le diront sans doute, pour apprendre à parler une langue il faut une immersion, l'idéal ce serait, bien sur, des voyages linguistiques, des échanges, des films en VO etc etc mais, à défaut, il est important d'avoir de nombreuses heures de langue, 2 heures par semaine ne sont pas suffisantes et ne permettent pas de donner des devoirs, d'ancrer l'apprentissages, de travailler correctement.
Accessoirement les élèves sont censés parler en cours de langue, ils sont 30 et une heure de cours dure 55 min, je vous laisse faire le calcul du temps de parole de chacun si le professeur ne dit rien, ce qui n'est pas possible
* Le latin : le latin est voué à disparaître, si la réforme a reculé sur l'existence de l'option ce n'est que pour mieux sauter dès que possible.
* Les EPI : contrairement à ce que l'on veut nous faire croire (et l'une des vidéos l'explique très bien) les EPI et l'AP ne sont PAS des heures en plus. Elles sont prises dans les enseignements disciplinaires. De ce fait les élèves auront moins d'heures d'enseignement de base.
Vous me direz que ce n'est pas grave car ces EPI permettent de traiter le programme différemment. Admettons.
Prof de Math je décide de participer à l'EPI en lien avec le sport qui parle de la vitesse, je fais donc durant cet EPI mon programme sur la vitesse, ou je l'approfondis, mais dans ce cas les élèves ayant choisi un autre EPI, langues antiques par exemple, quand vont-ils étudier et approfondir les vitesses ?
Quand à l'accompagnement personnalisé en classe entière...Comment dire....Je ne vois pas la différence avec des cours classiques.
Quant à une réforme plus adaptée aux besoins des élèves je suis bien consciente que cela demanderait de l'argent que l'Etat n'est pas prêt à dépenser. L'informatique (au cœur des futurs programmes) est un gadget en l'état actuel des choses même avec des salles informatiques fonctionnelles y emmener une classe de 30 élèves relève de la folie furieuse (je sais, j'ai testé, je suis ressortie chauve), il vaut mieux investir cet argent dans des postes de professeurs afin d'avoir des classes non plus à 30 mais à 25 élèves maximum.
Après si on parle d'économie un choix plus approfondi des formateurs me semblerait profitable comme l'a dit je ne sais plus qui plus haut
Quant à nos détracteurs qui affirment que ce qui nous dérange c'est de travailler différemment je trouve ça triste de voir que cet argument existe encore.
Certes nous ne sommes pas parfaits, certes il y a chez les profs comme ailleurs des glandus de première, certes certains d'entre nous (comme dans d'autres métiers) peuvent être rétifs face au changement mais reléguer les défauts de la réforme au second plan en arguant que nos critiques sont uniquement dictées par la flemme c'est vraiment mesquin et irrespectueux.
Nous ne travaillons que 18h devant élèves mais cet horaire a été mis en place du temps où les gens travaillaient 45h par semaine, il a été estimé à l'époque qu'une heure de classe nécessitait 1 h 30 de préparation/correction/réunions diverses et variées. Les autres personnels sont passés au 35h, pas nous. Les vacances d'été que nous attendons avec impatience ne nous sont pas payées. Notre salaire est juste étiré sur 12 mois. Vous pourriez les avoir aussi il suffit d'accepter d'être payé moins. Mieux, vous pourriez les prendre en dehors des vacances scolaires et donc bénéficier de tarifs plus bas, nous n'avons pas cette possibilité
Pour ma part je travaille déjà dans une démarche de projets et d'interdisciplinarité mais ce que je fais n'entre pas dans les EPI à venir, j'ai donc peur de devoir renoncer aux projets actuels qui fonctionnent pour en monter d'autre à l'aveugle sans être guidée par mon envie et ma conviction que cela aidera les élèves mais parce que j'y suis forcée.
Désolée pour le pavé
J'ai bien lu l'article, un peu décevant, je l'avoue, et les réactions, un peu enflammée parfois mais c'est normal, cette réforme quoiqu'en dise l'article, passe mal auprès des professeurs.
Je réponds d'abord à ceux qui parlent des matières à petit taux horaire, étant moi-même professeur de mathématiques je travaille en relation avec une professeur d'Art Plastique sur certains projets et je sais donc que pour la notation elle donne des critères très précis aux élèves et note non pas sur la qualité esthétique de l'oeuvre mais sur le respect des critères et à l'idée derrière l'oeuvre, entre autre le fait que l'élève soit capable d'expliquer pourquoi il a voulu faire ça plutôt qu'autre chose. Il n'est donc pas nécessaire de dessiner comme De Vinci pour obtenir de très bons résultats
Coté musique j'ai un projet avec le professeur également mais je n'ai pas étudié la façon dont il note et enfin coté EPS je sais que la notation à l'implication et aux progrès est une réalité pour en avoir bénéficié moi-même.
Pour en revenir à la réforme : elle est mauvaise mais, me direz-vous, ce n'est pas vraiment nouveau, toutes les réformes du collège depuis un certain temps sont assez mauvaises globalement et ce n'est pas vraiment ce qui me choque au final parce qu'on sait tous qu'aux prochaines élections (voire avant) on changera de ministre et donc de réforme et que ces EPI et autres idées inintéressantes mourront de leur belle mort.
Non ce qui me gène c'est qu'on prenne à ce point les gens pour des imbéciles, nous les profs, certes pour commencer mais on a l'habitude mais aussi les élèves et parents d'élèves.
Je ne connaissais pas les vidéos qu'Oyuna a montré en page 3 mais je crois qu'elles expliquent parfaitement ce qui dérange davantage dans cette réforme que dans les précédentes.
J'ai participé à la concertation où les question QCM laissent peu de place à un avis négatif et où on m'a demandé si j'avais bien tout compris (si si cela faisait partie des questions de la concertation ! ) et où nous avions 4 espaces LIMITES en nombre de mots (je n'ai plus en tête le nombre exact de mots maximal) qui ne nous permettaient pas d'argumenter correctement (ce qui n'est pas un souci majeur dans la mesure où je doute que quiconque s'amuse à lire ce que j'ai écrit.)
Si on décortique un peu la réforme :
* Création de postes : 4 000 postes à l'échelle de la France, c'est un effet 'annonce plus qu'une réelle avancée, c'est bien mais franchement ça ne mérite pas vraiment d'être mentionné et souligné en gras et en rouge en mode "c'est l'innovation du siècle."
* Les langues : je ne suis pas prof de langue mais mes collègues vous le diront sans doute, pour apprendre à parler une langue il faut une immersion, l'idéal ce serait, bien sur, des voyages linguistiques, des échanges, des films en VO etc etc mais, à défaut, il est important d'avoir de nombreuses heures de langue, 2 heures par semaine ne sont pas suffisantes et ne permettent pas de donner des devoirs, d'ancrer l'apprentissages, de travailler correctement.
Accessoirement les élèves sont censés parler en cours de langue, ils sont 30 et une heure de cours dure 55 min, je vous laisse faire le calcul du temps de parole de chacun si le professeur ne dit rien, ce qui n'est pas possible
* Le latin : le latin est voué à disparaître, si la réforme a reculé sur l'existence de l'option ce n'est que pour mieux sauter dès que possible.
* Les EPI : contrairement à ce que l'on veut nous faire croire (et l'une des vidéos l'explique très bien) les EPI et l'AP ne sont PAS des heures en plus. Elles sont prises dans les enseignements disciplinaires. De ce fait les élèves auront moins d'heures d'enseignement de base.
Vous me direz que ce n'est pas grave car ces EPI permettent de traiter le programme différemment. Admettons.
Prof de Math je décide de participer à l'EPI en lien avec le sport qui parle de la vitesse, je fais donc durant cet EPI mon programme sur la vitesse, ou je l'approfondis, mais dans ce cas les élèves ayant choisi un autre EPI, langues antiques par exemple, quand vont-ils étudier et approfondir les vitesses ?
Quand à l'accompagnement personnalisé en classe entière...Comment dire....Je ne vois pas la différence avec des cours classiques.
Quant à une réforme plus adaptée aux besoins des élèves je suis bien consciente que cela demanderait de l'argent que l'Etat n'est pas prêt à dépenser. L'informatique (au cœur des futurs programmes) est un gadget en l'état actuel des choses même avec des salles informatiques fonctionnelles y emmener une classe de 30 élèves relève de la folie furieuse (je sais, j'ai testé, je suis ressortie chauve), il vaut mieux investir cet argent dans des postes de professeurs afin d'avoir des classes non plus à 30 mais à 25 élèves maximum.
Après si on parle d'économie un choix plus approfondi des formateurs me semblerait profitable comme l'a dit je ne sais plus qui plus haut
Quant à nos détracteurs qui affirment que ce qui nous dérange c'est de travailler différemment je trouve ça triste de voir que cet argument existe encore.
Certes nous ne sommes pas parfaits, certes il y a chez les profs comme ailleurs des glandus de première, certes certains d'entre nous (comme dans d'autres métiers) peuvent être rétifs face au changement mais reléguer les défauts de la réforme au second plan en arguant que nos critiques sont uniquement dictées par la flemme c'est vraiment mesquin et irrespectueux.
Nous ne travaillons que 18h devant élèves mais cet horaire a été mis en place du temps où les gens travaillaient 45h par semaine, il a été estimé à l'époque qu'une heure de classe nécessitait 1 h 30 de préparation/correction/réunions diverses et variées. Les autres personnels sont passés au 35h, pas nous. Les vacances d'été que nous attendons avec impatience ne nous sont pas payées. Notre salaire est juste étiré sur 12 mois. Vous pourriez les avoir aussi il suffit d'accepter d'être payé moins. Mieux, vous pourriez les prendre en dehors des vacances scolaires et donc bénéficier de tarifs plus bas, nous n'avons pas cette possibilité
Pour ma part je travaille déjà dans une démarche de projets et d'interdisciplinarité mais ce que je fais n'entre pas dans les EPI à venir, j'ai donc peur de devoir renoncer aux projets actuels qui fonctionnent pour en monter d'autre à l'aveugle sans être guidée par mon envie et ma conviction que cela aidera les élèves mais parce que j'y suis forcée.
Désolée pour le pavé