Perso, je regrette absolument pas d'avoir signé la pétition. Les éditions Milan n'ont eu que ce qu'elles méritaient ; elles ont ignorés les premières plaintes, alors tant pis pour leurs gueules. Quand on écrit un bouquin, on réfléchit. Oui c'est difficile d'être auteur de nos jours, mais si ce qu'on fait encourage une quelconque forme d'oppression (même sans que cela soit intentionnel) alors il faut savoir se remettre en question et accepter les conséquences (ici donc, le fait de ne plus imprimer ce livre).
Ce bouquin m'a rappelé un souvenir d'enfance amer : j'avais 11 ans et j'étais en colonie de vacances. J'étais en pleine puberté et avais donc un début de poitrine (vraiment minuscule, mais pas non plus assez pour passer inaperçu). Un jour, je descend de ma chambre avec mes amies pour aller attendre pour l'activité du jour, je portais un T-shirt, sans soutif ou brassière. (Vraiment pas besoin pour mes micro-boobs de pré-ado). Et là, un garçon du groupe qui attendait avec nous, m'a lancé, d'un ton plein de mépris et d'irrespect : "Pourquoi tu portes pas de soutif ?"
Ce garçon avait à peine 11 ans je précise, et il mattait mes tétons qui pointaient avec un mélange de perversité et de mépris ; dans son regard, je voyais que ça le dérangeait : c'était de ma faute s'il me faisait cette remarque, c'était à moi de mettre un soutif pour pas déranger ses hormones de jeune prépubère.
Sa remarque m'a mise tellement mal à l'aise (se sentir scrutée comme ça...) que je suis remontée dans ma chambre mettre un gilet (alors qu'il faisait 30 degrés !)...
Ce jour là, je me suis sentie salie par son simple regard. Et c'est en partie à cause de cette histoire que je me suis forcée à mettre des soutifs et brassières pendant longtemps, alors que j'ai toujours été mieux en mode free-boobs (aujourd'hui, heureusement, j'arrive de nouveau à profiter de la magie du no-bra )...
Et puis même, au collège, je me rappelle du nombre de fois où des nanas de ma classe m'ont demandé de manière intrusive pourquoi je ne portais pas de vrai soutif ! (Je mettais des brassières pour pas que mes tétons se voient, mais du coup c'était ma forme naturelle de seins qui était visible). ça m'a toujours mise mal à l'aise et fait complexer...
Bref, tout ça pour dire qu'une remarque à priori anodine peut faire beaucoup de mal et conditionner quelqu'un... Alors même si ce ne sont que quelques pages du bouquin qui sont sexistes, oui, il est bien d'avoir empêché ce dernier d'être à nouveau publié. Les mots ont un sens, et ils peuvent être bien plus blessants qu'on ne le pense, ils peuvent nous marquer à vie.
Pour finir, je n'aurais qu'une chose à dire aux éditions Milan : Cheh