C'est marrant, je pense que ça dépend vraiment de comment on vit notre puberté, mais je n'ai jamais vraiment subi ces diktats. Certainement qu'en ne m'informant pas sur ce qu'il se passait chez moi, mes parents m'ont également évité d'avoir des attentes quant à mon corps (je ne savais juste pas ce qu'il allait devenir, et j'avais peu de ressources pour faire des recherches moi-même, d'autant qu'on me faisait sentir que "la puberté, c'est sale"). Mais du coup, je n'ai jamais eu l'impression qu'il fallait des gros seins pour plaire, on ne m'a jamais parlé épilation (et j'ai fait un choix par moi-même pour y parvenir, du coup), etc. À part surveiller mon poids (ça, ma mère savait me faire comprendre qu'il fallait faire "attention"), j'ai eu véritablement conscience de mon corps et de ce qu'il pouvait produire chez les autres que très tardivement. En cela, un livre de ce genre m'aurait bien aidé...
Mais du coup, il faudrait certainement se placer entre ces deux discours en donnant une conscience du corps qui s'appuie sur une certaine tolérance des différences et sur une revendication des spécificités propres à chacune.
C'est sûr que comme toute expérience c'est propre à chacun, justement c'est pour ça qu'à mon sens il faut essayer de brasser large et de balayer les clichés si on veut un livre intelligent qui puisse aider les jeunes filles. Donner des informations pour celles qui en manquent ( c'est le cas de beaucoup ), leur dire que ce n'est pas normal que les gens se permettent d'avoir un avis sur leur corps et encore moins de l'exprimer. Arrêter de sacraliser le truc et de leur dire qu'elles vont pouvoir être des " femmes " enfin, comme si femme était synonyme de règles, de formes généreuses et d'envie de plaire aux garçons : ce n'est pas le cas pour toutes !
bien pour ça que j'ai souligné que c'est sans doute moi qui était con à l'époque .Une jeune fille de 12-13 ans avec une intelligence dans les limites de la normale est parfaitement capable de saisir l'ironie ou le second degrés... Jeune ne veut pas dire débile.
Ce livre s'adresse aux 9-13ans, d'une part. D'autre part on peut à 12 ans avoir encore du mal à prendre du recul par rapport aux diktats sans être à considérer comme stupide, non ? L'adolescence c'est une période de changement plutôt mal vécue par beaucoup. Ces injonctions et ces clichés existent de façon réelle, que ce soient rabâchés dans les médias ou par les camarades, l'entourage. Comment est-on sensé comprendre, tout en étant dans une culture qui prône ces injonctions au premier degré, que ce livre se veut ironique et en fait trop déconstruit et subversif ? Même après des années d'éducation au féminisme, je ne l'ai pas perçu comme ça.
Au delà de ça, je parle couramment le sarcasme et je peux dire que c'est loin d'être le cas de tout le monde, y compris bien passés 12ans. Certaines personnes ne saisissent jamais le second degré et je ne les considère pas pour autant comme idiotes. Et on peut aussi parler de cette tendance à qualifier de " second degré " ce qui fait un tôlée pour se dédouaner et faire comme si les, ici lecteurs, n'avaient pas compris l'intention de l'auteur ; personnellement ça ne prend pas.
@Nastja je vois ce que tu veux dire, honnêtement. Moi aussi j'ai appliqué la technique de " se mettre dans le moule pour éviter les railleries ". Parce que les moqueries font mal, qu'avoir l'impression de ne pouvoir jamais prétendre à être beau, désirable et aimé, surtout quand tu es jeune et que tu te manges ces idées en pleine construction, ça fait mal.
Moi aussi, j'ai voulu " protéger " de la famille et des amies, en leur conseillant de s'épiler pour ne pas être moquées, j'ai mis des soutifs rembourrés pour faire illusion et pour ne surtout pas être la fille qui ne porte pas de soutif/dont on voit les tétons.
Je ne pense pas qu'une déconstruction à échelle d'individu, ou qu'empêcher ses enfants de se plier aux normes, soit la solution. La solution pour moi réside dans l'évolution des mentalités. Evolution des mentalités qui passe par les images renvoyées par les films et les livres. On peut faire changer les normes à condition d'éduquer : d'expliquer aux garçons et aux filles ce qui leur arrive, ce qu'il est correct de faire ou non ( indice : se moquer des tétons de la voisine = pas correct ). Leur offrir d'autres visions de la femme et de l'homme que celle qui est toujours largement diffusée actuellement et qui pourrit l'adolescence et l'estime de soi de beaucoup. Ça passe, entre autre, par faire en sorte que de grandes maisons d'éditions qui seront lues à grande échelle arrêtent de publier de belles bouses qui perpétuent les clichés ; ce sera rien qu'un petit pas, mais ça compte à mes yeux dans la marche vers l'égalité.