Il faut savoir nuancer son propos. Si on cherche à convaincre quelqu'un, ou juste à faire de la pédagogie, ou à sensibiliser, oui, ça vaut le coup de nuancer les propos généraux, et d'avoir recours aux exemples. Quand on est dans un échange de personne à personne, ça vaut le coup d'aller chercher dans le vécu de l'homme en face pour illustrer des faits qui paraissent trop abstraits.
Le problème de formulations plus nuancées "il y a des hommes qui..." ou "des hommes font ceci ou cela", c'est qu'elles permettent un double déni
Tes propos sont intéressants et bien expliqués. Après, je ne comprends pas trop la différence entre "convaincre quelqu'un"/"faire de la pédagogie" d'un côté, et "quand on est dans un échange de personne à personne" de l'autre.
Après, je suis d'accord avec toi en général, mais comme dit
@Margay et
@Robinsonne , certaines personnes peuvent aussi se braquer, notamment des personnes non averties, et c'est normal.
Même ici, on est quelques unes ici à faire du notallmen pour peu qu'on se sente émotionnellement touchées, pour défendre nos proches par exemple, tout comme je le fais parfois aussi pour indirectement prendre la défense de mon meilleur ami homme qui a été victime de violence conjugale, donc c'est une réaction très normale.
Je comprends tout à fait la démarche de dire "les" au lieu de "des", et j'avoue que je sais pas trop comment faire autrement pour que la personne soit réceptive. Les risques que tu cites en ne généralisant pas sont très justes, mais en effet ont aussi le risque de verrouiller le dialogue.
Comment sensibiliser des gens en les faisant se sentir un minimum concernés mais sans provoquer de lever de boucliers? Par exemple si tu devais en parler à un groupe dans un but pédagogique, tu dirais quoi? "les"? "des"? peut-être un "on" très général qui me semble un compromis entre les deux? (quoique je sais pas trop...). J'avoue que je suis actuellement un peu perdue...
Mais c'est en effet une évidence qu'il faut toujours donner des exemples dans un discours pour le rendre le plus clair possible...
Après, ce "les" est une expression avec laquelle je ne me sens pas forcément très à l'aise pour une autre raison, c'est que parler en terme de généralités notamment à des personnes non-averties contient le risque d'occulter les minorités de ce groupe qui sont aussi être elles-mêmes victimes de violences, comme les membres issus de la communauté lgbt ou les hommes victimes de violence conjugale, qui ne correspondent pas vraiment à l'archétype du mâle cis dominant et viril. Je pense que ça peut faire croire à certains que les hommes ne peuvent être que violents et jamais victimes, comme j'ai pu un peu lire dans certains commentaires de journaux en ligne, par exemple lors de l'affaire Maxime Gaget il y a deux ans je crois...
Après, peut-être en effet que tout dépend de la personne que l'on a en face, mais quand on ne connaît pas qui on a en face, c'est difficile; si le "les" est un moyen de faire comprendre que la majorité des hommes sont potentiellement violents et que chaque individu n'est pas à l'abri d'un mauvais comportement, ça peut aussi être un risque de faire oublier à certaines personnes qu'une minorité peut aussi être violentée, et étant donné que j'en connais un dans ce cas, j'avoue que je ne me sens pas 100% à l'aise avec ça...
Hm c'est compliqué tout ça...
si vous me permettez le raccourci foireux, je pense que c'est une problématique semblable aux violences conjugales subies par les hommes... ça existe et c'est important à en parler, mais ça peut détourner la conversation au point d'être centré que sur ça et de (allègrement souvent d'ailleurs) ramener la couverture sur soi en niant que les autres violences existent... et surtout en les cautionnant (et j'inclus de manière passive).
En fait, je dirais que c'est précisément le problème de ces hommes victimes de violences, qui sont silenciés et/ou ridiculisés quand ils veulent en parler eux-mêmes parce que notre société n'est pas capable d'accepter qu'un homme soit la victime d'une femme, et qui sinon sont instrumentalisés par les groupes mascu pour silencier les femmes victimes, ce qui en plus les font passer eux aussi (les hommes victimes) pour des mascu quand ils veulent parler de leurs problèmes. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'il y en a très peu qui parlent de leur situation. L'éducation de beaucoup d'hommes à ne pas se plaindre n'aide pas non plus...
Je pense que le gros problème est que ça touche à la conception de la masculinité même, de l'homme fort, viril, etc..., et notre société patriarcale ne veut toujours pas accepter que les hommes et les femmes soient autre chose que les cases qui ont été prévues pour elleux, même si quelque part, ça bouge un petit peu quand-même sur certains aspects...
Après, si par exemple un homme victime souhaite parler (c'est la meilleure des choses à faire de toute façon : en parler), je pense que la meilleure solution pour éviter le moindre risque que leur prise de parole ne soit considérée comme du notallmen malsain (je veux dire, dans le but de silencier les autres victimes), c'est de rappeler les spécificités de la violence pour chaque genre, afin de ne pas donner cette impression de silenciation. De parler de leur situation mais en tant que situation minoritaire (sans esprit de minoration de la gravité de leur souffrance) dans un contexte de violences faites aux femmes en grande majorité.
Pour entendre/accepter/accueillir, il faut déjà qu'une personne s'exprime ou qu'un élément se présente
Je pense que la simple reconnaissance et prise en compte des problématiques plus typiquement masculines par les féministes est un pas vers eux, et j'avais déjà évoqué le fait qu'idéalement, pour moi, on serait alliés. Mais porter pour eux des problématiques spécifiques à eux-mêmes, ce n'est pas faire un pas vers les hommes...c'est marcher en les portant dans nos bras!
Je suis d'accord avec cela. Après si je reprends la problématique des hommes victimes de violences, ils sont une minorité parmi les hommes, et la majorité refuse de les reconnaître car des victimes hommes ne rentrent pas dans la case de ce que doit être un homme dans cette société. Pour eux, un homme n'est pas légitime s'il a été victime d'une femme, ou s'il s'est montré "fragile". Du coup, je pense que pour l'instant, les femmes sont leurs meilleur/e/s allié/e/s vu qu'il ne trouvent quasiment aucun soutien chez les autres hommes en étant soit silenciés, soit ridiculisés, soit instrumentalisés, tandis que j'ai l'impression qu'il y a davantage de femmes qui sont enclines à les écouter.
Après, en effet, je suis d'accord que c'est aussi à eux de se prendre en main et de passer aussi par les tempêtes par lesquelles nous sommes passées. Après tout, toutes les femmes à l'époque et encore maintenant n'étaient pas forcément toutes unies à la cause...
Mais si on peut les aider à libérer cette parole, alors je ne dis pas non...
comment ouvrir le dialogue sur des sujets importants quand l'autre n'est pas "disposé" à discuter ?
Pour ma part, je pense qu'il faudrait que eux aussi voient qu'ils ont à y gagner pour s'investir, et sur ce point, je rejoins un peu Margay...
Après, je ne suis pas sûre que cela suffise... il semble en effet que seul le discours ne suffit pas et qu'il faut aussi la lutte, en tout cas pour les droits les plus importants. J'ignore s'il y a des droits qui ont été acquis de manière pacifique ou si tous se sont acquis dans le conflit. Mais pour autant, je pense que le discours est quand-même indispensable malgré tout, même si je comprends le sentiment de certaines personnes comme quoi il serait inutile...
La réflexion est souvent unilatérale. Pas de combat pour qu'en même temps, on introduise la notion de temps partiel universel pour que tout le monde puisse profiter de sa vie et avoir un revenu correct, que le ménage ne soit pas strictement féminin, pas de combat décroissantiste non plus
Je suis tout à fait d'accord, et je suis persuadée que ça règlerait beaucoup de problèmes, notamment le temps partiel universel qui rééquilibrerait pas mal de choses... C'est d'ailleurs une mesure qui avait été voulu par la ministre de la famille en Allemagne, si je me souviens bien, il y a quelques années... J'avoue que je ne sais pas si ça a été instauré ou non...
Je connais bien un ou deux hommes de mon entourage qui sont aussi de cet avis, mais c'est une très petite minorité, j'avoue...