je m'étais tenue à l'écart de ce topic, parce que l'ambiance un peu explosive des premiers échanges ne m'a pas vraiment incitée à y participer. moi, je suis sincèrement convaincue qu'on ne fera pas gagner plus de droits aux femmes (ou au "non cis mec hétéro?") en se battant contre les monsieur cis mec. c'est épuisant, c'est déprimant, et je sais pas même pas si c'est efficace. je comprends que certaines adoptent cette position, et je le respecte. moi je prends le parti de me dire qu'aucune discussion avec un mec formaté "testotérone/viril/mec comme il faut" n'est vaine, et qu'à force de dialogue, à force de semer mes idées un peu partout... ces types, un jour, quand ils seront face à une situation remarquablement sexiste, au lieu de rester dans leur confortable position habituelle, ils auront une once de "ah tiens, mais j'en avais parlé l'autre jour avec bidule, c'est vrai que c'est con ça".
Chacune son combat, à nous toutes j'espère qu'on s'extirpera de notre situation actuelle pour une meilleure...
@Kalimmbaa j'ai trouvé le post d'
@AprilMayJune super, et j'y adhère entièrement, je ne saurais que te conseiller de le relire encore et encore...
je vais compléter avec mes mots et mon ressenti. les enfants, je pense qu'ils s'en fichent que leur papa soit un modèle dit "masculin". ils sont pas cons, ils voient bien que leur papa ne ressemble pas à leur maman. par contre, ils ont besoin d'être armés contre l'océan de sexisme qui va leur tomber sur le coin du museau dés qu'ils vont s'aventurer hors du cercle familial. les petites filles vont entendre à l'école qu'une fille doit être sage et que les math c'est compliqué. les petits garçons vont entendre dans leurs groupes de copains qu'un petit mec ça pleure pas comme une fille et que ça joue bien au foot (contrairement aux filles ces pleureuses, qui en plus ne courent pas vite). des gens se moqueront d'eux parce qu'ils voudront des jouets ou des vêtements de la mauvaise couleur.
pour info, je te renvois vers cet article -->
http://tempsreel.nouvelobs.com/rue8...-les-terrains-de-foot-des-cours-de-recre.html
voila le sexisme ordinaire d'une gamine de 6 ans. personnellement, à chaque ligne, j'ai pensé "ah putain, mais c'est mon enfance ça...". j'étais une mini rebelle (merci maman ayrshire
), alors déjà gamine je l'ai vécu comme une injustice, et j'en ai un souvenir cuisant. le souvenir de ne pas pouvoir jouer AU MILIEU sur le terrain tant convoité. se faire renvoyer dudit terrain par les maîtresses parce qu'il me manquait à moi et mes copines un accessoire indispensable : le ballon de foot. avoir un ballon mais être obligé de jouer sur le côté de la cour, avec des buts en cartable, parce que même si on avait un ballon on avait un gros handicap : on ne courrait pas assez vite et on était moins doués (quoique...).
ce qui est à la fois drôle et triste, c'est que j'ai 30 balais, et que j'ai pas vraiment réussi à dépasser cet état de fait. exemple récent en date, et compliqué pour mon égo : je kiffe le roller, et je me suis mis en tête d'aller au skate parc, parce que ça a l'air quand même génial comme sensations de glisse. mais c'est quoi un skate parc? c'est un aménagement urbain, souvent au milieu d'un place, d'une esplanade... et quasi exclusivement masculin. il y a rarement des filles... une ou deux. souvent sur le côté à regarder les mecs. rare sont celles qui s'aventurent au milieu de la testostérone. pendant longtemps j'ai passé mon chemin... ce qui m'a beaucoup chagrinée, parce que je sais pas comment on peut faire pour apprendre sans essayer et se casser la gueule... un jour, avec des copains (un mélange de filles et de gars), on a fini par passer le pas, on est rentrés et on a tenté notre chance. ce fut terrible. d'abord, on ne sait pas où se mettre. personne ne t'adresse la parole, mais tout le monde te fait sentir que tu n'y as pas ta place. ensuite, il y a le public... les badauds qui spotent qu'il se passe un truc inhabituel (oh! des filles!), et forment un petit comité pour regarder tes moindres faits et gestes et les commenter (c'est surtout ce dernier point qui est gênant d'ailleurs). mon égo est trop chatouilleux pour réussir à ignorer tout ça, alors au final, je préfère aller dans les skate parc vides (qui sont beaucoup moins chouettes d'ailleurs...).
voila, on est en 2017, j'ai 30 ans, et je prends encore la place "qui reste". je suis partagée entre le cynisme et le rire jaune. mais bon, aujourd'hui je me dis que quand je serai moins nulle, je retournerai dans le skate parc que je convoite dés que je ressemblerai moins à bambi sur le lac gelé.
alors pour revenir aux enfants... réussir à leur inculquer les bases du savoir vivre ensemble... ça me semble être à la fois le minimum vital, et à la fois un énorme progrès. leur faire comprendre qu'ils ont le droit d'aimer le rose, bleu, vert ou violet, et qu'ils n'ont pas le droit de se moquer du choix des autres. qu'ils sont capable de relever leurs défis, et qu'ils ne doivent pas en décourager les autres. sois juste entre tes enfants quelque soit leur genre. apprends à tes petits gars à ne pas faire le mouton et à se poser des questions sur ce qu'ils voient tous les jours comme exemple pourri de sexisme. apprends à tes petites zouzes à ne pas se laisser influencer par leur monde entier qui voudra les rendre comme ceci ou comme cela.
c'est déjà du boulot. avec un peu de chance, quand ils seront grands ils seront moins formatés sur la moyenne.