Parce que Fillon a fait campagne en direction de la "droite dure" de l'électorat de droite sur des thèmes connotés FN (islam, immigration, "valeurs familiales", sécurité, etc), comme Sarkozy avant lui en 2007?
Pourtant les électeurices de Fillon me paraissent plus proche de Macron que celleux de Mélanchon. Il me semble que le programme de Fillon menait vers un désinvestissement des dépenses publiques, vers un assouplissement des règles pour les entreprises, une baisse de la dette publique. À part leur aversion pour Hollande et par capillarité Macron, je vois mal en quoi des gens qui ont déjà choisi Fillon plutôt que Le Pen au premier tour seraient plus loin de Macron que les électeurs de Mélanchon qui, il me semble, souhaitait un véritable changement de système, et rejettait la domination banquière, la destruction du code du travail, le capitalisme.
Les électeurices de Fillon ont déjà fait, au premier tour, le choix d'un racisme moins affiché que celui de Le Pen, donc même si la campagne de Fillon a en partie été sur ces thèmes, illes me semblent pas moins une cible de report de voix que celleux de Mélanchon.
En fait tout ça me fait penser à cet article de slate : "Par lâcheté, la classe politique a renoncé à affronter Marine Le Pen"
http://www.slate.fr/story/140078/classe-politique-renonce-affronter-marine-le-pen. J'ai l'impression qu'il est finalement assez facile d'en appeler à la responsabilité et de faire une forme de chantage aux électeurices "de gauche" (quand ce n'est pas directement aux racisé-e-s), plutôt que de faire campagne contre le FN en luttant activement contre ses idées afin d'affaiblir son score, et en visant notamment l'électorat "de droite". Au lieu de proposer une alternative politique, on va vers celleux qui sont les plus sensibles à ces arguments de chantage façon "c'est de ta faute si Le Pen passe".
@Ana-Esperanza j'ai l'impression que la "consigne de vote" est devenu un gimmick, un passage obligé qui vaut les gros yeux de la presse et des journalistes si on y manque. Mélanchon a probablement contribué à éviter un score plus élevé du FN, contrairement à Valls, Fillon et Hollande, mais sa "consigne de vote" non donnée est finalement plus importante que la réalité politique du combat des idées du FN (ou du moins du combat des idées du libéralisme extrême, en l'occurence accompagné de suprémacie blanche). A nouveau, les actions sur le temps long sont éclipsés au profit de la petite phrase et de l'image instantanée.