J'ai profité de ce long weekend et de mon temps sans enfant pour terminer Belle du seigneur d'Albert Cohen commencé en juin.
Solal, haut fonctionnaire juif à la SDN, rencontre Arianne, l'épouse protestante d'un de ses sous-fifres arriviste et feignant. Et c'est le coup de foudre.
Avec ce roman, Albert Cohen voulait écrire le livre de l'anti Amour, le livre sur la Passion amoureuse. Une passion sublime, ridicule, décadente, destructrice et toxique....
Avec moults effets de style (logorrhées mentales des personnages, chapitres sans ponctuation...), Cohen nous démontre l'impossibilité mais aussi le refus pour les amants magnifiques et maudits de passer de cette Passion ardente à l'Amour véritable. L'agonie inéluctable du couple est parfaitement retranscrite mais pas seulement.
Le contexte de montée du fascisme et de l'antisémitisme, les prémices de l échec de la SDN, l'esprit petit bourgeois étriqué et pudibond participent à la richesse du roman en créant un contexte dense.
A la fois farce sentimentale dans laquelle les héros se retrouvent piégés par leurs propres rêves de romantisme et d'absolu; et satire politique et sociale intéressante, psychologiquement très fine; le tout aboutit à une expérience de lecture presque déplaisante tant les personnages sont antipathiques (pervers narcissique, midinette, tire-au-flanc...) Un roman fort dont on ressort vidé par son cynisme presque misanthrope voire misogyne.