Je suis en train de lire The papers of Professor Moriarty, un livre que j'ai trouvé dans la boutique du musée Sherlock Holmes à Londres. C'est un joyeux mélange entre articles de journaux, journal intime, ordres de missions et dessins de la némésis de Sherlock Holmes. Ce n'est pas trop mal fait et ça respecte assez bien le canon. Je le trouve assez plaisant à lire, il illustre bien la folie meurtrière de Moriarty, doublée de cette intelligence froide et méthodique qui en fait un personnage fascinant. Si vous êtes une Holmesian et que vous avez du temps libre, vous pouvez vous pencher dessus.
Sinon, j'ai profité des fêtes pour lire plusieurs mangas :
Le couvent des damnées de Minoru Takeyoshi : on plonge dans l'histoire d'Ella, jeune Allemande vivant au XVIIe siècle et envoyée dans un couvent pour les filles de sorcière après que sa mère adoptive ait été brûlée. Découvrant les secrets qu'utilisent les soeurs pour soumettre les jeunes filles, Ella est bien décidée à s'évader de cette prison. Avec quelques consoeurs novices, elle organise la résistance, mais est entourée de nombreux ennemis. C'est irrémédiablement un coup de coeur. L'ambiance du manga est oppressante, angoissante et malsaine à souhait. L'histoire est intrigante, pleine de suspens et on sent bien que l'auteur fait des efforts pour approfondir la psychologie des personnages. Il est appréciable de ne pas retrouver le manichéisme présent dans de nombreux mangas : tous les personnages sont nuancés, avec, pour la plupart, une psychologie assez torturée, voire complètement tarés pour certains (coucou l'Inquisiteur).
Magi de Shinobu Ohtaka : si vous aimez les contes des Mille et une nuits et Disney, ce manga est fait pour vous. Aladin, 10 ans, est un magi, un magicien puissant chargé de nommer des rois et possédant un djinn nommé Hugo, prisonnier d'une flûte (si vous pensez que votre vie est merdique, dites-vous que vous pourriez être enfermé dans une flûte). Au cours d'un voyage, il fait la rencontre d'Ali Baba, qui travaille pour un marchand et rêve d'explorer un labyrinthe, lieu mystérieux renfermant de nombreuses richesses et des djinns, génies chargés d'accomplir les volontés de leurs maîtres. Les deux amis aventuriers se retrouvent bien malgré eux au milieu de nombreuses machinations politiques... Contrairement à ce qu'on peut penser, il ne s'agit pas d'une copie des histoires de Shéhérazade ou d'une pâle adaptation du Disney. Je dirais plus que l'auteur prend des personnages connus et les intègre à une histoire complètement différente, qui prend son inspiration de plusieurs sources. Outre le mystère autour de la naissance d'Aladin et la quête du jeune garçon concernant ses origines et son rôle en tant que magi, l'auteur pose la question de la dignité humaine, notamment à travers le personnage de Morgiane, ancienne esclave ou tout simplement du peuple opprimé par une noblesse vivant dans l'opulence. Elle est parfois naïve dans son traitement de ces questions, presque manichéenne, mais j'apprécie le fait qu'elle les aborde, d'autant plus que l'esclavage constituait une partie importante de l'économie dans le monde arabe. C'est un autre coup de coeur. ^^
Alice in Murderland de Yuki Kaori : alors là, âmes sensibles, s'abstenir. Le pitch est le suivant : Stella Kuonji, comme ses huit frères et soeurs, est une orpheline adoptée par la puissante famille Kuonji. Lors de l'une des Mad Tea Party mensuelles, Olga Kuonji annonce à ses enfants qu'ils doivent s'entre tuer dans le but de prendre la tête de la famille et d'accéder à la vie éternelle. S'ils refusent, ils sont condamnés à mourir au bout d'un mois, la matriarche ayant glissé du poison dans leur thé. Lorsque son frère aîné adoptif Zeno est assassiné, Stella perd la raison et se transforme en Bloody Alice, une Alice au Pays des Merveilles à la beauté irréelle et assoiffée de sang. Franchement, j'ai été captivée, même si on plonge de plus en plus dans le gore et le malsain, puisque chaque frère et soeur a sa double personnalité et son lot de folie et de perversion. Et au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, racontée du point de vue de Stella, on se rend compte de l'insanité de cette famille, entre membres complètement tarés et expériences atroces. Le tout est saupoudré de références aux contes - qui je le rappelle, sont des histoires cruelles voire sanguinaires à la base - et à l'oeuvre de Lewis Carroll. Si vous lisez le manga, amusez-vous à les trouver. Perso, j'ai bien aimé et je continuerai à lire le manga, mais je peux tout à fait concevoir qu'on puisse le détester, tant l'histoire est tordue. Si vous n'êtes pas convaincues, essayez-le au moins pour la beauté des dessins.
Voilà, grâce à ces lectures, vous saurez maintenant que je suis une personne scène d'esprit. =P