Ce week-end j'ai lu
Sorcières, sages-femmes & infirmères : une histoire des femmes soignantes de Barbara Ehrenreich et Deidre English (poke
@Saucisson. ). C'est un pamphlet des années 70 sur l'appropriation du soin par la classe dirigeante masculine, au détriment du savoir empirique largement féminin qui a pu exister avant la professionnalisation de la médecine. C'est clairement une simple intro (et ça n'avait pas d'autre ambition à la base), d'ailleurs l'édition est enrichie de préfaces, postface et bibliographie très intéressantes sur l'évolution de la situation depuis l'écriture du pamphlet. Ca m'a vraiment donné envie d'approfondir ce thème selon l'axe féministe.
J'aime beaucoup cette collection Sorcières des éditions Cambourakis, pour des introductions synthétiques au féminisme américain. J'avais déjà lu
Fragiles ou contagieuses : le pouvoir médical et le corps des femmes des mêmes auteures, sur l'autre versant du lien corps médical/femmes, et il reste mon préféré. Dimanche j'ai donc enchaîné sur
Donner naissance : doulas, sages-femmes & justice reprodcutive d'Alana Apfel, dans la même collection. Je m'intéresse de plus en plus au thème de la grossesse et de la maternité (après une adolescence en total rejet, non dépourvu d'un sexisme intégré évident maintenant). Il s'agit ici d'une anthologie de courts essais et entretiens sur le thème de la réappropriation de la naissance par les femmes, notamment en lien avec la couleur de peau et la classe sociale. L'aspect "bric-à-brac" peut suprendre, mais c'est voulu (en opposition aux communications médicales classiques, désincarnées et froidemment scientifiques). Là encore j'ai trouvé ça très intéressant, je pense que je le relirai si je suis enceinte un jour, mais ça mérite approfondissement.
Toujours en non-fiction mais sur un thème différent (quoique, je commence à faire le lien entre mes intérêts féministes, anticapitalistes et écologistes), j'ai commencé
Éloge du carburateur : essai sur le sens et la valeur du travail de Matthew B. Crawford. L'auteur est diplomé de philosophie politique, et a commencé sa carrière dans un think tank, qu'il a rapidement lâché pour devenir mécanicien réparateur de moto. Il a l'érudition et le bons sens : tout ce que j'aime ! Son essai retrace donc la perte de contrôle de l'humain sur son environnement, et donc la perte de sens de nombreux nouveaux métiers (les "jobs à la cons"), alors que l'activité manuelle est indispensable au cerveau humain, et à son épanouissement. C'est passionnant, hyper accessible et convaincant.