Ca ne m'avait pas prise depuis longtemps, mais je fais un gros retour aux sources en ce moment: je suis dans ma phase linguiste
qui se la pète.
Vous avez déjà eu peur de lire un livre? Moi oui: j'en ai un dans ma PAL depuis des années, ce genre de livre où vous placez la barre tellement haut que la crainte d'être déçu vous fait repousser le moment de la lecture. Il y a quelques mois j'avais pris une grosse inspiration et puis je l'avais ouvert...et en fait c'était tellement encore MIEUX que ce que j'imaginais...que je l'ai refermé parce je savais que j'allais avoir besoin d'un moment, d'un état psychologique bien particulier pour le déguster. C'est chose faite. J'ai lu
Poésie du gérondif de Jean-Paul Minaudier. Ce monsieur, il aime les grammaires (dans le sens d'ouvrages linguistiques scientifiques qui présentent les constructions syntaxiques des diverses langues du monde): il en possède plus de 1000 (il se parle environ 6000 langues dans le monde) et s'en extasie. Dans ce livre, il s'amuse à les comparer, à démontrer qu'une langue n'est jamais plus riche ou plus pauvre qu'une autre mais qu'elle s'oriente à exprimer ce qui est nécessaire à ses locuteurs, à présenter ces originalités qui, à nos oreilles et nos yeux de locuteurs européens, semblent si bizarres voire inconcevables, et finalement à montrer comment le monde environnant agit sur la langue autant que la langue agit sur nos visions du monde.
J'ai surligné, recopié, corné-je-sais-c'est-pas-bien je ne sais combien de pages et de passages. Si un jour quelqu'un me demande ce qu'il y a de si intéressant dans la linguistique (cette science littéraire relativement aride, il faut bien le dire) c'est ce livre que je lui mettrais sous le nez. L'auteur a une plume délicieuse non dénuée d'humour et son propos est entièrement accessible aux non spécialistes (lui-même est historien et ne cherche jamais à être linguiste à la place du linguiste)
Décidément un livre qui entre dans mon classement de mes 10 ouvrages préférés.
L'intérêt de lire un livre non-fictionnel, c'est que souvent il y a des notes de bas de page ("un genre littéraire trop souvent décrié" comme le dit J.-P. Minaudier
). L'une d'elles, qui citait un ouvrage, m'a fait particulièrement envie. Bénéficiant de la protection du dieu de la linguistique, j'ai réussi à me le procurer. Il s'agit de
Le monde ignoré des Indiens pirahãs de Daniel Everett. Pour la faire courte, ce monsieur américain a vécu 30 ans avec sa famille dans une tribu de pirahãs au bord du fleuve amazone pour en étudier la langue (une langue spéciale qui n'est apparentée à aucune autre et dont l'originalité réside dans la simplicité de son système: 7 consonnes et 3 voyelles, des termes de parenté n'excédant pas les grands-parents et les frères et soeurs, une grammaire qui ne se base que sur l'expérience directe -pas de passé mythique par exemple-, pas de système de comptage ni de couleurs. MAIS, parce qu'aucune langue est moins sophistiquée qu'une autre, des nuances selon que la langue est sifflée, chantée, etc. Bref, je m'arrête là, la moitié d'entre vous a dû s'endormir
). Il raconte sa vie au quotidien, présente la langue bien sûr, mais son livre prend également un tour sociologique très intéressant. L'image du membre de tribu, du gentil sauvage un peu benêt en prend un coup, et c'est tant mieux. J'aime ce genre de livre qui rappelle qu'on peut avoir un mode de vie totalement à l'opposé de celui des pays développés et n'en être pas moins digne et respectable. J'ai adoré.
J'ai également commencé le livre (encore non fictionnel) de François Boustani
La circulation du sang, entre Orient et Occident, l'histoire d'une découverte. J'aime beaucoup l'approche qu'a choisi l'auteur (qui est cardiologue): il prend comme fil conducteur l'avancée des connaissances médicales sur la circulation sanguine au fil des siècles pour présenter de manière plus générale l'histoire de la médecine (les débuts en Grèce antique puis le monde arabo-musulman et enfin la chrétienté latine d'Occident). Clairement, l'ouvrage se veut didactique et accessible et ne cherche pas les grands effets de manche, le propos est clair, l'auteur accompagne son lecteur. Efficace et très intéressant.
En parallèle (qui sera vite lu), je découvre
Edmond d'Alexis Michalak sur la création du célèbre Cyrano de Bergerac. Je n'ai vu ni la pièce, ni le film donc c'est une vraie découverte. J'aime beaucoup pour l'instant (mais je démarre à peine)
Enfin (oui, je me suis remise à lire plusieurs ouvrages en parallèle, ça faisait longtemps) je commence aussi
Dream House de Marzia Bisognin. J'ai vu passer de bons commentaires (ici sûrement) et je me le suis procuré. Je lis en anglais, je ne sais pas trop à quoi m'attendre mais j'ai cru comprendre que c'était plutôt dans le genre suspense/paranormal. En fait j'en suis même pas sure, je vous dirai ça quand je l'aurai fini