Rhapsody;3223596 a dit :De Quignard, j'ai lu Tous les Matins du Monde : je n'avais pas vraiment apprécié. J'ai trouvé qu'on restait trop à l'extérieur de l'histoire. Habituellement - ou en tout cas, généralement - le choix de ne pas tout dévoiler de l'histoire, ou de l'intériorité des personnages ne me dérange pas. Mais là, entre la briéveté du roman, le grand nombre d'ellipses temporelles, l'écriture lapidaire et hachée, j'ai eu l'impression d'être toujours trop éloignée de l'histoire et des personnages. Du coup, j'ai trouvé ça dommage, parce que l'histoire, les relations entre les personnages et leurs rapports à la musique sont très intéressants, et j'ai donc été déçue de ne pas avoir réussi à être entraînée par les mots. Par contre, le passage où il décrit la voix de la viole est très beau.
Et pour Des Souris et des Hommes, lance-toi vite ! Il est superbe, et bouleversant. Je n'arriverai pas trop à en parler sans dévoiler tout le livre par contre. Le roman est très court, et pourtant, il y a une multitude de choses qui sont dites - comme la mise à l'écart des minorités, ou la critique des écarts sociaux et de richesse. On retrouve d'ailleurs ces aspects dans La Perle, qu'il faut absolument lire aussi. Il peut paraître un petit peu manichéen aux premiers abords, mais pourtant est très réaliste sur la course à la richesse, l'éloignement de la ville riche de la nature, le rejet des communautés plus pauvres, la "perversion" que la richesse (ou que le désir de rchesse) peut ammener... C'est un très beau conte. Et j'aime beaucoup la poésie qui s'en dégage (les musiques qu'il entend par exemple) - on retrouve aussi une poésie dans Des Souris et des Hommes, mais je la trouve très différente. Les deux sont très mélancoliques. Par contre, dans Des Souris et des Hommes, on n'est pas vraiment dans une image très glorieuse de la femme : la seule représentante de la gente féminine est assez semblable à la Cathy d'A l'est d'Eden, (en moins "pire" quand même) une femme dangereuse par sa beauté et son pouvoir de séduction. Steinbeck n'était pas quelqu'un d'éminemment féministe
En même temps, Vie secrète de Quignard est vraiment particulier, c'est plutôt une liste de pensées couchées sur le papier et pour le coup, il n'y a vraiment pas de fil conducteur donc, ça sera peut-être mieux que Tous les matins du monde !
Merci pour ton avis sur Steinbeck, ça donne encore plus envie ! J'avais effectivement lu que ses bouquins sont des manifestes particulièrement pertinents de la Grande dépression qui a sévit aux Etats-Unis. C'est une période qui me passionne, en plus (tant au niveau documentaire que dans l'art pictural ou photographique, je trouve ça finalement beau que la misère la plus noire ait inspiré tant de créativité).
Là, je me suis lancé dans les Frères Karamazov, donc près d'un millier de pages m'attendent ! Mais j'aime tellement Dosto que je dévore ses bouquins et le prochain, c'est Steinbeck, juré (je le sens, je le sens qu'il va changé ma vie
) !Et Big Up pour ta signature, Wuthering Heights !
) J'avais aussi l'intention d'essayer de lire La Leçon de Musique, qui est plus ou moins lié à Tous les Matins du Monde puisqu'ils ont tous deux la musique comme sujet, mais qu'il avait l'air d'être plus dans une réflexion justement. 
