Dévoré Le complot Médicis de Susanna Fortès. Très bonne surprise, à la limite du coup de coeur (il le rate de peu, juste parce que je sens que je ne gagnerais rien à le relire un jour). Quand une thésarde en histoire de l'art revêt l'imper de détective et se retrouve à faire dangereusement cohabiter la Florence actuelle et celle du XVe siècle. Hantée par La Madonna di Nievole, un portrait de la Vierge qui renfermerait un terrible secret, Ana retrace le parcours de son auteur, un peintre oublié qui fut témoin direct de la fameuse Conjuration des Pazzi, tentative manquée d'assassinat sur les Médicis qui aboutit à un massacre sans nom en pleine cathédrale florentine. Ca, c'est ce que j'appelle "faire revivre le passé"! J'ai trouvé ce roman historique intriguant et captivant, il transporte. L'écriture est fantastique, par son style et le détail soigné des descriptions, fruit d'un minutieux travail de recherche. Comme un clin d'oeil à l'objet central de l'intrigue, l'autrice joue sur les palettes de couleurs pour rendre chaque nuance des environnements dans lesquels évoluent ses personnages contemporains et ceux de la Renaissance italienne. Un livre à mettre entre les mains des démotivés du Nom de la Rose et son érudition poussée à l'extrême et ceux allergiques au Da Vinci Code et sa sauce à l'américaine.
Unique bémol (sinon c'est pas drôle): l'héroïne qui tombe sous le charme de son directeur de thèse ayant le double de son âge. Entendons-nous bien: ayant moi-même vécu 5 ans avec mon ancien prof de fac de 25 ans mon aîné qui est désormais l'un de mes meilleurs amis et un pilier dans ma vie, je ne crierai ni au cliché, ni à la manipulation de l'homme mûr sur la naïve jeunette, d'autant que l'autrice présente le fait assez subtilement en évitant l'écueil de la post-ado qui fantasme sur son prof-qui-est-trop-bôôô. Par contre je m'interroge sur l'intérêt d'avoir brodé autour de ça: l'héroïne a déjà pas mal d'épaisseur, c'était pas vraiment la peine de lui coller cette histoire (ou alors il aurait fallu qu'elle découvre que le gars trempait dans la conspiration, pour en faire un cas de conscience, je sais pas) et surtout (et là, facepalm) on apprend qu'elle a du mal à encaisser le décès de son père et (cerise sur le gâteau à la cerise!) que le prof a perdu sa fille. Je dis niet: ça vire trop sugar daddy père/fille de substitution. Mais à part ce détail je vous conseille vraiment ce livre!