Bilan du weekend:
J'avais envie d'une non-fiction et d'un thème sur lequel je ne lis pas des masses, pour changer: sur le conseil d'un ami j'ai donc lu T-REX Superstar de Jean Le Loeuff et je ne suis pas déçue. C'est un livre entre-deux: pas vraiment de la vulgarisation scientifique parce que le monsieur se monte assez pointilleux (sans creuser comme dans une publi scientifique néanmoins), mais tout est expliqué sur un ton très léger avec beaucoup d'humour. Du coup, la longueur de l'humérus, le haut-crétacé et la grande famille des tyrannosauroïdes avec ses sous-espèces passent très bien. Autre point que j'ai apprécié: Jean Leloeuff est paléontologue, mais il déborde sa spécialité pour faire un tour d'horizon ultra exhaustif de T-Rex: en sciences (anatomie, comportement, etc...normal, on s'y attendait) mais aussi dans les lettres, les arts, la linguistique, l'économie et même la psychiatrie (parce que la bête a eu beau vivre il y a des millions d'années, elle a encore des répercussions de nos jours). Mon envie de non-fiction a été amplement satisfaite!
Je crois que c'est quelqu'un.e d'ici qui avait parlé du Service des manuscrits d'Antoine Laurain. Si on le lit en espérant une intrigue bien ficelée, on sera déçu: des meurtres sont commis en suivant le modus operandis décrit dans un livre dont l'auteur reste introuvable (un mystère qui casse pas 3 pattes à un canard et vaut bien d'autres mystères de la littérature). Là où le livre tire son épingle du jeu c'est que l'auteur a eu la bonne idée de faire passer son intrigue au second plan et d'ériger le service des manuscrits d'une grande maison d'édition en véritable héros de l'histoire. On y découvre les petites mains de l'édition (les lecteurs professionnels) et ses loups aux dents longues. Travaillant dans le milieu ce n'était pas vraiment une découverte, mais j'ai aimé la manière dont l'auteur présente ce service (avec une touche de romanesque évidemment). Plutôt qu'un mystère à résoudre, il vaut mieux l'envisager comme un "livre qui parle de livres, avec une pointe de suspense", histoire d'éviter la déception.
Konbini de Murata Sayaka. Idée lecture volée à une booktubeuse qui avait résumé en "une fille qui se trouve bien là où elle est, qui n'a pas envie de se marier, se prend toute l'incrédulité/jugement du monde à cause de ça". Bref, je m'attendais à un contenu plutôt féministe, avec une nana forte qui n'a besoin de personne et qui s'assume. Je crois que je n'ai pas lu le même livre que la booktubeuse. L'histoire est celle de Keiko qui, dès l'enfance, ne sait pas décrypter les codes de vie en société. Une gentille paumée qui arrive à se faire embaucher à mi-temps dans un konbini (une supérette nippone), le genre de boulot transitoire avant un "vrai" métier. Sauf que Keiko n'a aucune ambition professionnelle, elle se sent bien dans son konbini où toutes les règles lui sont dictées, où tous les employés s'uniformisent pour former un tout, et n'envisage pas une seconde de trouver un mari qui l'entretienne. Et ça dérange. Ca, c'est un peu le prologue, l'histoire débute vraiment 18 ans plus tard, quand Keiko, toujours dans son konbini, arrive à sa date de péremption amoureuse (36 ans) et subit de plus en plus la pression de son entourage. Jusqu'à ce qu'arrive un mec parasite tendance "je me victimise" qui s'impose plus ou moins de force chez elle. Là commence le jeu de bascule: plus Keiko à présent étiquetée "casée" voit sa vie empirer, plus son entourage se réjouit pour elle.
Ca reste un (court) roman féministe car il montre bien les pressions subies par les femmes (et les hommes) dans la société japonaise, mais j'ai trouvé ça un peu facile, ce tiède "elle veut pas rentrer dans le moule mais c'est pas sa faute, elle a un souci mental depuis la naissance, vous comprenez?". Pourtant c'est bien écrit, l'histoire pour ce qu'elle est est originale, mais j'avais projeté trop d'attentes dessus je crois.
J'ai entamé Black Bazar d'Alain Mabanckou. Tombée dessus dans ma quête de roman congolais. Bon alors là on est à des milliers de kilomètres du féminisme. De ce que j'ai lu pour l'instant, il s'agit d'une autobiographie qui relate son arrivée en France. Le racisme ordinaire mais aussi le microcosme "black" de Paris avec ses règles, saupoudré de souvenirs du Congo. Ca, c'est ce qui m'intéresse. Mais comme l'auteur est honnête (c'est tout à son honneur), il parle des femmes comme il a l'habitude d'en parler (et sûrement un peu comme la culture de son pays lui a appris à en parler, ce qui reste un intéressant miroir)... C'est loin d'être raffiné (ses amis l'appelle Le Fessologue parce qu'il devine le caractère des femmes selon la forme de leur cul... Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres). Je vais poursuivre mais je ne suis pas sure d'aller au bout.