Bleuenn;1843536 a dit :Savoir que la plupart des gens que je croise tous les jours, dans le métro, dans la rue, en vacances, au ciné, n'importe où, je ne les reverrai sûrement jamais de ma vie. Je sais pas, on "partage" des trucs avec des inconnus, un petit moment de vie, et après ils vont vivre leur vie et moi la mienne et c'est tout. Parfois je me dis que je loupe certaines rencontres, que certaines personnes que je croise pourraient devenir des potes, des amies, des intérêt amoureux, que je passe à côté d'un truc.
C'est une chose à laquelle je pense souvent. D'ailleurs j'aime la phrase de Wilde qui dit "Ces visages qu'il suffit de voir une fois pour les oublier à jamais".
C'est peut être liée, mais je suis souvent fascinée à l'idée d'être un nom dans l'histoire, au milieu de tant d'autre. Je suis un nom de passage,qui disparaitra. Aussi dur que cela soit pour nos égos, nous allons partir, notre souvenir va subsister une génération ou deux et nous finirons pas ne plus "exister". On nous oubliera. Et je trouve que cette condamnation à l'oubli à quelque chose de fondamentalement triste.
J'ai aussi parfois un sentiment très fort envers mes contemporains quand je réalise que -sans prendre de grand risque- dans 150 ans, aucun des hommes parcourant aujourd'hui la terre avec moi n'existera encore. Ces inconnus, sont en fait bien plus proches de moi que je ne veux l'imaginer, car nous patagons quelque chose, nos moments de vie, nous sommes précieux les uns envers les autres parce que nous "représentons" quelque chose alors que bien plus tard, nous ne serons plus que des souvenirs, sans consistance (je m'exprime affreusement mal, j'en ai conscience) J'ai souvent ce sentiment quand je regarde une photo ancienne en me disant "Ou est ce que vous êtes aujourd'hui, vous tous". Ça m'attriste énormément en fait.
Je suis également fasciné par la confrontation de l'histoire avec l'Histoire. Est ce que les hommes qui peuplent nos livres, notre conscience collective avaient conscience de marquer l'histoire en faisant ce qu'ils faisaient? Qu'elles étaient leurs pensées, leurs états d'esprit? Étaient ils concentrés sur le moment présent? Concentrés sur l'immédiat ou existait il déjà la conscience de quelque chose de plus grand, de supérieur?
L'uchronie me passionne également, ou plutôt la réécriture de l'histoire telle qu'elle aurait pu être. Tout est si tenu, tout se joue à si peu de chose, je suis fascinée par le "point de divergence", le moment de la séparation entre l'histoire et ce qui aurait pu être. Et si l'archiduc François-Ferdinand n'avait pas...Et si JFK n'avait pas.... L'idée même que l'histoire du monde, son destin peut se jouer sur des hasards, des circonstances aléatoires est tout bonnement fascinant.
Enfin, je ne sais pas si c'est une fascination réellement, mais le thème de l'exil est quelque chose qui me touche énormément. L'arrachement à la terre, aux racines, au passé est une chose qui m'émeut. Devoir partir, sans savoir si on pourra un jour revenir, cette fuite en avant, je trouve que c'est quelque chose de véritablement déchirant.