J'avais posté ici il y a quelques mois, je viens faire le point sur ce qu'il en est actuellement.
Je ne suis pas heureuse depuis longtemps. J'ai décidé que ça allait cesser. Certes il y a une part contre laquelle je ne peux rien, un certain facteur malchance et je ne suis pas responsable de ce que mon entourage peut me faire subir.
J'ai donc entrepris il y a un an de me défaire de toutes les personnes toxiques qui m'entouraient. Ca a été un grand pas pour moi de m'y résoudre, je ne pensais même pas avoir le droit de faire ça, je croyais qu'on devait accepter les gens, que quand ils sont proches on doit les garder coûte que coûte, que je suis toujours responsable de ce qu'on me fait vivre.
Et c'est faux. Il y a des personnes proches qui font mal, qui ont toujours fait mal et qui le feront toujours. Je ne vis pas pour elles, même si ce sont ces personnes qui m'ont donné la vie. Ma liberté et mon indépendance sont tout simplement légitimes de part le fait que j'existe et je n'ai pas à me justifier d'être ce que je suis.
Il m'a fallu longtemps pour assimiler cela. Résultat je n'ai plus de contact avec ma mère. Cet hiver j'ai pris mon courage à deux mains, je suis allée voir mon père et je lui ai tout dit : tous les coups durs qui me sont arrivés, toutes mes questions, tout ce que je pensais de lui, tout le mal qu'il m'a fait. Puis je lui ai dit simplement que je suis arrivée à un point de non-retour : je ne peux plus me permettre de penser aux autres avant moi, je ne peux plus me plier à des règles qui ne sont pas les miennes parce que je souffre, j'étouffe, je me suis perdue et il faut que je me retrouve, que je me connaisse. La seule chose qu'il peut faire en tant que père, s'il veut respecter son rôle, est de me laisser faire, d'être patient. Je l'ai prévenu qu'au moindre coup bas je partirai, j'ai trop de plaies à panser, trop de choses à comprendre et trop d'aspects de ma vie à mettre en place pour me permettre de perdre du temps avec des broutilles secondaires.
J'ai passé le gros de l'année à retourner mon identité dans tous les sens. Essayer de comprendre qui je suis, démêler le merdier de mon passé et de ma famille pour savoir d'où je viens. Comprendre quelles sont les voies que j'ai empruntées, ce qu'il en reste. Je n'ai pas encore fini. Ca m'a pris un an. De plus j'ai dû assimiler un grand bouleversement : ma grossesse accidentelle. Ca a changé mes priorités, mon rapport à mon corps, à mes organes, à mon copain, à la vie. J'ai passé des mois à gérer l'après fausse couche et le sentiment que ça m'a laissé. Non je ne voulais pas d'enfant et je comptais avoir recours à l'IVG mais le fait est que je n'ai pas pu agir. C'est comme si on m'avait retiré le seul pouvoir, le seul contrôle qu'il me restait quand mon corps faisait quelque chose que je refusais de tout mon être, quelque chose de plus fort que moi, quelque chose qui m'a appris énormément de chose. Quelque chose de très douloureux et de bouleversant. Mais quelque chose dont j'ai tiré des leçons et qui ne reste pas totalement négatif. J'ai appris à lâcher prise, ok je n'ai pas pu interrompre moi-même cette grossesse. C'est tout.
J'ai fait le tri dans mes amis. Je ne perds plus de temps avec des relations futiles. Récemment il m'en est arrivé une belle avec le groupe de potes qui représentait l'essentiel de ma vie social dans ma ville d'études. J'ai compris que je ne voulais rien avoir à faire avec ces gens là, que je préfère laisser de la place pour du nouveau, pour des choses importantes.
J'ai aussi pris une très grosse décision il y a peu. Je soigne ma dépression, je m'en remets aux médecins. J'ai commencé à voir une psy. C'est très très éprouvant pour moi de parler de tout ce qu'il m'est arrivé, de tout ce que j'ai ressenti. Lancer ces phrases dans une pièce du haut de la chaise sur laquelle je suis assise, dans le vide, avec seulement une paire d'oreille qui ne me rend rien en échange sinon une question au moment qui me surprend le plus.
Ca m'a déjà fait changer. J'ai pleuré pour des choses qui ne m'avaient jamais fait pleurer. En parlant j'ai compris ce qui me touchait toujours et ce qui ne me touchait plus, j'ai appris à ne pas attendre de réponse et de soutien automatiquement. Elle m'a surtout fait comprendre que j'avais le droit et que je me devais d'exiger d'être traitée comme j'en ai besoin. Du coup j'ai eu une grosse colère suivie d'une grosse discussion avec mon copain sur les choses qu'il doit faire pour moi.
Je vis une période de transition. En y réfléchissant mon malaise de ces deux dernières années vient de cette transition que j'effectue, mais j'en ai été malheureuse jusque là parce que j'étais aliénée ou que j'avais trop peur. Maintenant j'en suis venue au point où je me bats pour que ça change.
J'ai adopté mes valeurs, ma ligne de conduite et j'en suis fière.
Je déménage. Je quitte mon petit studio vétuste et insalubre mais qui est mon premier chez-moi pour un nouvel appartement. C'est étrange car j'ai un pincement au coeur en pensant à ma mère, j'ai l'impression de m'éloigner encore plus d'elle : j'ai l'impression de couper la dernière chose qu'elle ait faite pour me protéger, qu'elle m'ait offerte.
Je prends un engagement tout inédit pour moi avec l'homme que j'aime : je signe un bail avec lui.
Il me reste encore des choses à régler. Je suis toujours en remise en question par rapport à mes études, il faut que je travaille sur le rapport que je veux avoir au monde du travail, sur le lâcher-prise pour accepter de me lancer un peu dans le vide.
Il faut que je sorte de la précarité. C'est le plus urgent et dès que j'aurai fini de déménager ça sera ma priorité.