Je reprends le contrôle de ma vie.
Tout ce temps, je désirais avoir une vie indépendante, cool, à moi, pleine de trucs chouettes, mais pour la mettre, en quelque sorte sous les yeux du Ménestrel. J'avais cette dépendance à son regard qui faisait qu'il me le fallait pour "unifier" ma vie, lui apporter une harmonie. Depuis quelques temps, je me surprend à imaginer ma vie selon un chemin tracé par moi et pour moi. En parlant avec une de mes nouvelles super copines

je me suis rendue compte qu'avant je visualisais ma vie comme un itinéraire, un chemin, que je faisais seule. En ayant croisé la route du Ménestrel, c'est comme si j'avais quitté des yeux ce chemin, me laissant hypnotiser et suivant le sien avec lui. Et maintenant qu'il est loin, ailleurs, c'est comme si depuis un an je n'existais plus, j'avais disparu, je ne retrouvais plus mes traces. Je me concentrais sur sa vie,ses désirs, ses ambitions, les confondant avec les miens, ce qui forcément me rendait malade, puisque je n'y ai plus de place, que son amour pour quelqu'un d'autre me fait mal. Pardon pour la métaphore vaseuse mais c'est vraiment ce que je ressens, cette idée de chemin.
Et, ce faisant, je ne vis plus dans la nostalgie perpétuelle. Par exemple, en quittant la maison de mes parents le dimanche pour rentrer dans ma ville d'étude, je ne me dis plus "Aaah, avant j'allais retrouver le Ménestrel et Telle et Telle Amie, on était heureux

et c'est fini

" ce qui forcément me faisait mal, puisque c'est fini pour toujours, ce temps-là, on ne peut pas le retrouver, il est forcément modifié. A présent je suis juste contente de retrouver mes potes de ma nouvelle ville
Parlons toujours d'amour : j'ai avoué à cette nouvelle super amie mon amour pour le Ménestrel, et ça m'a fait un bien fou, car elle me ressemble vraiment sur ces points d'amour impossibles et parfois ridicules. J'en avais parlé déjà à une de mes plus chères amies, mais avec cette nouvelle amie c'est tellement sans jugement aucun, je me sens juste comprise. Je l'ai appelé à minuit l'autre jour car une publi fb du Ménestrel et de sa copine m'avait enfoncé un pieu dans le cœur, et elle m'a réconforté d'une manière bein ... nouvelle (je me dis toujours que ça ne sert à rien d'en parler aux gens ; ils ne peuvent rien me dire de plus, et bien si, ça m'a beaucoup aidé). Et en parler, ne pas garder tout pour moi, m'aide à guérir je pense.

Prochaine étape, tout dire au concerné ? Je ne sais pas. J'ai peur.
Je suis fière de moi quand même. Tout ce temps, je me comparais au Ménestrel, me disant qu'il ferait tellement mieux que moi, qu'il est plus sociable, etc. Et pourtant, je me suis fait plein de potes ici dans ma ville d'études, on m'invite, je fais des soirées, des projets artistiques, je me suis fait de réels amis. Oui, je suis capable de tout ça sans lui

C'est fou, ça m'arrive vraiment à la toute fin de l'année, mais je pense que quand je le retrouverai, je serai une personne par moi-même, pas une fille qui vit des rêves qu'il m'injecte.
Je fais une liste des choses que j'aimerai et peut réaliser, par moi-même. Parmi eux, un tatouage et un changement physique, un voyage seule à l'étranger ou une année à l'étranger. Le tatouage, j'ai peur. Je ne me fait pas confiance, j'ai peur de faire une connerie. Mais j'aimerai être le type de personne assez "aboutie" pour pouvoir choisir et faire un tatouage. Le piercing recueille les mêmes peurs. J'ai l'impression de ne jamais avancer, jamais faire ce que je veux faire par crainte et impression que je ne suis pas assez mature. Même des changements insignifiants me font peur : la preuve, j'étais déboussolée après un henné et m'être fait percer les oreilles

Mais en même temps, je sens que ça m'aiderait beaucoup pour la confiance en moi ; m'aiderait à avoir l'impression d'être "quelqu'un d'autre" et cesser de m'enfermer dans une image préconçue de moi "ah nan mais moi je suis comme ça je ne pourrais jamais faire autrement, jamais faire çi ou ça".